Un débat, non ouvert il est vrai, se tient actuellement avec comme sujet majeur la question du nucléaire iranien. D'aucuns se demandent même s'il existe réellement, tant la maîtrise de la technologie qui y mène n'est pas aisée. Et là, même les affirmations des dirigeants iraniens sont prises avec beaucoup de précautions. Autant dire que la fièvre des mois derniers est retombée, sans que l'on sache dans cette affaire qui dit vrai, et cette question est d'autant plus pertinente que l'Iran est appelé à terme à intégrer une politique au moins régionale dont le leader serait l'Amérique, présentée jusqu'à très récemment comme le grand ennemi des Iraniens. Un contentieux vieux de trente ans oppose les deux pays. Et les échanges d'accusations étaient à ce point graves que l'on appréhendait un risque sérieux de dégradation. Depuis peu les choses ont tendance à changer et cela tient à la nouvelle stratégie du président américain Barack Obama, qui a tendu la perche aux Iraniens, tandis que son entourage accompagnait cette politique en relativisant la menace nucléaire iranienne. Des personnalités influentes ont même douté de la capacité des Iraniens à se doter de l'arme nucléaire. Réponse presque immédiate des Iraniens : les grandes puissances qui ont proposé des négociations à l'Iran doivent accepter la République islamique comme puissance nucléaire civile, ont-ils déclaré hier. « Désormais, le groupe des 5+1 n'a aucune raison de refuser et de nier la technologie nucléaire de l'Iran et, par conséquent, les futures négociations devront être basées sur les droits contenus dans le Traité de non-prolifération (TNP) », a dit le président du Parlement iranien, Ali Larijani. La semaine dernière, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU : Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie et Chine, plus l'Allemagne ont invité l'Iran à des négociations directes sur son programme nucléaire controversé. Les puissances occidentales soupçonnent l'Iran de chercher à fabriquer l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, ce que Téhéran a toujours démenti. M. Larijani a également rejeté un contrôle plus sévère du programme nucléaire iranien par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). « Des régimes de surveillance plus sévères évoqués par certains au sein du groupe 5+1 n'ont aucune base juridique et légale », a dit M. Larijani. Le vice-président de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Mohammad Saïdi, a également affirmé que « le monde devait accepter l'Iran avec un pouvoir nucléaire à des fins civiles ». En ce qui concerne cette fois les potentialités iraniennes, les Etats-Unis ont accueilli jeudi avec « scepticisme » les nouveaux progrès annoncés par le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, sur cette question. « Il est certain que l'on peut considérer cela avec scepticisme », a déclaré un porte-parole du département d'Etat, Robert Wood, interrogé sur la déclaration de la République islamique disant qu'elle dispose désormais de 7000 centrifugeuses pour enrichir l'uranium. Interrogée à ce sujet, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a implicitement confirmé le scepticisme des Etats-Unis. « Nous ne savons que croire au sujet du programme nucléaire iranien », a remarqué la chef de la diplomatie américaine en présence de son collègue à la Défense, Robert Gates. « Nous avons entendu beaucoup de chiffres et d'affirmations depuis un certain nombre d'années. » « L'une des raisons pour lesquelles nous participons aux discussions des Six, a-t-elle ajouté, est de s'assurer que l'AIEA est une source crédible d'information, car (...) il y a une grosse différence entre ce que l'AIEA a observé il y a six ou sept semaines et ce que l'Iran affirme aujourd'hui. » L'Iran n'aura donc plus besoin de convaincre la communauté internationale du caractère « exclusivement pacifique » de son programme nucléaire, comme le lui demandait le chef de la diplomatie russe. « Il n'existe aucune preuve de l'existence d'une dimension militaire de ce programme. Mais beaucoup de pays et l'AIEA ont des questions à propos desquelles l'Iran doit apporter des éclaircissements », a-t-il ajouté. C'est de cette manière que semble se préparer cette fameuse offre des Occidentaux à l'Iran. Ce serait donc la fin d'une période et le début d'une autre, en dépit des pressions, notamment israéliennes, pour bloquer cette initiative. Et celle-ci ne paraît être que le préalable à d'autres initiatives. De nouvelles grandes manœuvres.
