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Scrutin du 17 mai : vers une abstention record ?
Publié dans El Watan le 14 - 05 - 2007

Plus d'une douzaine de consultations électorales, depuis moins d'une décennie, ne sont pas parvenues à imposer la dimension du politique au sein de la société. Ces élections semblent même parfois susciter un désintérêt croissant. Observées de plus près, les élections législatives du 17 mai 2007 font apparaître une série de caractéristiques qui méritent de retenir l'attention, ces législatives se font l'écho de tendances déjà visibles auparavant. On peut globalement considérer que l'électorat se répartira de façon inéquitablement entre trois grandes catégories :
– La première catégorie, constituée principalement de personnes âgées, celles qui ont toujours voté, pour elles il s'agit là beaucoup plus d'une peur des représailles de l'administration qu'un acte ou d'un choix délibéré, votant généralement pour le parti au pouvoir.
– Les militants, leurs proches et les sympathisants constituent la seconde catégorie, votant pour les candidats du parti auquel ils appartiennent.
– Enfin la troisième catégorie, constituée par les abstentionnistes, de loin la plus grande catégorie, dédaigneux vis-à-vis de toute manifestation du politique, et dont le volume ne cesse de croître.
Comme les précédentes, cette élection sera marquée fortement par cette troisième catégorie, on le sait déjà, par un mécontentement, et s'exprimera clairement le jour du scrutin (par un fort taux d'abstentions, de votes nuls, et de votes protestataires. Ces législatives, qui font suite à la présidentielle d'avril 2004, se dérouleront dans un contexte de crise de la représentativité politique. Cette crise, dont les élections révèlent les unes après les autres son accentuation, se manifestera certainement par un taux record d'abstention (après celui enregistré lors des législatives de mai 2002 plus de 53% !).
Le 17 mai (d'après deux sondages non publiés), plus de la moitié des Algériens se considéreront non concernés par le scrutin et bouderont les urnes. Toujours selon ces deux sondages, leur nombre serait supérieur au double du nombre des voix recueillies par le parti qui arrive en tête du scrutin. Autrement dit, c'est l'abstention qui sera numériquement majoritaire aux législatives. Ce n'est pas simplement un véritable camouflet infligé aux prétendants à la députation, mais aussi à la classe politique dans son ensemble. C'est surtout la marque du rejet massif de la logique politicienne ; cette abstention serait, pour une large part, volontaire. Ce désintérêt affiché et cette abstention affirmée sont les symptômes d'un malaise de la société plus large et plus profond. Ce malaise, vis-à-vis de la représentation politique, s'exprime également au travers de la crise des médiations politiques et sociales. Syndicats, partis, catégories et hommes politiques traditionnels ne font plus recette. Cette crise de confiance, vis-à-vis des corps intermédiaires entre l'Etat et les individus, est le témoin du fossé grandissant qui s'est établi entre les représentés et les représentants. Largement coupée de ses liens avec la société, la représentation politique (tout comme la représentation sociale) peut donner l'impression de tourner de plus en plus à vide sur elle-même. Depuis plusieurs années, une part grandissante de l'électorat est devenue allergique à l'ensemble de la classe politique qui n'a cessé d'apparaître, chaque jour, plus éloignée des préoccupations des citoyens. Ceux-là ont eu le sentiment de voir se succéder des équipes gouvernementales qui, fondamentalement, mettaient en œuvre la même politique. Ce refus de s'impliquer politiquement, car le non-choix est un choix, confirme, encore une fois, qu'ils ne voient pas de différence entre Moussa El Hadj et El Hadj Moussa et ce, depuis longtemps.
Un fort taux d'abstention de plus de la moitié de la société algérienne constituera forcément une défaite pour l'ensemble de la classe politique et ce, quel que soit le nom du parti qui sortira vainqueur.
La crise de la représentation politique est avant tout le sous-produit de la perte de sens de la politique, autrement dit de sa capacité à agir sur l'amélioration du futur de chacun, et, notamment, celui des générations ultérieures. Peut-on être intéressé par la chose politique lorsque l'on possède une licence, étant chômeur depuis plusieurs années, vivant reclus chez ses parents, désœuvré, dépressif et suicidaire, obsédé par son inutilité dans la société et le vide de son existence ? Combien y a-t-il de personnes qui souffrent seules en silence de cette fracture sociale, et en supportent seules la violence.
Pour réagir contre l'effet de l'abstentionnisme, il est indispensable de s'interroger sur ses causes. Et nous en voyons principalement deux. Le discrédit des actions économiques et politiques des gouvernements successifs et la surenchère démagogique autour du jeu politique. La pré-campagne, la campagne, les grandes tendances, et tout ce qu'il y a eu autour, les résultats qui seront proclamés, la Cour constitutionnelle, les contestations, les déclarations tous azimuts, les chantages et ultimatums, les désistements, les appels au boycott, à la participation, le report du scrutin, … ce sont là autant de situations qui ont fini par mettre les nerfs à rude épreuve.
Un rejet massif
Aujourd'hui, on peut même avoir un travail et être pauvre, on est face à l'explosion de la précarité. Que doit-on contester : la politique de l'économie de marché, ou simplement la forme libérale de sa régulation ? Mais pourrons-nous nous contenter de dénoncer l'un sans toucher à l'autre ?
On ne cherche pas une égalité entre les riches et les pauvres, mais on doit diminuer l'écart entre les deux par des programmes différenciés, adaptés aux besoins et aux souhaits, et par des redistributions partielles.
Une politique économique, qui n'encourage pas l'élargissement du marché du travail, donc les embauches, ne distribue pas de titres de propriété en masse pour attacher le simple citoyen à la propriété, n'incite pas la production locale, laisse l'agriculteur au stade d'une économie autarcique, ne pousse pas les jeunes vers les métiers pratiques, le travail et l'intégration professionnelle. Enfin, pour pallier tristement ces lacunes et atténuer, autant que faire se peut, la pauvreté, un Etat qui distribue des moyens financiers dérisoires propose une politique de protection sociale dépassée et nullement efficace. Le nombre important de citoyens qui vont s'abstenir, voter nul ou blanc confirmeront une nouvelle fois un rejet massif des institutions dites «représentatives», des politiques menées depuis plusieurs années par tous les gouvernements, des politiques menées au profit des plus puissants, au profit des classes possédantes et dirigeantes.
Se féliciter dans ces conditions de la rapidité du rattrapage réussi en son temps par le gouvernement (des grands équilibres macro-économiques ), revient un peu à féliciter un danseur d'avoir réussi son spectacle au profit d'une assistance composée uniquement d'aveugles.
Ce que l'on peut retenir du scrutin du 17 mai, est qu'il sera en mal d'enthousiasme populaire, non à cause d'un appel au boycott, mais aussi parce que l'opinion publique est fatiguée des salissures que les politiciens imposent à la société et à la démocratie. Car, quelle aberration que de croire qu'une démocratie puisse se résumer à mettre un bout de papier dans une boîte tous les 2-3 ans ! Une vraie démocratie, c'est une participation active, quotidienne, de tous aux décisions importantes qui nous concernent. C'est la participation de tous aux débats essentiels, pour que chacun puisse faire entendre sa voix.
Aujourd'hui, toutes ces décisions, tous ces débats ont lieu à huis clos dans les conseils d'administration et dans les cabinets ministériels. Alors, cette «démocratie-là», celle du pouvoir des actionnaires et des nantis, doit être combattue. Loin d'être un «non-acte» de démissionnaire, l'abstention consciente est un acte responsable de refus d'un système de domination où le droit de vote constitue l'acte public d'allégeance du plus grand nombre au pouvoir de quelques-uns. L'histoire récente a montré combien le rituel électoral, qui devait garantir la liberté et les moyens de vie pour chacun d'entre nous, n'a fait que renforcer le pouvoir d'une caste de possédants et l'exploitation de l'immense majorité des hommes. Comment sortir de cette impasse, dès lors que la classe politique se trouve à ce point discréditée ? Dès lors que la société elle-même se disloque, vit dans la crainte, n'a plus de repères ni a fortiori de desseins collectifs, que plus rien n'assure sa cohésion ni ne lui confère un sens ? Pouvons-nous nous contenter d'un parlement par défaut ?


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