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Pas d'Etat fort avec une société civile faible
Publié dans El Watan le 16 - 06 - 2007

La question de la société civile est à l'honneur dans le monde arabe depuis un peu plus d'une décennie. L'engouement rencontré par ce thème à partie liée avec le succès réalisé, au sortir des années 1980, par Solidarnosc en Pologne et la Charte 77 en Tchécoslovaquie. Le triomphe de ces mouvements a fait école et créé un mythe vertueux, celui d'une société civile capable de faire échoir l'Etat totalitaire. Portée par la troisième vague de démocratisation, la notion de société civile pouvait ainsi échouer sur les rivages sablonneux du monde arabe. Sa traduction par al mujtamâ al madani témoigne de son amarrage linguistique ; sa diffusion dans le champ politique arabe traduit son ancrage discursif : l'opération d'importation conceptuelle est désormais un succès. Portée par les «nouveaux mouvements sociaux», la société civile devient la clé du changement, l'antithèse de l'Etat. Après dix ans d'expérimentation, la formule a fini dans une impasse.
A l'origine de ce fourvoiement une méprise lourde de conséquences : il n'y a de société civile que contre l'Etat. En effet, la rhétorique dominante a conçu le rapport entre la société civile et l'Etat en termes de face-à-face violent et de confrontation terminale dans lesquels la première ne pouvait s'élever que sur les décombres fumants du second. Cette conception a été d'autant plus répandue qu'elle s'inscrivait implicitement à l'arrière-plan doctrinal de la thérapie néolibérale de la «bonne gouvernance» prescrite par la Banque mondiale aux Etats africains corrompus à partir de 1989. Nous sommes ainsi passés de la critique de l'Etat autoritaire à «l'émasculation de l'Etat» — cause in principio du sous-développement aussi bien que de la corruption. Or si la première critique est heureuse, la seconde l'est nettement moins. De manipulations sémantiques en glissements de sens, la catégorie pratique s'est mise à dicter les termes du normatif sans égards pour la longue généalogie du concept. D'où la nécessité de revenir à la matrice qui a fécondé le concept : la théorie politique occidentale. Or, s'il y a bien un lien matriciel commun entre les différentes constructions du concept (Hobbes, Locke, Hegel), c'est là qu'il se situe : la société civile est le lieu du règlement des différends dans le cadre de l'Etat. Pour Hobbes, la société civile est le dépassement de l'état de nature par le contrat social. Or l'Etat, pour l'auteur du Léviathan, n'est autre chose que l'émanation politique de ce contrat noué par les individus pour sortir de la guerre de tous contre tous et entrer dans la civilité.
Cette non-distinction entre la société civile et l'Etat est aussi présente chez Locke, avec cette nuance près qu'il considère la société civile comme la condition de la préservation de la propriété. Hegel distingue quant à lui la société civile de l'Etat mais ne les conçoit pas séparément : la société civile est pour lui autonome par rapport à l'Etat mais en même temps dépendante de lui. La société civile serait dans cette perspective le contenu éthique de l'Etat.
Deux conclusions : la force de l'Etat, contrairement à ce que croient les gouvernants arabes, ne se nourrit pas de la faiblesse de la société civile mais de sa force ; la faiblesse de la société civile ne se nourrit pas, contrairement à ce que pensent certains de ses avocats, de la force de l'Etat mais bien plutôt de sa faiblesse. Les politologues comparatistes l'ont amplement démontré : il n'y a pas de société civile forte avec un Etat faible ; pas davantage, il n'y a d'Etat fort avec une société civile faible.
C'est là du reste une des leçons fortes de la crise algérienne : quand l'Etat est faible (en termes d'institutionnalisation, de contrôle et de régulation et non pas en termes de coercition), la société civile l'est tout autant et se révèle de ce fait bien impuissante face à la montée des groupes incivils. En revanche, lorsque la société civile est forte, comme dans les régimes démocratiques, elle parvient, au nom de la civilité, à marginaliser les groupes incivils et à renforcer la participation politique, ce qui tend, à son tour, à renforcer la légitimité de l'Etat.


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