Comment monter une pièce de théâtre ? Comment ça marche ? Quel schéma d'organisation faut-il adopter ? Toutes ces questions et bien d'autres ont été au cœur d'un riche débat organisé lundi au théâtre régional de Sidi Bel Abbès (TRSBA) sous le thème : « Management du projet théâtral ». « Les meilleures structures d'organisation et de management jaillissent de l'action. L'organisation artistique est la pierre angulaire de tout projet théâtral », considère, avec beaucoup de certitude, Mokhtar Othmani, ancien sociétaire de « Prolet Kult », habitué des festivals de théâtre. Pour lui, il ne suffit pas d'avoir de la volonté pour faire aboutir un projet de création théâtrale. « Il faut être outillé, avoir une vision artistique et une certaine capacité d'assimilation des textes et procédés dramaturgiques pour se lancer dans le bain », souligne-t-il. Othmani, qui a mis l'accent sur le respect des règles universelles en matière de dramaturgie, n'a pas omis de relever le manque de caractérisation des personnages appelés à composer des rôles souvent complexes. « La formation théâtrale a été longtemps délaissée ; elle doit accompagner tout projet de création », dit-il, ajoutant : « En matière de théâtre, malheureusement, il faut commencer par le commencement. C'est-à-dire se ressourcer d'abord dans le patrimoine universel avec une démarche réfléchie, loin de tout empirisme ». Pour Bouadjaj Ghanem, animateur de l'atelier la « Scène d'or » du théâtre universitaire, la réussite de tout projet théâtral dépend, en premier lieu, de la capacité artistique et du savoir-faire de ceux qui se projettent dans le 4e art. Il a rappelé, à ce propos, que la troupe qu'il dirige depuis sept ans a été créée par des universitaires qui, au départ, n'avaient aucune notion de l'art théâtral. La diversité des genres théâtraux à Sidi Bel Abbès (la tragédie, la comédie, le drame, l'absurde, halqa) a largement favorisé la « floraison de vocations généreuses et ô combien concluantes », ajoute-t-il. La disponibilité d'espaces de création « autonomes » est un autre aspect évoqué par Bouadjaj pour la mise sur rail du projet théâtral. la création théâtrale se doit d'être à la hauteur des attentes La « Scène d'or » dispose, depuis quelques mois, d'une salle de spectacle « prête à l'emploi », d'une capacité de 200 places, au niveau de la faculté des sciences de l'ingénieur. Il s'agit de l'un des rares espaces conçus par et pour les étudiants dans la région Ouest du pays, faut-il le préciser. Actuellement, l'atelier de formation aux arts dramatiques que dirige Fadhila Assous tend à favoriser la pratique théâtrale à l'intérieur de l'université Djilali-Liabes, et ce, en collaboration avec le département des arts dramatiques du Docteur Driss Gargoua. « Avec la disponibilité de l'espace et l'apport d'un public issu des différentes facultés, la création théâtrale se doit d'être à la hauteur des attentes de ce même public », fait remarquer Bouadjaj dont la troupe participera, en mai prochain, au prochain festival international du théâtre universitaire de Fès (Maroc). Intervenant dans le débat, le directeur du TRSBA, Assous Hacène, considère que l'apport des comédiens « professionnels » dans l'encadrement des projets de création est à même de garantir leur réussite. « Les troupes amateurs doivent revenir au répertoire universel avant de penser à adapter des auteurs contemporains », a-t-il affirmé. « La langue théâtrale, forcément universelle, a ses propres spécificités, mais dont la finalité est de susciter des émotions et créer du sens ». Clôturant le débat, le scénographe Zâaboubi est revenu sur la nécessité d'« harmoniser le travail théâtral » et de « favoriser les aspects esthétiques ».
