Le regard perdu, le visage tordu par l'amertume et l'ingratitude des « amnésiques », tels sont les traits de cette octogénaire rencontrée devant les ruines de son ex-domicile, qui s'est effondré il y a à peine une semaine. Cette scène désolante met à mal le paysage de la rue Mohamed Khemisti d'El Eulma. Les voisins de cette femme, Mme Bouanane (ou khalti Khamsa), qui est par ailleurs fille de martyr, ne peuvent que compatir à la douleur de la vieille dame. Cette dernière, qui réside dans ces lieux depuis plus de soixante ans, s'explique mal le silence des responsables de la cité. « Je ne demande pas des locataires de l'hôtel de ville un logement ou un lot de terrain, mais juste un coup de main pour remettre en état ma maison, tombée en ruine la semaine dernière ; j'ai frappé en vain à toutes les portes », dira-t-elle. Les gestionnaires, interpellés, vont-ils enfin réagir pour mettre un terne au supplice d'une vieille femme ?
