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Le développement : une dimension sociale
Publié dans El Watan le 27 - 08 - 2007

Ma contribution consiste à approcher le problème du développement à travers la définition de François Perroux, et aussi à travers nos observations. Tout d'abord nous pensons que l'auteur de l'article, que nous saluons au passage, n'a pas précisé si la veille scientifique est «une recette», sinon une condition dans un processus complexe vers le développement. Poser et répondre à cette question est fondamental, car cela nous permet d'approfondir notre pensée sur un problème qui nous laisse perplexe et triste, ne sachant plus ce qu'il faut faire, ni quoi penser. Inconsciemment ou consciemment, nous sommes à la recherche d'une «recette magique», bien que le problème du développement est tout autre. Alors, qu'est-ce que le développement ? Pour François Perroux, «le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à faire croître ‘‘cumulativement'' et durablement, un produit réel global». Une définition qui montre qu'aucun progrès économique n'est possible durablement sans des changements moraux et sociaux qui permettent enfin des améliorations quantitatives et qualitatives.
Nous rappelons le fameux modèle des industries industrialisantes adopté en Algérie et la conviction «naïve» qui l'enveloppait. «Nous» avions vraiment cru que le développement était possible par l'importation d'usines clés en main. Sinon, «nous» avions cru que l'Algérie pourrait devenir le Japon de l'Afrique par la mise en œuvre d'un modèle en sous-estimant ou en occultant la contrainte de l'analphabétisme, entre autres. Ou encore, «nous» avions cru fermement que l'Algérie pouvait devenir un pays industrialisé. Hélas ! Ainsi, nous ne pouvons constater que le développement ne peut se restreindre à la mise en œuvre d'un modèle économique. Le développement a une dimension complexe et ne peut être atteint que par des améliorations et des transformations sur le plan moral et social. Autrement dit, par des progrès qualitatifs de nature humaine. Nous retrouvons aussi dans la théorie de Rostow — dans la deuxième, la troisième et la quatrième étape —, qu'il avait insisté sur des changements et des améliorations économiques mais aussi et en parallèle, il avait également insisté sur des changements sociaux et politiques avant d'aboutir finalement à la cinquième étape qui est celle de l'ère consommation de masse. Evitons donc d'évoquer des progrès économiques et technologiques sans transiter par des améliorations morales, sociales, psychologiques, et politiques. Autrement dit, surdimension sociale. Voilà donc que le problème du développement devient plus complexe. Cela nous éloigne davantage d'une «recette magique» et d'une pensée unique sur la question du développement. Mais, en faisant abstraction de cette complexité, nous essayons tout de même d'aborder la question des transformations morales et sociales évoquées par Perroux dans sa définition. Il est clair que lorsque nous évoquons les dimensions morales et sociales, nous évoquons entre autres les échanges dans une société qui permettent à chacun de nous d'évoluer et de progresser. Mais les échanges ne sont pas tout le temps positifs : les guerres, les révoltes, les haines, l'injustice (…) sont aussi des formes d'échanges. Par contre, l'entraide, la solidarité, le respect, et même le sourire (…) sont entre autres des formes d'échanges positives. Il est tout à fait clair que lorsque les échanges négatifs sont dominants dans une société, il n'est pas possible d'espérer au développement, car les individus seront bloqués et inhibés et ne peuvent évoluer vers la formation d'une société harmonieuse et sereine pouvant mettre en œuvre le grand projet du développement dont le pays a besoin. Devrons-nous déduire que les individualités constituent en elles-mêmes un blocage pour former une société et que le problème réside dans l'immaturité des uns et des autres ? En face de l'incompréhension et du malaise, les Algériens se contentent ou sont contraints d'adopter une démarche individualiste qui ne permet point un épanouissement car le bien-être a une dimension sociale — que nous le voulions ou pas — et le confiner dans un espace réduit, et dans un «petit cerveau» encore plus réduit, c'est tout simplement le conduire à l'asphyxie, et ensuite à l'extinction. En effet, est-il possible d'évoluer dans un milieu social dominé par des échanges négatifs ? Aucune chance : le discours sur le développement ne sera qu'une illusion, sinon un grand mensonge. En effet, «notre petit bonheur» dépend du «petit bonheur» des autres et ne peut avoir de sens que si autour de nous, les échanges positifs sont dominants. Ainsi, au lieu de vivre dans l'harmonie, nous vivons dans la contradiction, l'isolement et peut-être ; la peur et l'hypocrisie. Cette «absence» de société peut expliquer le départ d'un nombre important d'Algériens vers d'autres pays ; nous voulons dire vers d'autres sociétés. Devrons-nous nous contenter d'une explication économique ? Pas du tout. En effet, il existe un grand nombre de partants qui avaient une situation confortable, sinon acceptable économiquement, mais qui ont fait le choix d'un départ avec tous les risques que cela peut engendrer. Ces Algériens, ne sont-ils pas à la recherche d'une autre société qu'ils n'ont pas trouvée, hélas, chez eux ? Une fois ailleurs, ils s'évitent les uns les autres, ne voulant pas rencontrer ceux qui étaient la cause des départs de chacun d'entre eux. Triste réalité !
Revenons maintenant à la définition de Perroux et à cette notion de transformation sociale. Nous voulons juste préciser ou montrer qu'il faut d'abord œuvrer pour former une société dans laquelle les échanges positifs sont dominants entre les individus qui la constituent. Le développement est donc une question de savoir-vivre les uns avec les autres et donc, il est tributaire des valeurs qui répandent la confiance et tissent des relations humaines, condition sine qua non pour effectuer des échanges positifs. Cependant, pour y parvenir, nous devons penser et débattre sérieusement nos problèmes. Autrement dit, le rôle de l'intellectuel dans le développement est primordial, pour ne pas dire incontournable. Celui-ci éclaire le chemin par ses analyses et surtout par sa sincérité et sa loyauté. Mais, si aujourd'hui nous ignorons l'intellectuel, c'est que nous refusons de penser nos problèmes en adoptant la politique de l'autruche, et en confirmant notre inconscience et notre ignorance collectives. Ainsi, l'aventure vers le développement est d'abord une prise de conscience et nécessite la sincérité mais aussi le courage. Voyez-vous bien que nous nous éloignons petit à petit de la «recette magique» pour s'approcher à grands pas des valeurs et des vertus. En face d'un grand problème qui pose la question de la dimension humaine dans le développement, nous nous contentons de nous blottir dans une grande coquille vide, évitant les tempêtes et les courants marins ; mais avec l'espoir qu'un jour nous serons nombreux à vouloir lever le défi du développement.


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