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Une nuit avec les secouristes de la protection civile
Publié dans El Watan le 13 - 12 - 2007

L'étroite ruelle qui abrite les différents bureaux de l'ONU s'est transformée en véritable fourmilière. Il est 22h30, les agents de la Protection civile s'affairent toujours à extraire les victimes encore ensevelies sous une dalle de béton. Le sauvetage de quatre rescapés, en fin de journée, suscite un grand espoir chez les familles des employés algériens de l'ONU, pris sous les décombres. Enveloppés dans des couvertures, les yeux enflés, sans nourriture depuis le début de la journée, hommes et femmes scrutent le moindre geste des agents de la Protection civile, regroupés autour d'un trou au milieu de la dalle. Depuis 20h, ils tentent de maintenir en vie le jeune Sofiane, enterré vivant. Ils lui parlent et il leur répond d'une voix éteinte. En treillis bleu, le médecin de la Protection civile, une femme, le gave d'oxygène. C'est la course contre la mort. Il ne faut surtout pas que les efforts déployés par toute une équipe soient vains. Le bruit assourdissant des moteurs des girafes (puissants projecteurs) rend la tâche difficile. Ancien colonel à la retraite, le père de Sofiane, la soixantaine passée, ne supporte plus de rester en retrait. Il franchit le périmètre de sécurité et se met au milieu des agents de la Protection civile. Les officiers comprennent son désarroi et lui font la faveur de rester parmi eux pour s'enquérir de la santé de son fils. Au milieu des secouristes, le ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbas, ainsi que le directeur général de la Protection civile, M.Lahbiri, n'ont pas quitté les lieux depuis le début de la soirée. Le sauvetage de Sofiane est devenu un défi contre la mort. Minuit passée, plusieurs familles sont parties, mais beaucoup d'autres sont là. Aïcha a son frère sous les décombres. Elle est certaine qu'il est toujours vivant comme Sofiane, dit-elle. Elle refuse de partir tant qu'elle ne voit pas son corps. Une autre sexagénaire attend les nouvelles de sa belle-fille, Hamoutène Samira, prise elle aussi sous l'amas de béton. Dans un geste de compassion, le ministre s'adresse à elle et lui demande du courage. 1h30. La partie supérieure du corps de Sofiane est dégagée, mais ses membres inférieurs sont toujours bloqués. La nouvelle fait vite le tour. La fiancée de Sofiane tient sa tête entre les mains. «Mon dieu pourvu qu'il s'en sorte vivant», lance-t-elle. La mère quant à elle ne prononce aucun mot. Les larmes ne cessent de couler de ses yeux rougis. Sofiane est le seul garçon de la famille. «C'est la prunelle de mes yeux», nous dit-elle d'une voix triste. Quelques secouristes se reposent et d'autres les relaient. 2h15. Un officier de la Protection civile, le visage recouvert de poussière, les mains gantées et la tête recouverte d'un casque s'affaisse contre le mur. Exténué, il n'arrive plus à se tenir debout. Quelques familles accourent vers lui, dans l'espoir de lui soutirer des nouvelles. «Où en êtes-vous ?», lui demande Mohamed, un homme d'une soixantaine d'années, qui attend de connaître le sort de son fils, un chauffeur. Surpris par cette interpellation, l'officier comprend vite l'inquiétude des uns et des autres. «Nous avons sorti une bonne partie de son corps, mais les pieds restent bloqués», dit-il. «Y a-t-il d'autres survivants ?», l'interrogeons-nous. «Nous avons une liste de 5 ou 6 personnes, deux femmes, deux chauffeurs et deux hommes, tous des employés algériens dont les familles sont sans nouvelles. Nous pensons qu'ils sont toujours sous les décombres, mais nous ne savons pas où», répond l'officier. Une civière pneumatique et une couverture sont préparées pour accueillir Sofiane. La tension monte. Les familles se dressent et s'avancent vers le lieu de recherche. L'attente semble trop longue. De 2h45 jusqu'à 3h25.
Fortement ému, Ould Abbas pleure et s'effondre
Le corps de Sofiane, enveloppé dans une couverture, est sorti des décombres. Un cri de soulagement collectif. Ecarquillement des yeux, sueurs sur le visage, perte de voix momentanée, quelques signes de nervosité des familles cherchant à voir le visage du rescapé. Le père exprime son optimisme, même si le médecin pense que l'état de santé de Sofiane reste critique. Ce dernier est évacué par les agents de la Protection civile. Pour tous les proches des personnes encore sous terre, l'espoir de les voir sauvés est permis. Très ému et impressionné par l'abnégation des secouristes et le courage de Sofiane, Djamel Ould Abbas pleure. Il n'arrive plus à se tenir debout au point où ce sont ses deux proches collaborateurs qui le soutiennent pour l'éloigner de la scène. Il se retire quelques minutes puis revient pour «saluer le professionnalisme des secouristes de la Protection civile». Accompagné du directeur général, M.Lahbiri, il appelle un à un les pompiers et leur exprime, les larmes aux yeux, ses «remerciements chaleureux». Un moment fort qui n'a laissé personne insensible. M.Lahbiri est lui aussi évacué et installé dans une voiture. 3h30. L'équipe cynophile de la Protection civile entre en scène. Le premier chien renifleur, accompagné de son maître, fait un tour sur la dalle en béton, puis un deuxième et un troisième, en vain. Deux autres chiens s'attardent un peu sur les alentours de l'endroit d'où Sofiane a été extrait. Les chiens quittent les lieux. Une armée de sapeurs-pompiers, pelles et pioches à la main, investit le terrain. «Il faut tenter de faire d'autres trous et introduire des appareils de sondage pour savoir s'il y a des personnes en bas. C'est une tâche difficile qui demande beaucoup de temps. Ce qui laisse peu d'espoir pour les victimes ensevelies», déclare un officier de la Protection civile. Les agents travaillent comme des fourmis, sous une puissante lumière qui les met en évidence. Ils tentent de pénétrer dans l'espace réduit entre les deux dalles qui se sont collées l'une à l'autre. Un geste dangereux, mais qui pourrait selon eux s'avérer salvateur pour les victimes ensevelies. 4h passées et les familles attendent toujours. Une seule question revient sur leurs lèvres. «Sont-ils encore vivants ?» Mais la réponse personne ne peut la donner. «Il faut attendre le travail des pompiers. Nous ne pouvons rien avancer pour l'instant», ne cesse de leur dire l'officier, visiblement gêné. Il y a la famille de Samira, de Kheladi et des trois autres, mais aussi leurs proches et voisins. Les habitants des immeubles touchés par l'explosion ont passé la nuit ailleurs, alors que ceux habitant les villas endommagées ont préféré y rester sans électricité et gaz, pour éviter que leurs biens ne soient davantage dégradés. Des voleurs ont été arrêtés en fin de journée, en train de cambrioler les lieux. Leur arrestation la main dans le sac a poussé les services de sécurité à imposer des restrictions autour du périmètre de l'attentat. Mais celles-ci sont levées en fin de soirée. Les habitants des quartiers limitrophes offrent du thé, du café, des sandwichs et même des couvertures aux familles des victimes. La douleur fait naître des relations d'amitié. Même les policiers qui se comportaient avec brutalité ont fini par se détendre pour apporter du réconfort aux plus atteints.
Désormais, familles des victimes, policiers, agents de la Protection civile, journalistes et habitants du quartier vont devoir vivre ensemble cette tragédie, jusqu'à la fin des opérations de recherche. Celle-ci sera annoncée dès que la grosse artillerie entre en œuvre pour soulever les dalles de béton.


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