Les comédiens de l'Institut des arts dramatiques de Bordj El Kiffan et Nabil ont interprété respectivement la pièce Soumoud et un monologue lors de cette ultime soirée. Cette 14e édition aura été marquée par le nouveau produit du Mouvement théâtral de Koléa (MTK) intitulé Le Silence de l'opprimé, présenté mardi dernier. L'amphithéâtre de l'Ecole nationale des impôts de Koléa s'est avéré trop exigu devant l'afflux de plusieurs centaines de familles, hommes, femmes et jeunes, venus assister à la production des jeunes du MTK. Le texte et la mise en scène de Youcef Taouint dans cette inédite pièce constituaient un véritable miroir de la société actuelle algérienne. Le texte relate tous les déboires des jeunes Algériens (diplômés et non diplômés) une société infestée par les maux, la corruption qui règne en maître dans les diverses administrations, même à l'intérieur de la prison. La drogue, la violence, l'amour, la misère, les larmes, le désarroi se sont tous confondus dans le texte. Devant cette cascade d'embûches qui empêchent les jeunes d'évoluer et de participer au développement dans leur pays, l'inévitable voie qui leur permet d'échapper à cet environnement excessivement pollué et hostile n'est autre que la traversée de la mer (el harga) avec de dérisoires moyens. Ils prennent tous les risques. Cette pièce, qui débute par une danse et la joie à la suite de l'obtention d'un diplôme de doctorat en arts dramatiques, s'achève par le naufrage et la mort de Khadem, le diplômé, et sa fiancée Soud Endjal. A l'aide d'une table et quelques accessoires, Youcef Taouint a réussi, une fois de plus, à concevoir tous les objets dont il avait besoin pour monter sa pièce. Kadhem al Ghaïth (le silence de l'opprimé) a été une pièce de théâtre d'une durée exacte de 70 minutes, qui s'est articulée sur une mosaïque de problèmes et qui relate les conditions sociales inhumaines de la majorité des jeunes Algériens qui étouffent sous le diktat des opportunistes et les nationalistes de façade, d'une part, et qui vivent malgré eux sous le joug d'une mentalité rétrograde et malsaine, d'autre part. Le public connaisseur du 4e art est tombé tout le long de la durée de la pièce sous le charme et a été totalement emporté par les rôles des 7 comédiens, tous étudiants à l'Université d'Alger. Ikhlef Mohamed Amine, Habbouche Youcef, Halimouche, Boudiab Hamoudi et les 2 comédiennes Bendrissi et Lachter ont magistralement interprété leurs rôles respectifs, agrémentés, faut-il le souligner, par une chorégraphie et une musique époustouflantes. La richesse des mots dans le texte n'a pas laissé le public indifférent. Dans la loge, à la fin du spectacle, la sueur enveloppait les visages des comédiens qui étaient heureux de la standing-ovation réservée à leur travail. « Nous vous exhortons Monsieur le journaliste, me déclarent-ils, à porter à la connaissance de vos lecteurs notre mécontentement et notre colère à l'égard des membres du jury du dernier Festival de présélection qui s'est déroulé à Sidi Bel Abbès. » « Sa décision ne fait pas honneur au théâtre algérien, car le véritable jury pour nous demeure le public. Vous pouvez le demander à notre public de Sidi Bel Abbès », concluent-ils.