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« Si nous venons à mourir, défendez notre mémoire »
L'ultime recommandation de Didouche Mourad
Publié dans La Nouvelle République le 02 - 07 - 2025

« Si nous venons à mourir, défendez notre mémoire ». C'est l'ultime recommandation adressée à ses compatriotes par Didouche Mourad, à la veille de son départ pour la région du Nord Constantinois où il allait trouver une mort héroïque à l'issue d'une bataille sanglante contre les forces coloniales, comme l'a rapporté Ahmed Akkache dans sa lettre-préface au livre de Mohamed Rebah ''Des chemins et des Hommes''.
Didouche Mourad, commandant de la zone 2 (Nord-Constantinois), de l'Armée de libération nationale (ALN), est tombé au champ d'honneur à Oued Boukerker le 18 janvier 1955, moins de trois mois après le déclenchement, le 1er novembre 1954, de la lutte armée contre l'occupant colonial français qui était appuyé par l'OTAN. Venant d'un des initiateurs et chefs de la lutte armée qui a abouti à l'indépendance nationale, cette recommandation doit être reçue comme un impératif à respecter par les moudjahidine, survivants de la Guerre de libération nationale, et par les générations suivantes. Dans ce sens, l'affaire du Cercle Taleb Abderrahmane constitue une épreuve de vérité.
En effet, c'est bien de se gargariser du devoir de mémoire et de la fidélité au serment des chouhada, ce serait mieux, si, dans les faits, on empêche les situations qui portent atteinte à leur mémoire.
Le Cercle Taleb Abderrahmane
C'est Me Ali Haroun qui a lancé l'alerte dans El Watan du 10 juin 2025 : « Au moment même où nous sommes sommés d'effacer nos souvenirs, de taire les plaies de notre mémoire, au moment où l'anti-Algérie se déchaîne, principalement sur la question mémorielle, voilà que nous voyons le nom d'un héros emblématique, présent depuis longtemps au cœur d'Alger, bientôt caché par les fumées chargées de graisses de la cuisine ». Il parle de Taleb Abderrahmane « guillotiné le 24 avril 1958. Il a donné sa vie pour que vive l'Algérie, et l'Algérie indépendante a honoré sa mémoire en gravant dans le marbre son nom et la date de son martyr ». Il évoque le Cercle Taleb Abderrahmane qui « a longtemps servi de lieu de rencontre pour les étudiants d'Alger ou de passage à Alger ».
Me Ali Haroun, moudjahid, estime qu'«aucune argutie administrative ou autre ne devra être recevable pour couvrir le changement de destination du Cercle Taleb Abderrahmane. Ce lieu anobli par les marbres rivés sur sa façade est devenu un patrimoine. Il doit le rester ». Il est convaincu que « ce symbole, le Cercle Taleb Abderrahmane, doit être mis en valeur et magnifié et non banalisé et effacé » et espère que « le Haut conseil supérieur de la jeunesse entendra », son appel.
De son côté, exprimant sans doute une protestation unanime, Noureddine Fethani a lancé son « coup de gueule » dans Le Courrier du 29 juin 2025. « La cupidité et la prédation montrent les dents pour mordre dans la mémoire nationale et le martyrologe », écrit-il, à propos du Cercle Taleb Abderrahmane dont il s'interroge s'il est
« cédé pour être détourné de sa vocation ? »
Le ministère des Moudjahidine est le mieux placé pour exercer la surveillance sur l'état des lieux de mémoire, comme le Casino de la Corniche (Rais Hamidou), la villa Sésini et les autres centres de torture; les établissements associés aux noms de chahid, comme le Cercle Taleb Abderrahmane, etc., les doter d'un statut et d'un cahier des charges en cas d'exploitation commerciale. Ainsi l'anniversaire de la date d'exécution de Taleb Abderrahmane doit être célébré par l'établissement qui porte son nom. Le devoir de mémoire fait partie de l'intérêt national, prioritaire par rapport à l'intérêt individuel qui pousse à faire des affaires.
L'hymne national
Pendant longtemps une version fausse a été présentée, comme si elle était officielle, sur l'histoire de la création de l'hymne national, selon laquelle le poète Moufdi Zakaria a écrit « Qassamen ! » dans la prison de Serkadji... à l'aide de son sang, ce qui est complètement faux et totalement absurde. Moufdi Zakaria a écrit d'autres chants patriotiques en prison mais pas «Qassaman !». Un documentaire diffusé, il y a quelque temps, par la Télévision algérienne (qui fait un travail remarquable concernant les faits liés à l'histoire de la lutte armée pour l'indépendance) a permis à Lamine Bechichi (moudjahid et ancien ministre de la Communication) de raconter dans les détails comment l'hymne national a été rédigé en 1955 par Moufdi Zakaria, en liberté, puis validé par Abane Ramdane, encore à Alger, et qui en était à l'initiative. Pour rappel,
« Qassamen ! » a été proclamé hymne national en septembre 1963, par la première Constitution de l'Algérie indépendante. A propos des paroles de l'hymne national
« Qassaman ! », les historiens confirment que « c'est en 1955 que le poète Moufdi Zakaria, qui tenait un commerce de tissu à la rue Blandan (actuellement Boualem Rahal) à Alger, a été contacté par le moudjahid Lakhdar Rebbah pour écrire le texte de l'hymne national et ce, sur ordre des dirigeants de la Révolution armée. Abane Ramdane avait proposé la création et l'adoption d'un hymne lors d'une réunion en 1955. En moins de 24 heures, c'est-à-dire le lendemain de la rencontre entre les deux hommes, le poème était écrit ». Le texte a été remis par Moufdi Zakaria à Lakhdar Rebbah (tous deux en liberté, à ce moment). Il l'a apporté à Abane Ramdane qui logeait en clandestinité à Alger, dans l'appartement de Lakhdar Rebbah, dans une cité dans le quartier du Ruisseau. Quant à l'air, il a été composé par l'Egyptien Mohamed Fawzi, après deux essais infructueux proposés par l'Algérien Mohamed Touri et par le Tunisien Mohamed Triki. La touche finale – notamment le roulement de tambour qui ouvre l'hymne national – a été donnée par l'Algérien Haroun Rachid, alors qu'il était en détention. Faut-il insister encore : Moufdi Zakaria a écrit le texte de l'hymne national alors qu'il était en liberté ; c'est plus tard qu'il sera arrêté en même temps que Lakhdar Rebbah qu'il hébergeait chez lui à Kouba, dans la banlieue d'Alger.
Les plaques commémoratives
En juin 2023, trois plaques commémoratives ont été posées à Alger-centre, pour rappeler des actions menées par le FLN, pendant la Guerre de libération nationale, le dimanche 30 septembre 1956 et le samedi 26 janvier 1957. Il s'agit des premières bombes réglées par Taleb Abderrahmane et posées par Zohra Drif et Samia Lakhdari, qui explosèrent le 30 septembre 1956, l'une au Milk Bar (ex-place Bugeaud, actuelle place Emir Abdelkader) face au siège de la 20ème Région militaire de l'armée française, et l'autre à la Cafeteria (rue Michelet, actuelle rue Didouche Mourad), face à l'Université, et quatre mois après, le samedi 26 janvier 1957, de trois autres bombes à retardement qui ont explosé vers 17 h 30, presque simultanément, à la brasserie Otomatic (posée par Zahia Khalfallah), 2, rue Michelet ; à la Cafeteria (posée par Fadhila Attia), 1 ter, rue Michelet ; et à la brasserie Le Coq-Hardi (posée par Djamila Bouazza), 6, rue Charles-Péguy (actuelle rue Abdelkrim El Khettabi).
Les bombes du dimanche 30 septembre 1956 répondaient à ce qui s'était passé dans la nuit du vendredi 10 août 1956, rue de Thèbes, dans La Casbah densément peuplée, quand des ultras partisans de l'Algérie française, issus de la communauté européenne, majoritairement raciste, ont placé une bombe au pied d'une habitation. L'explosion surprit les familles musulmanes dans leur sommeil. Le bilan établi par les riverains était de 70 morts, dont des enfants, et de nombreux blessés. Quant aux trois bombes du samedi 26 janvier 1957, elles venaient en riposte aux violences inouïes exercées, à la fin de l'année 1956, par les ultras de l'Algérie française qui ont profité des obsèques de Amédée Froger (maire de Boufarik, tué le 29 décembre 1956) pour entraîner la foule des Européens à donner libre cours à leur racisme en lynchant des Algériens.
Pour accomplir leur mission au cœur du «territoire ennemi» qu'était Alger-centre à l'époque, les jeunes fidayates ont dû parcourir un long trajet dans «une capitale assiégée, labourée en long et en large par la noria des patrouilles de militaires français aux aguets».
Depuis La Casbah, elles ont transporté des bombes qui auraient pu exploser dans leurs sacs et déchiqueter leurs corps. Elles auraient pu être arrêtées en chemin par les militaires français. Rien ne les a perturbées. Elles ont agi volontairement pour la cause nationale en ciblant les lieux qui leur ont été désignés par leurs responsables FLN.
En juin 2023, dans l'Algérie indépendante depuis 61 ans, la personne chargée de poser la plaque commémorative concernant la bombe de la Cafeteria (1 ter, rue Didouche Mourad), ne l'a pas placée au bon endroit mais sur le trottoir d'en face, (2, rue Didouche Mourad) sur le mur de ce qui était l'Otomatic, aujourd'hui Cercle Taleb Abderrahmane (attenant à l'Université d'Alger) et qui a été, également, visé par une bombe, posée par Zahia Khalfallah le même jour du samedi 26 janvier 1957. Deux ans après, en juin 2025, cette plaque se trouvait toujours à la mauvaise place, alors que le fait a été signalé dans la presse.
Le devoir de mémoire dicte de remettre la plaque commémorative posée par erreur sur le mur du Cercle Taleb Abderrahmane, à sa véritable place, c'est-à-dire le trottoir d'en face au 1ter rue Didouche Mourad (anciennement rue Michelet), là où se trouve actuellement une agence de la CNMA (Caisse nationale de mutualité agricole), et de préciser sur la plaque que la Cafeteria a été visée deux fois par les bombes du FLN : le 30 septembre 1956 (posée par Samia Lakhdari) et le 26 janvier 1957 (posée par Fadhila Attia).
Le devoir de mémoire dicte également de rendre hommage à la fidaya Zahia Kahlfallah qui a posé la bombe dans le café Otomatic (aujourd'hui Cercle Taleb) le samedi 26 janvier 1957 et donc mettre une plaque commémorative à cet endroit.
Autre anomalie : le contenu de la plaque concernant la bombe du Milk Bar doit être revu, car il reprend, certainement, en copier-coller, une version du fait à partir d'un journal colonial de l'époque. Sur la plaque, ont lit « d'après un premier bilan », pour donner le nombre de victimes de l'attentat, alors qu'en juin 2023, 66 ans après cette action, quand le contenu de la plaque a été rédigé, le bilan définitif était évidemment connu.
La rédaction des textes mis sur les plaques doit montrer clairement qu'il s'agit d'un hommage aux jeunes femmes fidaiyates et à leur héroïsme, et non pas d'un rappel d'explosions de bombes qui ont fait des victimes civiles européennes.
Les Deux Moulins, aucune trace du lieu
de torture
L'histoire de ce lieu de torture est racontée par un témoin privilégié, Roland Bellan, natif des Deux Moulins où il a vécu jusqu'en 1965, et où son père avait un restaurant « La Grande Terrasse », doté de 2 grandes salles, une terrasse, et une cave assez importante. En janvier 1957, le général Jacques Massu et sa division de parachutistes ont été chargés des opérations de répression à Alger.
Roland Bellan se souvient que « le général Massu choisit comme résidence personnelle, aux Deux Moulins (Saint Eugène, Bologhine aujourd'hui), une grande villa où sa famille et une troupe d'environ 200 hommes vont loger sous des tentes dans les jardins donnant sur la mer ». Il se rappelle aussi comment un jour de janvier 1957, « l'Etat-major de Massu décide de réquisitionner la grande cave voutée qui s'étend sous les salles de notre ancien restaurant, pour en faire ce qu'ils appellent un « centre de détention ». Les paras délimitent un certain nombre de « cellules » en tendant des barbelés entre les piliers en brique de la cave.
Alors commence ce qui sera pour l'Histoire la honte de notre quartier : pendant plus d'un an, la cave de la Grande Terrasse devient un centre de « renseignement », c'est-à-dire de torture.
On y utilise aussi bien la noyade dans une baignoire que la « gégène » qui permet de torturer par l'électricité ainsi que tous les supplices imaginables, dans le but de faire parler les « suspects ». On y pend même des gens par les pieds depuis les terrasses qui surplombent la mer. Quant aux malheureux, nombreux, qui décèdent à la suite de ces traitements inhumains, ils sont évacués de nuit dans des sacs et jetés à la mer depuis des barques au large du quartier ». Aujourd'hui, 63 ans après l'indépendance, aux Deux Moulins, il n'y a aucune plaque commémorative qui recense les noms des disparus et leur rend hommage.


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