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Pourquoi l'expérience démocratique a échoué en Algérie ou la tare originelle
Publié dans El Watan le 23 - 05 - 2009

Après une expérience « socialiste » des années 60 et « libérale » depuis la fin des années 80, suivies d'une mise entre parenthèses lors de la décennie noire 90 (terrorisme, état d'urgence), la démocratie n'arrive toujours pas à trouver ses marques en Algérie, et l'on se demande pourquoi l'expérience démocratique a-t-elle échoué en Algérie ?
A la faveur de la dernière élection présidentielle, boycottée par les partis de l'opposition démocratique, cette question est de nouveau revenue sur le tapis. Cet échec manifeste s'explique, à mon sens, par le fait que l'expérience démocratique a été biaisée au départ, car sa construction s'est faite « par le haut », par le pouvoir et ses élites, qui l'ont « dictée » au peuple, sommé de se fondre dans le moule, par civisme ou par patriotisme. Tout se passe comme si démocratie a été perçue et vécue par les larges couches de la population comme un corps étranger, sans repères identitaires, basée sur une organisation qui ne correspondait pas au niveau de conscience et de représentation populaires. C'est là où réside, à mon sens, la tare originelle de la démocratie en Algérie. Ce qui expliquerait le manque d'ancrage des partis démocratiques au sein de la société et, par conséquent, leur faiblesse sur l'échiquier politique.
La démocratie « socialiste » choisie à l'indépendance du pays, à laquelle devaient adhérer nos ouvriers et nos paysans même s'ils n'avaient jamais entendu parler de Marx et de Lénine (les fondateurs du système socialiste mondial), a été « plaquée » à la société algérienne. Au lieu de créer un système qui s'appuierait et qui serait en même temps l'émanation des différentes organisations sociales et des pratiques politiques en matière d'exercice de pouvoir local, comme « tajmath » (assemblée du village) en Kabylie, la « djemaâ » chez les Mozabites, « Taderth » chez les Chaouis ou « assegawar » chez les Touareg, on a transplanté une expérience sans trop d'efforts d'adaptation. Ces structures traditionnelles d'organisation sociale de gestion des affaires de la cite, qui remontent à des millénaires (dont on peut observer les survivances jusqu'à nos jours), sont basées sur les liens du sang au sein de la famille, la tribu, le village, la confédération, selon des principes démocratiquement élaborés et avec des représentants choisis et non imposés.
Cette organisation sociale observée était bien étudiée et ne laissait rien au hasard, aussi bien dans les relations entre les hommes que dans la gestion des ressources naturelles (distribution de l'eau, parcours des pâturages, stockage des vivres, construction des maisons), en conciliant de façon géniale l'intérêt de chaque famille et de chaque tribu à celui de toute la communauté soudée par la solidarité et l'entraide. Germaine Tillion, l'ethnologue française qui a fait des études sur les Berbères et notamment dans les Aurès où elle a vécu de nombreuses années, a écrit, en 1939, un mémoire sur les us et coutumes d'une tribu nomade chaouie intitulé Morphologie d'une République berbère : les Ath- Abder-rahman, transhumants de l'Aurès méridional, dans lequel elle révèle que ces nomades ont un mode d'organisation sociale fort élaboré. Selon elle, « cette République itinérante au milieu d'un désert n'a rien à envier dans son fonctionnement aux Républiques européennes ! ». Cet héritage ancestral, qui aurait pu servir à la construction par « le bas » d'un système démocratique qui soit accepté par tous, a, au contraire, été ignoré, marginalisé, méprisé, voire même combattu et ce, jusqu'à nos jours. Au lieu de faire évoluer ces organisations ancestrales vers une démocratie moderne, on a purement et simplement ignoré ce qui faisait la spécificité nationale que les Algériens avaient construit au cours des siècles et qui leur a permis de résister formidablement à tous les envahisseurs et colonisateurs.
Ces derniers ont tous d'ailleurs « cassé » ces modes d'organisation sociale, (sans arriver à les effacer totalement), et imposé aux populations de nouveaux schémas d'organisation sociale et politique qui les ont fragilisés et leur ont permis de mieux les déposséder de leurs biens non seulement matériels, mais aussi politiques et culturels. Cette dépossession se poursuit malheureusement jusqu'à nos jours sous de nouvelles formes certes... La démocratie « socialiste » sous Ben Bella puis Boumediène, qui deviendra « démocratie responsable » sous Chadli, sera balayée par la chute du socialisme en Union soviétique et remplacée par la démocratie libérale, à la faveur des émeutes d'octobre 88 qui ont été manipulées pour provoquer la fin du règne du parti unique et ouvrir la voie au multipartisme, selon les luttes et les calculs d'intérêt des différentes forces représentées au sein du pouvoir à ce moment-là. Mais là aussi, il faut bien reconnaître que cette démocratie « libérale » a servi beaucoup plus à améliorer l'image de l'Algérie auprès de ses partenaires extérieurs qu'à réellement faire participer les citoyens à la gestion des affaires de la cité et au partage de la prise de décision. Le multipartisme, là aussi calqué sur le modèle européen, a connu toutes sortes de dérives qui ont permis à des individus de créer des partis uniquement dans le but de s'enrichir, grâce aux subventions offertes par le gouvernement, en « monnayant » leur soutien ou leur opposition au pouvoir en place.
Faire de la politique est devenu un business qui a permis de propulser des personnes qui se servent de leur position politique pour avoir des facilités pour faire des affaires ou pour obtenir des avantages matériels de toutes sortes. Le militantisme, le bénévolat, le sacrifice de soi au profit de la collectivité, constituant les fondements de fonctionnement d'un parti politique, ont peu à peu disparu pour laisser place à de nouveaux comportements dictés par les forces de l'argent. A la lumière de l'expérience ancienne et récente (avec la dernière élection présidentielle) en matière d'exercice démocratique (qui ne doit pas se limiter au seul système électoral), il apparaît nécessaire de repenser la structure de l'Etat et du système de gouvernance en Algérie. Il faut dissoudre toutes ces Assemblées populaires qui n'ont de populaire que le nom, puisqu'elles ne règlent aucun problème et ignorent totalement le sort des citoyens qu'elles sont censées servir. Elles servent plus de tremplin pour les opportunistes qui touchent une rente pour « servir » le régime en place et « desservir » la population. Elles constituent un frein à la mobilisation et à l'initiative citoyenne, et creusent davantage le fossé entre les gouvernés et les gouvernants.
Il faut créer un nouveau système politique démocratique qui ne soit pas imposé par une élite ou un pouvoir quelconque, mais qui soit l'émanation d'une pensée et d'une pratique politiques issues des expériences positives assimilées et ancrées dans la société algérienne, sinon ce sera l'éternel recommencement de l'échec... Ce système doit à mon sens mettre fin à l'Etat centralisateur et répressif, et adopter l'organisation régionale ou le fédéralisme, qui est le seul système à pouvoir répondre aux besoins d'une population diversifiée et vivant sur un territoire immense comme l'Algérie. Ce système ne peut pas être mauvais si plusieurs pays du G8 ou les pays les plus riches de la planète l'ont adopté (USA, Canada, Allemagne), qui n'est pas du tout incompatible avec l'appartenance à une même nation. Ce n'est pas un hasard non plus si les pays asiatiques développés, comme le Japon, la Corée du Sud par exemple, ont réussi à intégrer de façon harmonieuse, leurs traditions et coutumes dans leur mode de vie économique, ce qui les a aidés à e faire des champions économiques.
Il ne s'agit pas de « folkloriser », comme cela a été fait jusque-là, ces us et coutumes, pour les asservir, ni de les sacraliser pour les figer, mais d'en extraire le ferment qui permettra de souder et de galvaniser toute la société pour se reconstruire et se développer. Comment un citoyen de Djanet, qui est obligé d'effectuer des centaines de kilomètres pour obtenir des documents administratifs, se sentirait-il plus Algérien que s'il pouvait obtenir ces mêmes documents tout à côté de chez lui ? Dans quel Etat se reconnaîtra-t-il le plus, celui qui le fait courir pour avoir ces documents ou celui qui est plus proche de lui, le respecte et lui fait confiance ? Le système fédéral permettrait de mieux gérer les ressources locales et de mettre fin à toutes ces émeutes qui éclatent un peu partout (dont les dernières sont celles de Berriane à Ghardaïa) et qui sont le signe, on ne peut pluclair, de l'échec de ces assemblées élues qui ne sont pas capables de résoudre les problèmes élémentaires des habitants de leurs localités, comme les routes, le transport, la santé, l'hygiène, l'emploi. L'illustration en est d'ailleurs faite par ces citoyens qui ferment purement et simplement les portes de telles assemblées de leurs communes.
Il ne peut y avoir de développement national sans développement local et il ne peut y avoir de développement local sans pouvoir local de décision exercé démocratiquement, en vue d'une exploitation des ressources locales au profit des habitants dans chaque région. L'Etat national, qui continuera d'exister, en gérant les domaines de souveraineté nationale, doit céder ses prérogatives en matière de développement local à des Etats fédéraux régionaux gérés par des assemblées locales librement choisies par les populations. Mais la construction de ce nouveau système qui renforcera l'ancrage de la démocratie n'est pas une affaire administrative, mais une affaire politique, et elle ne pourra se faire qu'avec l'adhésion réelle (non virtuelle) de tous qui ont comme seul souci, de sauver l'Algérie menacée d'implosion et de redonner confiance aux citoyens, et surtout les jeunes qui fuient quotidiennement leur pays au péril de leur vie.


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