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De la primauté de Montesquieu, de Tocqueville sur Keynes ou de l'art de mettre la charrue avant les bœufs
Publié dans El Watan le 15 - 04 - 2009

En effet, tout ce débat nous semble inapproprié, irréel, factice et ce, pour une seule et fondamentale raison, à savoir qu'on a oublié ou feint d'oublier le soubassement juridique de l'économie de marché, à savoir les socles des principes de la séparation des pouvoirs, de la force de la loi et du respect des libertés individuelles et publiques, conditions sine qua non d'une confiance des agents économiques à l'exercice et à la transparence, non seulement des règles du marché mais surtout à celle de citoyenneté.Et comme le soulignait si bien J. S. Mill : «Un économiste ne serait les pas un bon économiste s'il n'était rien d'autre que cela.» Or aborder les problématiques algériennes sous le seul angle technique, en faisant l'impasse sur l'organisation des institutions, neutralise d'emblée toute la portée des conclusions et des solutions, à l'image du cautère sur une jambe de bois. De notre part, ce faux débat est une illusion d'optique au regard des conditions préalables à réunir, lesquelles sont justement développées par Montesquieu et de Tocqueville.
Que disent ces deux lascars à un siècle d'intervalle ?
Pour le premier, auteur du célèbre De l'esprit des Lois (1748), la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire doit s'effectuer de manière à éviter l'ascendant de l'un des trois ou autrement dit à éviter l'abus de pouvoir. De sorte que «pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut, par la disposition des choses, que le pouvoir arrête le pouvoir». Et Montesquieu fut particulièrement inspiré par la Grande-Bretagne, patrie de notre «défunt ressuscité». L'histoire de ce pays fut parsemée de conflits entre la monarchie et le Parlement composé de deux chambres. La monarchie constitutionnelle reposait déjà sur le principe de la séparation des pouvoirs et de la primauté de la loi, ce qui explique par la suite la puissance politique et économique de la GB, de la place financière de la City et de la livre sterling.Alexis de Tocqueville, juriste de formation, juge puis avocat de profession, publie en 1835 son ouvrage De la démocratie en Amérique, ancienne colonie britannique et nouvelle puissance économique, concurrente de la «maison-mère». De Tocqueville défend le bicamérisme (Parlement à deux chambres), l'abolitionnisme et le libre-échange, car il considère que la démocratie est l'égalité des conditions, l'égalité des chances.Contrairement à la société aristocratique, aucun des membres de la société démocratique ne subit sa destinée, du fait de sa position sociale à l'exemple des intouchables en Inde.
De Tocqueville considère que tous les hommes possèdent comme attributs la liberté naturelle, c'est-à-dire la possibilité d'agir librement, ce qui se traduit par l'égalité des droits civils et civiques et la liberté de prendre part à la vie publique. De ce point de vue, Omar Ibn Khettab l'avait largement devancé d'un millénaire en déclarant : «Depuis quand avez vu asservi les hommes, alors que leurs mères les ont enfanté libres.» Ce qu'auraient dû faire des sociétés musulmanes les sociétés les plus libres si, et seulement si, la séparation des pouvoirs avait été respectée.
Car la démocratie chez de Tocqueville signifie la primauté de l'intelligence, de l'innovation, de la création, seules sources des différences sociales. Et si la démocratie repose sur la liberté, l'égalité et le bien-être constituent ses objectifs. Et comme la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres, des niveaux d'arbitrage doivent non seulement exister, mais surtout être acceptés de toutes les parties. Le risque pour la démocratie est que l'Etat assure un niveau d'égalité et un minimum de bien-être, en confiscant la liberté et de Tocqueville de souligner que l'égalité sans liberté n'est nullement acceptable, car elle conduit au repli de la citoyenneté et l'atrophie de l'agent économique.
Or qu'est-ce que l'économie sans agents économiques ?
Ces derniers, nationaux ou étrangers, constitués en ménages, entreprises et Etats doivent, et ce depuis la nuit des temps, constamment arbitrer entre les différentes ressources dont ils peuvent disposer et les différents emplois qu'ils peuvent en faire avec l'objectif d'augmenter leur bien-être et celui de la communauté. Mais l'Etat, à la différence des deux autres, assume aussi une autre fonction antinomique, à savoir la fonction d'arbitre, de puissance publique. Or pour concilier ces deux fonctions et pour assurer la confiance des autres agents économiques dans la neutralité des règles du jeu, la primauté de loi et la séparation des pouvoirs sont les seules solutions acceptables pour toutes les parties, solutions déjà expérimentées par les pays développés ayant donné les meilleurs résultats et ce, au moindre coût car les coûts existent, et il n'y a surtout pas lieu de les ignorer.L'Etat est puissance publique et agent économique et il est donc juge et partie, sauf si l'Etat sépare de manière efficiente ces deux prérogatives de manière à assurer la confiance par la transparence, le respect des règles du jeu et offrir les meilleurs services publics au plus grand nombre, au moindre coût.
Ce qu'on désigne communément aujourd'hui par les normes de transparence et de bonne gouvernance.
Qu'en est-il d'abord de ces normes et de leur application en Algérie pour pouvoir apprécier ensuite si la théorie keynésienne y est d'actualité ou inapproprié ?
Pour conclure, nous rappellerons que lord Keynes, qui a effectivement visité Alger en 1945 et offert un menu pourboire suscitant ainsi une vive réaction, s'est justifié en déclarant : «Ce n'est pas moi qui vais déprécier la monnaie.»(1)
Le fantôme de Keynes, de retour sur Alger en ces temps printaniers de cette année, aurait certainement donné la même pièce de monnaie, ce qui aurait suscité le même sentiment courroucé, certes plus prononcé.
Il aurait alors doctement expliqué que parmi les règles économiques usitées «qu'aux riches on ne prêtait» et que notre pays au sommet du G20 à Londres n'a pas assisté. Et que de plus, en aucun cas à «l'inflation importée», il ne voulait participer.
Note de renvoi:
(1) René Sedillot, Histoire Morale et Immorale de la Monnaie, éd. Bordas


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