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Une génération prête à «sexe-ploser»
Publié dans El Watan le 24 - 04 - 2009

Chasse aux couples, silence des médias et absence d'éducation sexuelle : les manifestations de l'étouffement de la vie sexuelle des Algériens seront au centre du débat initié par Dr Smaïl Boulbina, médecin généraliste, qui organise le premier séminaire national sur la sexologie et la santé, du 27 au 30 du mois en cours, à Timimoun. Cette rencontre viendra alimenter son enquête entamée il y a quelques mois sur la sexualité en Algérie, une radioscopie faisant un diagnostic sans complaisance ni tabou de nos moeurs.
Le médecin, qui s'intéresse à ce sujet depuis plus de vingt ans, estime : «La sexualité dans un cadre conjugal ou prénuptial, entre deux individus du même sexe ou de sexes opposés, existe bel et bien en Algérie, car l'Algérien est tout simplement… un être humain.» Pourtant, les expériences racontées par les patients laissent souvent les professionnels de la santé… pantois ! «Je reçois une patiente, mariée depuis un mois, qui s'abstient d'avoir des rapports sexuels avec son mari, par crainte de perdre sa virginité !», dénonce le docteur Malika Belkacem, psychologue, avant d'ajouter : «Un tel cas ne fait que refléter le poids du regard chargé de préjugés qu'a toujours porté la société algérienne sur la sexualité.» Cette ignorance, même si elle ne touche que certains, est une des conséquences du mutisme autour de la sexualité, qui incrimine ainsi les débats autour de ce besoin humain inévitable. Or, cette même société nous montre que le sujet, «épineux», a toujours été exprimé même de façon réservée, comme dans la chanson de notre patrimoine Yabellaredj, qui décrit d'une façon détaillée le sexe de l'homme.
Cheikha Remiti, Zahouania et autres ont dévoilé ce qui a toujours été tacite, à travers des chansons à connotation sexuelle dissimulées parfois par des métaphores.
Secret de Polichinelle
Mais la société change. La jeunesse algérienne est de plus en plus émancipée. Entre amis, les conversations tournent autour de confidences souvent très intimes. «Même si je sais que ni ma famille ni la société ne tolèrent que j'aie des rapports sexuels avant le mariage, je n'ai pu attendre. A 27 ans, je vis ma sexualité pleinement avec mon petit ami, même si cela nous demande de gros moyens : louer une chambre à l'hôtel, se cacher chez des amis, etc. Il nous arrive même de voyager ensemble, sans que nos proches le sachent.” Témoigne Selma, avant d'ajouter : «Il ne faut pas croire ceux qui disent que l'Algérien est ignorant en matière de sexualité. Avec la propagation de la culture occidentale (internet, cinéma), les jeunes apprennent tout et d'une façon précoce. Des termes tels que masturbation, fellation et sodomie font partie du vocabulaire des jeunes avides de tout acquérir dans une société qui rend la chose mystérieuse. Il y a une année, je ne savais pas que des jeunes de 16 ans connaissaient la sodomie, jusqu'à ce qu'on me montre, au travail, une vidéo qui a fait le tour des portables à Alger d'une jeune lycéenne se faisant sodomiser avec son consentement par un camarade dans un lycée algérois.» Mais vivre sa libido se fait toujours loin de la famille où la sexualité est catégoriquement bannie des discussions.
«Je fréquente ma copine depuis des mois, mais notre liaison reste secrète, On s'arrange pour se rencontrer à l'abri de tout regard pour entretenir notre amour», témoigne Ramy, 24 ans, étudiant à l'université d'Alger. Le quotidien, quand on a la vingtaine, c'est apprendre à vivre comme un schizophrène, entre être sexué – avec sa copine où sur les forums de discussion internet-, et «oulid familia», reniant tout de la sexualité jusqu'au mot même.
«La sexualité, qu'on le veuille ou non, a toujours existé dans la vie des Algériens depuis nos ancêtres. Puisque c'est un besoin vital pour l'homme qu'il soit dans une société frustrante comme la nôtre ou tolérante comme en Occident. Cependant, le problème, c'est cette exclusion de la chose. Pire encore, même les institutions, censées jouer un rôle primordial dans l'éducation, réfutent catégoriquement toute évocation de ce thème. La télévision algérienne, par exemple, a refusé un programme que j'avais proposé pour apporter des informations objectives et des connaissances scientifiques permettant de mieux connaître et comprendre les différentes dimensions de la sexualité.” Assure Smaïl Boulbina Résultat : la complicité des institutions tend à réduire la sexualité à la simple activité de reproduction. Alors que de façon générale, les premiers rapports sexuels, selon l'enquête du docteur Boulbina, pour les hommes et les femmes, ont lieu entre 18 et 25 ans. Cette réalité a jadis été contournée par le mariage précoce, mais aujourd'hui, l'âge du mariage a reculé sans pour autant que soit tolérée la sexualité.
Jeux «Hard»
Conditions de vie difficiles, chômage et promiscuité : les Algériens se marient à un âge plus tardif – 34 ans pour l'homme, 30 ans pour la femme – ce qui entraîne une misère sexuelle, souvent à l'origine des délits et des violences faites aux femmes et aux enfants (inceste, viol, harcèlement sexuel, prostitution hétérosexuelle et homosexuelle qui prend de l'ampleur).
Selon le spécialiste : «Les jeunes Algériens sont frustrés, car en plus de la mal vie, on leur demande de ”patienter” jusqu'au mariage, on ferme les maisons closes, et on chasse les couples. Ces stigmatisations sont souvent justifiées par les préceptes de la religion de l'Islam, alors que cette dernière est la plus tolérante des religions. Aucune religion ne traite ce sujet comme l'Islam ! La sexualité entre un homme et une femme dès l'instant qu'ils sont mariés devant Dieu n'a rien d'un péché, de honteux ou d'immoral. L'homme doit satisfaire son épouse et vice-versa.» Autre problème : en l'absence d'éducation officielle, les jeunes sont exposés à toutes sortes de connaissances fausses, dangereuses et même détournées de leur sens réel.
«Certaines jeunes lectrices nous écrivent parfois pour confier leur culpabilité à l'idée de ne pas se prêter aux jeux ”hard” de leur mari. Elles croient qu'en se refusant à lui, elles sont ”anormales” », témoigne une journaliste d'un magazine féminin algérien. L'éducation sexuelle, qui doit se faire en premier lieu, dans la famille, puis à l'école et par les médias, n'a aucune place dans notre société.
«Même si la famille algérienne est conservatrice, cela ne doit pas être un sujet tabou, surtout entre la mère et la fille. Inculquer à la fille qu'elle doit préserver sa virginité jusqu'au mariage ne devrait pas empêcher la mère de lui expliquer dès l'adolescence tout ce qu'il faut savoir sur la sexualité, pour lui éviter des problèmes tels que les traumatismes hérités de la nuit de noce», ajoute Malika Belkacem.


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