– Il y a dix ans, nous nous sommes vus sur les mêmes lieux. Qu'est-ce qui a changé depuis pour vous, Anouar ? – (Ne s'attendant certainement pas à cette question, il rétorqua par un long sourire) Ben, disons que j'ai grandi… et, artistiquement parlant, je pense avoir mûri, même si mes principes n'ont pas changé d'un iota. Je suis demeuré fidèle à mon style, le chaâbi marocain. Entre-temps, j'ai beaucoup voyagé et j'ai beaucoup produit, naturellement. – Avant qu'on oublie, une question taraude l'esprit de vos fans, habitez-vous en Algérie ou ailleurs ? – (sourire) Rassurez-vous cher ami, je réside en Algérie, et précisément à Tlemcen, qui demeure pour moi la plus belle ville du monde. Croyez-moi, quand je sors de ma ville, je meurs un peu. Seulement, mon travail me conduit dans plusieurs pays. Je reviens d'Abou Dhabi où j'ai donné un gala ; avant cela, j'étais à Casablanca. J'ai également participé aux festivals de Timgad, Djemila, à El Oued et à Djanet pour la chanson targuie. Vous voyez bien que je ne suis pas aussi invisible que ça… (sourire) – A Abou Dhabi ? Apprécie-t-on votre musique dans ce pays ? – Honnêtement, là où je vais, mon public est essentiellement composé de 50% d'Algériens et de 50% de Marocains. Les autres apprécient la mélodie, les paroles, ma prestation sur scène. Hamdoulillah, là où je vais, je suis très bien accueilli. – Hormis les galas, les fêtes que vous animez, on n'en sait pas trop sur ce que vous faites actuellement ? – En fait, je n'ai jamais arrêté de travailler, peut-être que vous faites allusion à mes apparitions à la télé, c'est vrai, mais je ne voudrais pas paraître dans un clip de piètre qualité. Je préfère le travail professionnel au sens propre du mot. Savez-vous qu'un clip digne de ce nom coûte jusqu'à 5 millions de dinars ? Et justement, mon public pourra me voir dans un véritable clip. – D'accord, mais avouez que depuis quasiment deux années, vos fans n'ont pas vraiment écouté un nouvel album… – Votre compte est bon (sourire), mais je vous informe qu'après une période de disette, je suis rentré à nouveau dans les studios Baba Ahmed de Tlemcen, ceux qui m'ont fait naître. Et je suis à cheval sur le nouvel opus qui sortira sur le marché le 10 juin prochain, inchallah. Et c'est toujours puisé dans le patrimoine marocain. Mes fans auront droit à de nouvelles paroles, des introductions et quelques reprises, quelque peu remaniées. – Vous écrivez des paroles aussi, c'est nouveau… – Oui, oui, mon prochain album contiendra mes propres paroles, aussi. D'ailleurs, c'est juste pour ne pas oublier, je prépare un autre album où il y aura du hawzi, du melhoun et de la chanson oranaise. – Avec vos 24 ans de carrière rehaussés de 45 albums, vous devez être riche ? – (sourire) Je suis riche de mon public, croyez-moi. Comment voulez-vous vous enrichir avec des CD gravés et cédés à des prix très bas sur les trottoirs, alors qu'un album coûte très cher ? On s'en sort juste juste. Les artistes sont lésés, leurs droits sont bafoués. – Pour passer du coq à l'âne, vous n'êtes pas tenté par le medh? – Si, si, j'en ferai, pourquoi pas ? Un chanteur m'en a fait la proposition, et j'ai donné mon accord. – Excusez-moi, vous sachant grand supporter du WA Tlemcen qui vient d'accéder en division 1, les fans du club n'ont pas compris que vous n'ayez pas composé une chanson à cette occasion… – (L'air désappointé) Ouallah, je vous jure que je porte le WAT dans mon cœur, je le suis de près, j'ai pleuré quand il a retrouvé l'élite, mais l'émotion était forte au point où j'en ai été ému. Je ne trouvais pas les paroles, mais j'étais l'homme le plus heureux du monde. Je vous affirme ici que je dois une chanson au Widad chéri. – Vous avez des projets fort ambitieux… – Je vais participer au Festival de Carthage, mais mon grand projet demeure le mégaconcert en faveur des enfants cancéreux à Tlemcen. Ce sera grandiose. Et avec la contribution de tous, ce sera une grande réussite humanitaire.
