Plus de 300 pages consacrées à un sujet d'une extraordinaire richesse qui permet de découvrir effectivement le monde musical andalou, mais aussi de découvrir une cité et une époque. Dans sa préface, le défunt Bouayed, premier conservateur de la Bibliothèque nationale, souhaitait que cet ouvrage soit «comme un phare illuminé dans ce sommeil injuste de notre mémoire culturelle». L'auteur Bénali El Hassar a réalisé en tout cas un travail admirable de collecte d'informations et de présentation des faits, des périodes et surtout des personnages qui peuplaient l'univers musical de Tlemcen. C'est une excellente introduction pour s'initier à l'histoire de ce genre musical puisque la première partie est consacrée à une présentation globale de la musique arabo-andalouse, toutes écoles confondues, ce qui permet de mieux situer l'objet de l'ouvrage. Les biographies des maîtres sont riches d'enseignements sur la place de l'artiste dans la société aux siècles passés, évoluant dans une liberté d'expression parfois très assumée et une élégance d'esprit que l'on envierait aujourd'hui. Bénali El Hassar décrit bien les parcours artistiques, leurs implications sociales et même politiques, les apports de chacun, les transmissions de maître à disciple ainsi que les conflits ou rivalités qui animaient ce monde. Des extraits de poèmes apportent un éclairage précis sur le répertoire de ces maîtres. On peut regretter que l'iconographie ait été concentrée au même endroit, mais, dans sa maquette austère, l'essentiel est que l'ouvrage vaille véritablement la lecture.
