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Vues prenantes
Publié dans El Watan le 20 - 08 - 2009

En plein centre-ville, le magnifique Mama héberge, outre la rétrospective Mesli, une exposition de photographies intitulée «Reflets d'Afrique». Trente photographes présentent leur travail. Le parcours passe des scènes de la vie quotidienne aux diverses représentations de soi. Samuel Fosso (Centrafrique) se métamorphose au fil des images en reflets bigarrés : il se montre, c'est son cliché le plus connu, en roi, paré de toute la panoplie traditionnelle des signes du pouvoir, mais aussi en pirate armé de son crochet, mais encore en bourgeoise élégante, toute de noir vêtue, posant devant l'objectif comme pour l'éternité. L'ironie du regard fait écho à l'œil tendre et amusé des portraits de la jeune Dora Dhouib (Tunisie). La diversité des approches est grande : de la photographie documentaire aux fictions photographiées, l'écart est immense. Que d'émotion devant le mélancolique portrait de petite fille de Pierrot Men (Madagascar) ! C'est, aux antipodes du désespoir, la vision d'une vie paisible que Vincent Montocchio (Maurice) offre avec sa sieste au bord de l'océan. On devine la douceur de l'alizé. Les artistes du continent sont talentueux et prolifiques. Il s'agissait là de présenter la photographie dans son aspect le plus général : de la couleur au noir et blanc, du numérique à l'argentique, de l'impression sur toile au développement sur papier. La vidéo a également une place de choix : c'est de l'image animée. Les yeux qui s'emplissent de larmes de Guy Woutte (Cameroun) disent bien le propos : «We never had choice but we are still alive» (Nous n'avons jamais eu le choix, mais nous sommes encore vivants).
Moataz Nasr, présent également à la Biennale de Venise, fait voir ce qui, dans une ville comme le Caire, mais aussi ailleurs, est l'ordinaire du passant comme du voyageur : les montagnes de mousse industrielle dont on fait aussi bien les éponges que les matelas. Comme on fait son lit, on se couche. Le commissaire de cette exposition, Noureddine Ferroukhi, a voulu montrer tout simplement ce qui se photographie, en Afrique, jusque dans son intimité et dans sa fantaisie. L'histoire, qui n'est pas oubliée, concentre de multiples thématiques, du jazz à la politique, de l'apartheid au combat des femmes. Sasa Massimba (Zimbabwe) présente la lutte qui fait accéder un peuple à la démocratie. Patrick Mac Kenzie (Afrique du Sud) s'intéresse, quant à lui, à Nelson Mandela. L'urbain met Samy Balogy (Congo) et Karim Abdesselem (Algérie) à l'honneur. A la Safex, le Palais des expositions abrite «La modernité dans l'art africain d'aujourd'hui». Cette grande exposition a vu défiler des familles entières, des enfants amusés, des Touareg en goguette. Ce ne sont pas seulement ses artistes qui ont attiré l'attention mais, également, ses visiteurs, car il est bon de découvrir ce qui se fait (de mieux) sans façon. On regrettera qu'aucun service de navettes gratuites n'ait été mis en place pour faire bénéficier tous les citadins de la découverte de ces œuvres de premier plan. Une série de grandes toiles de Mustapha Goudjil (Algérie) décline une silhouette de femme portant une valise. La meilleure la fait voir sur un fond de casquette de militaire. Elle évoque les dictatures qui, sur n'importe quel continent, ont fait la preuve de leur férocité. Conflict est un très grand autoportrait de Nirveda Alleck (Maurice) qui la présente assise, contemplant pensivement son double, debout.
Dans son triptyque, les personnages sur fond blanc illuminent les toiles. Samba Fall (Sénégal) présente un travail magnifique, intelligent, ingénieux. Sa critique de la consommation est radicale. Les dessins en rouge, noir et blanc s'animent dans des collages qui juxtaposent les chiffres, comme les codes-barres et les lettres, avec les extraits d'articles de journaux. Trois bonnes fées ont veillé sur cette «modernité» : Nadira Laggoune, Zoubir Hellal, Noureddine Ferroukhi, commissaires de l'exposition. Les installations et la vidéo l'emportent ici sur la peinture. Ernest Duku (Côte d'Ivoire) accumule les amulettes. Rahim Sadek (Algérie) montre, dans La réalité de mon angoisse, une armée d'insectes géants qui se rapprochent dramatiquement de la mer. Dans l'horreur, la phobie devient réalité. Ali M'Rovill, dit Napalo (Comores) travaille le trompe-l'œil : le faux bois dissimule la différence des objets qu'il expose dans son installation et occulte la dissemblance des situations car le baril de pétrole vaut infiniment plus que la baguette de pain ou la porte sur laquelle une valise est, proprement, collée. Des plaisanteries fort sérieuses font l'objet de l'installation de Faten Rouissi (Tunisie). Une série de grandes médailles disposées en cercle disent l'art contemporain, comme elle l'écrit, en lettres d'or, avec beaucoup d'humour. «Dis-moi qui tu fréquentes…» est, chez elle, le sous-titre de «Facebook». Ya Mektoub promet une poche en jean remplie de louis d'or. Il est enfin possible de flotter, imaginairement, dans l'espace onirique créé par Achilleka Komguen (Cameroun).A la Safex, le Mama «hors les murs» accueille en outre «Africaines». Cette exposition, conçue par Nadira Laggoune, entend rompre avec les clichés sur le sexe de l'art, sur l'identité ou l'africanité des artistes. C'est plutôt un festival d'images qui, des femmes, et de l'Afrique, ne saurait être un tour d'horizon. «Africaines» est l'affirmation d'une présence dans les différences. Dans cette Afrique plurielle, Angèle Ettoundi Essamba (Cameroun) montre «l'élégance et la grâce» de femmes dont les voiles n'entravent ni la marche ni les mouvements tant ils sont légers et aériens. Michèle Magema (Congo) suspend la vision ordinaire.
Sa série de photographies est prise dans un miroir dont les reflets sont, comme les prismes de notre mémoire, aussi infidèles que flous. Quand on connaît le travail de couture si typique de l'art décoratif égyptien, on appréciera d'autant plus le détournement que Susan Hefouna (Egypte) opère avec ses canevas brodés de constellations signifiantes ; djemil (beau) s'inscrit en caractères arabes comme kalam (paroles) en caractères latins. Combien de langues, en effet, parle-t-on ? Et pour quelles pensées ? La diversité linguistique est également une diversité culturelle, et, par là, une richesse. Larissa Hoops (Kenya) revisite une autre tradition, celle de la nature morte. Ses tables de fortune (des sacs d'aliments en font office) recouvertes de wax supportent ce qu'il y a à lire et à manger : la presse (Residents turn to toxic fruits as hunger bites) voisine avec des bananes, une orange, une bouteille de «tomato ketchup» Heinz. Que de peaux de banane à éviter ! L'Hameçon est une pièce très originale réalisée avec beaucoup de brio par une jeune artiste, Fatima Chafaâ (Algérie) : de fragiles libellules aux seins proéminents, faites de papier blanc, sont accrochées à de longues cannes à pêche. Leur sort ne dépend pas d'elles. Des images de figuiers de barbarie, dont on sait combien ils sont importants dans la délimitation de l'espace de la maisonnée dans la campagne algérienne, entourent le dispositif. Bernie Searle, enfin, est une star de l'art contemporain. Soweto, on le sait, a connu d'horribles massacres. Avec L'esprit de 78, Bernie Searle offre une vidéo dont la délicatesse, la subtilité, la puissance emportent le spectateur dans une émotion et une ivresse dont il ne sort pas indemne.


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