Cette rubrique est ouverte au débat sur l'avenir de Constantine. Le thème inaugural met face à face les différents points de vue sur les projets de modernisation du tissu urbain de la ville et leur conduite. Ne présentant aucun intérêt architectural ou historique, ne répondant pas aux normes et exigences de la vie actuelle, la destruction des quartiers Bardo et Djenane Tchina est un acte à saluer. Nonobstant les vices de procédure concernant le prétexte « d'utilité publique » avancé par les autorités de la wilaya, notamment l'absence de la commission d'enquête, de l'affichage du futur projet sur les lieux, des doléances des occupants, et autres tels les permis de démolir, arrêtés, etc., ces destructions sont inscrites dans la perspective de modernisation de la ville de Constantine. L'opacité qui a entouré cette opération renvoie automatiquement à des questions sur l'éventuel projet : un ensemble à la Dubaï city, un centre d'affaires... Avant d'amorcer mon opinion à ce sujet, je me suis interrogé pourquoi cette assiette n'a jamais fait l'objet d'une urbanisation de la part des architectes et urbanistes de l'administration coloniale. Pourquoi a-t-on évité d'implanter ou de projeter des constructions à cet endroit précis, alors que des tours sont réalisées sur un relief à forte déclivité, voire accidenté qu'est la route de Sétif, et plus haut l'immense immeuble Casorec et son beau boulevard ? Tout simplement, parce que Bardo est inconstructible. Ce lieu est une décharge destinée à recevoir les terres excédentaires du monticule du Coudiat, ayant alors fait l'objet d'un terrassement afin de recevoir la future cité administrative. Pour rappel, ce versant s'appelle jusqu'à présent « Remblai ». C'est aussi un lit d'oued où se manifestent tous les 50 ans les crues des oueds Boumerzoug et Rhumel. Le drame de Ghardaïa en est une image. Et si on n'a pas construit à cet endroit, c'est aussi et surtout pour ne pas cacher, défigurer la plus belle vue du monde, comme on a fait avec les tours Cnep. Pourquoi ne pas faire de cet endroit un Central Park, une promenade, un centre de loisirs, un passage vers le chemin des touristes … Constantine n'a pas besoin de tours, ni à l'image de New York, ni à celle de Dubaï, la capitale numide a besoin d'un lifting. Notre ville a besoin d'être entretenue. Quid du tramway, la ville est déjà saturée, étranglée. Ce tramway, devenu un leitmotiv des pouvoirs publics, va-t-il régler les problèmes de transport ? Va-t-il régler les problèmes de circulation ? Evidemment non ; le tramway payé par l'argent des contribuables va engendrer d'insolubles problèmes. Pour deux rails, le temple des sports, en l'occurrence le stade Benabdelmalek, est détruit ; des centaines d'arbres centenaires rasés, et depuis, aucun signe de démarrage sérieux n'a été perçu. Le parc de matériel roulant de la police ou SRM, réalisé en 1985, sera détruit. Idem pour la trémie, nouvellement inaugurée par le Président. Un crime écologique, un crime économique et un désagrément en matière de transport urbain. Je voudrais préciser qu'il ne s'agit pas de remettre en cause le principe du tramway, mais seulement son tracé et ses méfaits. A-t-on réalisé une étude de faisabilité ? A-t-on fait une étude d'impact ? S'agissant d'un investissement lourd, la destruction pourrait être l'unique résultante, or s'il y a bien des infrastructures à démolir, la priorité serait aux tours Cnep qui cachent partiellement le panorama du pont de Sidi Rached, à l'hôtel IBIS pour avoir caché la grande baie urbaine donnant sur Djebel Chettaba et la vallée d'El Menia, et au parking de la gare pour le mauvais choix du site et les problèmes de circulation qu'il va engendrer. L'auteur est : Architecte, enseignant universitaire