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«Il faut réclamer le droit à la poésie !»
Publié dans El Watan le 16 - 10 - 2009

– Quelle est la situation de la poésie au Maroc ? A-t-elle gardé la même tonalité qu'auparavant ? Les thématiques ont-elles changé ?
La poésie marocaine d'aujourd'hui explore de nouveaux terrains. Elle arrive, plus ou moins, à identifier son propre territoire. Des générations se rencontrent dans cette recherche ouverte sur des cultures poétiques mais en même temps sur des tendances et je trouve que c'est très encourageant de voir une jeunesse ouverte sur l'autre. Ce qui est intéressant aussi est la présence de la femme. Cela est nouveau. Et c'est ce qui marque cette première décennie du XXIe siècle. La parole de la femme est variée. Il y a du courage dans la vision des rapports entre homme et femme et de la part de la féminité dans la société.
– Vous êtes parmi les membres fondateurs de la Maison de la poésie au Maroc mais vous n'y êtes plus. Pourquoi ?
Jusqu'à 2003, j'ai essayé avec des amis de faire un travail nouveau au Maroc, laissant les politiques hors de nos préoccupations. On voulait donner un peu de souffle à la liberté de la poésie et au poète. Avec des amis, qui sont de grands poètes, nous avec fait de belles choses pour le Maroc, le Maghreb et le monde arabe. Nous avons lancé un festival international de la poésie, le premier dans le monde arabe. Maintenant, c'est devenu autre chose. Les politiques se sont mêlés. J'ai évité d'entrer dans des conflits parce que je refuse que la Maison de la poésie, qui était un lieu de rencontres, de paix et de fraternité, devienne un lieu d'affrontements, de haine et de complot. Cette mentalité est arrivée et je refuse complètement à participer à des choses de ce genre.
– La Maison de la poésie est-elle fermée ?
Non. Elle est toujours ouverte mais elle fonctionne à la manière des politiques. Il y a une option partisane de la poésie. Ils m'ont complètement rejeté pour des raisons que j'ignore. Pourtant, j'ai pratiquement fait tout le travail. La Maison de la poésie a été envahie par des partis. C'est à la mode marocaine. On est malade par cette idée du pouvoir, du prestige et de vol de paroles des autres. J'ai montré avec les amis que c'était possible de faire quelque chose d'autre, de libre et qui nous permet de s'ouvrir sur le monde.
– Quelle est la frontière entre la poésie et la politique ?
Au sein de l'Union des écrivains du Maroc, j'ai trouvé que c'était une calamité. Cela n'avait rien a voir avec mon rêve de jeune poète qui a lu l'histoire de la poésie, rencontré les poètes à travers leurs œuvres. J'ai toujours imaginé que le lieu de rencontre des poètes devrait être libre. Après cela, j'ai formulé autre chose sur le politique et non pas sur la politique. Si le poète a ses positions politiques, cela ne veut pas dire qu'il doit suivre la vérité d'un certain politique. Le poème a sa propre politique. Le poème n'est pas quelque chose qu'on ajoute à un discours mais c'est un lieu d'un savoir, d'une vision…Lorsqu'on fait de la poésie un adjectif ou un ajout et du poète quelqu'un qui reprend le message du maître, je dis que nous n'avons plus besoin de ce poète ni de cette poésie. Dans le monde d'aujourd'hui, les préoccupés du destin de la poésie savent quel est le sens d'une parole poétique, la part particulière de la poésie qu'ils peuvent partager avec les autres. Ce partage ne peut avoir lieu que lorsque la poésie est consciente de son propre travail dans la langue, dans la société, dans le changement. Il faut être comme les grands poètes de notre temps. Je ne vois pas comment peut-on être poète en répétant seulement ce que les autres nous dictent avec un esprit de dictature.
– Comment se porte la poésie dans le monde arabe, après la mort de Mahmoud Darwich ? A-t-elle régressé ?
Je ne suis pas de ceux qui veulent qu'un poète se répète. Chaque poète à sa personnalité. Darwich avait répété pour un moment Nizzar Qabani avant de trouver sa propre voie. Il existe des poètes de grandes qualité dans le monde arabe. La poésie se trouve dans la différence et non dans la ressemblance. Il ne faut pas qu'un poète ressemble à Darwich. Il faut que chaque poète ait sa propre langue, sa propre vision, sa propre manière d'agir avec le culturel et toute l'histoire qui l'entoure et le conditionne.
– Pourquoi le Nobel de la littérature n'a récompensé qu'une seule fois des œuvres écrites en arabe, celle de Nadjib Mahfoud ?
C'est injuste de ne pas décerner un Nobel de littérature à un deuxième ou troisième poète ou romancier d'expression arabe. Nous avons des dizaines d'écrivains de grande qualité au Maghreb et au Moyen-Orient. La littérature arabe circule actuellement en plusieurs langues(…). Je suis traduit dans au moins une vingtaine de langues. Je ne suis pas le seul. Ce n'est pas une référence mais il ne faut pas la négliger. La rencontre avec les autres cultures, les participations dans les festivals, les traductions sont des paramètres importants. J'aurais aimé que l'Académie suédoise accorde le Nobel de littérature au poète syrien Adonis (Le Nobel 2009 a été donné à la romancière allemande Herta Müller, ndlr).
– Vous avez beaucoup écrit sur la peinture. C'est un intérêt, une passion ? Vos poèmes ont même été repris par des artistes peintres à la manière de Koraïchi avec Darwich…
Dans mon enfance, je n'avais pas les moyens pour être peintre. Et je dis toujours qu'il y a un peintre caché dans mon intérieur. Il a commencé à s'exprimer une fois que j'ai rencontré les amis peintres marocains et étrangers. Je n'ai pas fait de peinture par respect pour cet art. Je n'ose pas mettre la main à la pâte. C'est un ailleurs qui est mon intérieur. Toute la poésie moderne se fait également avec ce rapport avec la peinture depuis Charles Baudelaire. Il avait un rapport avec Eugène Delacroix. C'est une tradition de travail entre peintre et poète mais, en même temps, il y a quelque chose que les deux se partagent, leur manière de travailler sur la matière, l'un sur la matière linguistique, l'autre sur la matière plastique, les couleurs et l'espace.
Quand je rencontre un peintre qui m'interpelle, je suis déjà pris par son travail. Je ne fais pas des représentations ou des commentaires. J'aime cet accompagnement de la peinture, voir autrement et poétiquement les toiles, par la parole poétique, pas dans le sens romantique bien sûr. C'est ainsi que j'ai réalisé pas mal de travaux avec des amis peintres marocains, arabes et européens, par exemple avec le calligraphe Mehdi Qotbi, les plasticiens Dhia Azzaoui et Colette Deblé ainsi que des peintres japonais et canadiens. Je laisse la rencontre avec les peintres ouverte, je ne peux pas la prévoir…
– La Journée mondiale de la poésie était votre idée…
J'ai fait tout un travail. Il est inimaginable qu'un pays arabe arrive à faire une telle demande et puisse l'obtenir. La voix des poètes a été entendue. C'est bien pour nous tous. Malheureusement, le sens de cette journée n'est plus celui du début mais ce n'est pas grave.
Vous avez écrit un essai, Droit à la poésie. Vous réclamez donc ce droit…
Tout a fait. Dans notre scène culturelle, on parle actuellement du moment du roman, moi, je dis qu'on traverse actuellement le moment de la littérature, ni roman ni poésie et si le roman déclare la guerre à la poésie, la poésie ne le fait pas. La poésie accompagne les pratiques littéraires et la pensée moderne. Elle reste toujours vivante. L'intérêt qu'on accorde à la poésie est le même qu'on accorde à la langue.
La poésie sauvegarde réellement les langues. Cette énergie exceptionnelle que le poème donne à la langue maintient celle-ci en vie. Elle peut donc circuler chargée de force, aller vers d'autres territoires. Il faut réclamer le droit à la poésie au moment où la mondialisation est devenue aveugle, détruisant les grandes valeurs et la créativité. Toutes les autres genres littéraires et artistiques ont leur place dans notre société et dans la vie humaine. La poésie qu'on rejette est notre source essentielle de la vie, de cette parole qui nous réunit, qui nous permet d'aller dans l'incertain, dans l'inconnu et dans l'invisible. Il faut donc faire attention quand on appelle à faire la guerre à la poésie ou à l'oublier.
|Repères :
C'est l'homme qui a réussi à convaincre l'Unesco de lancer la Journée mondiale de la poésie, célébrée le 21 mars de chaque année depuis 1999. Petit, Mohamed Bennis écoutait la poésie déclamée par sa grand-mère dans la maison familiale de Fès. Bercé par les sons et les rythmes de ces poèmes, il n'a pas, depuis, cessé de chercher à dompter le verbe et la parole. A la bibliothèque d'Al Quaraouiyine, la célèbre université de Fès, il a appris à lire la poésie arabe. Il a pris goût et s'est mis à écrire lui aussi, perfectionnant, au fil du temps, son art. Il écrit sa poésie en arabe. Il est, aujourd'hui à 61 ans, le plus grand poète marocain encore en vie. Il est traduit enturc, en slovène, en portugais, en roumain, en néérlandais, en espagnol, en français, en japonais, en anglais, en italien…Il est détenteur d'une dizaine de prix dont celui de Chevalier des arts et des lettres attribué par la France, celui de Feronia, prix italien, ou encore celui d'Al Oweiss remis par les Emirats arabes unis pour l'ensemble de son œuvre. Celle-ci est riche d'une trentaine de titres entre poésie, prose ou traduction. Ses recueils de poèmes, ont eu un grand succès. Il en est de même pour ses essais Al Haq fi achiir (Le droit à la poésie) et La poésie arabe contemporaine. Il a traduit Stéphane Mallarmé, Abdelwahab Meddeb et Jacques Ancet. Au milieu des années 1980, il a, avec un groupe d'intellectuels, lancé la maison d'édition Toubkal qui, aujourd'hui, a à son actif plus de 330 ouvrages publiés. Mohamed Bennis enseigne actuellement à l'université de Rabat. . |


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