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Poètes, à vos gestes !
Débat . Faut-il «théâtraliser» la poésie ?
Publié dans El Watan le 09 - 04 - 2016

Faut-il déclamer la poésie sous forme de spectacle ? Faut-il sortir des schémas traditionnels de lecture des poèmes rimés ou en vers libres ?
Le débat s'est imposé lors du Premier printemps d'Alger qui s'est déroulé à la fin mars (21-26) dernier à l'Esplanade Riad El Feth à Alger.
La discussion était vive entre poètes, gens de lettres, universitaires et journalistes. Tout le monde avait en mémoire le passage récent du poète populaire égyptien Hisham Al Gakh en Algérie. A El Oued, Oum El Bouaghi, Djelfa ou Constantine, l'auteur du célèbre poème contestataire Al Ta'chira (Le visa) a rencontré un formidable accueil, présentant ses œuvres poétiques devant des salles combles.
Qui a dit que les Algériens n'aimaient pas la poésie? Ou que la poésie était un art passé de mode, oublié au milieu des bruits de la modernité ? Hisham El Gakh est une star de la poésie dans l'ensemble du monde arabe.
C'est que sa «méthode» est efficace. Il exécute une véritable performance artistique sur scène, crie, saute, chante, se déplace à l'intérieur de la salle, interpelle les présents, adapte le langage du visage aux émotions provoquées par les mots, utilise la scène comme un espace complet d'expression ou comme un prolongement physique de la magie du mot. Une équipe technique l'accompagne dans tous ses déplacements extérieurs pour soigner la lumière et le son. Le show de Hisham El Gakh a donné une seconde jeunesse à la poésie arabe.
Aussi, Brahim Seddiki plaide-t-il pour la «fordja» dans la présentation de la poésie algérienne. «Nous avons besoin de présenter des spectacles poétiques pour intéresser davantage le public. La poésie algérienne connaît actuellement une nouvelle et belle saison. Mais, elle est toujours peu présentée par les médias. Les poètes, eux-mêmes, ne font presque rien pour faire découvrir leurs travaux. Les associations culturelles ont tendance à ignorer la poésie et à l'éloigner de l'espace public. S'ajoute à cela la faiblesse de la critique dans les médias», a-t-il regretté.
Selon lui, le poète algérien contemporain dresse un portrait vrai du monde d'aujourd'hui. «Chez nous, les éditeurs continuent à tourner le dos aux poètes. Des poètes qui subissent un certain arbitraire», a-t-il ajouté. Le poète égyptien Ezzat Al Taïry, présent au Printemps culturel d'Alger, n'aime pas trop la «théâtralisation» de la poésie.
«Cela ne sert aucunement la poésie ni le poète. A mon avis, seuls les poètes faibles recourent à cette méthode, c'est-à- dire faire du spectacle au lieu d'écrire de la poésie. En Egypte, nous avons des poètes qui sautillent sur scène, font des acrobaties, dansent, mais n'écrivent pas de poésie. Le texte poétique doit être respecté, y compris dans sa forme de présentation», a-t-il dit. Trop conservateur Ezzat Al Taïry ? En fait, il exprime un point de vue partagé par les poètes d'une certaine génération, plus attachés aux mots qu'aux images, aux sens qu'aux formes, aux belles phrases qu'aux intonations de la voix.
La poétesse algérienne Soumia Mehannehe n'est pas d'accord avec son pair égyptien. Elle nous confie ainsi : «Je suis parmi les poètes qui théâtralisent leurs textes. Revenons à l'histoire de la poésie arabe. Chaque poète avec un habit réservé uniquement au jour où il déclamait sa poésie. Al Khansaâ mettait une robe aux couleurs particulières et faisait des mouvements en présentant sa poésie. C'était sa manière de promouvoir son art. Les gens ne veulent plus voir des poètes qui lisent leurs textes sur une feuille, même si ces textes sont bien écrits», a-t-elle expliqué.
Les poètes algériens, selon elle, tentent de suivre la marche du monde au milieu de la vitesse des médias mainstream et des événements. «Nous affrontons des vagues puissantes. J'essaie en tant que poète algérienne de dire tout cela à travers la langue qui est la seule chose que je possède et à partir d'une certaine subjectivité. Les jeunes poètes algériens parlent d'abord d'eux-mêmes avant de passer à leur environnement social. Aujourd'hui, les jeunes ont plus de moyens d'expression que la génération qui les a précédés. Ils sont ouverts sur le monde. La langue qu'ils utilisent est quelque peu différente de celle d'avant», a estimé Soumia Mehannehe. Selon elle, la poésie arabe connaît un grand mouvement. Elle a cité l'exemple des Emirats arabes unis où les poètes sont traités comme des princes : «Dans ce pays, les poètes sont mis en valeur, respectés. La poésie arabe, il ne faut pas l'oublier, est née dans la Péninsule arabique avec la rencontre de Okadh. C'est donc un héritage à entretenir.»
Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, également poète et romancier, a, de son côté, relevé que les poètes algériens cherchent à trouver une «zone» qui leur est propre. «Les poètes algériens puisent autant du patrimoine arabe que de l'héritage amazigh ou de ce qu'a laissé le colonialisme français.
Ce cumul a influencé une génération entière de poètes. Nous avons donc une forme nouvelle dans l'écriture. Les Algériens s'imposent aujourd'hui avec leurs textes et leur forme d'écriture dans la région arabe. Je peux citer Achour Fenni, Lakhdar Felous, Brahim Seddiki, Abderrahmane Bouzerba, Lakhdar Baraka, Miloud Hakim, Bouzid Harzallah, Amar Merièche. C'est la génération des années 1980 et 1990», a-t-il souligné. La poésie arabe contemporaine est, d'après lui, de plus en plus visuelle : «La poésie n'est plus uniquement lue, mais filmée et mise en scène.
Adonis présente toujours sa poésie accompagnée de musique. Chaque poète cherche aujourd'hui, une nouvelle forme pour mettre en valeur son travail. Autant dire donc que la poésie connaît actuellement une certaine métamorphose. La poésie est quelque peu bousculée aussi par le roman. Le roman a plus de présence dans les médias que la poésie.
De nos jours, et contrairement aux années 1970 et au début des années 1980, les journaux ne publient plus les textes poétiques. Les jeunes poètes s'expriment sur les réseaux sociaux, cela leur permet de respirer un peu, d'avoir accès aux lecteurs», a estimé Azzedine Mihoubi.
Il a ajouté que la disparition des grands noms de la poésie arabe comme Mahmoud Darwich ou Nizar Qabbani a laissé un certain vide. Le poète tunisien Moncef Mezghani, directeur de Beït Al Chiir (La Maison de la poésie) est favorable à l'idée que la poésie se rapproche du grand public grâce à l'humour : «Le public doit prendre plaisir en écoutant les poètes.
Aussi, est-il nécessaire de revoir la manière avec laquelle les soirées poétiques sont présentées. Il faut sortir de la routine. Le poète doit prendre un peu de ce qui se fait au théâtre pour impliquer le public dans ce qu'il fait. Le poète ne peut pas lire un texte, voler dans les airs, sans faire attention à ceux qui l'écoutent. Ses mots doivent arriver au public». La poésie tunisienne a pris, d'après lui, beaucoup de liberté après la chute du régime de Ben Ali en 2011. «Il faut dire que certains poètes ont fait leur révolution avec ce qui est appelé le Printemps arabe. A mon avis, la liberté doit prendre en compte les règles de l'écriture poétique.
La poésie, ce n'est pas des paroles lâchées en l'air. C'est de l'écriture maîtrisée. Il existe de la poésie versifiée qui n'a aucun goût. Pour moi, il est nécessaire de garder la musicalité dans la poésie», a estimé Moncef Mezghani qui se revendique comme poète politique.
«Et quand on écrit de la poésie politique, il est important de faire attention pour ne pas tomber dans l'article de presse. La durée de vie d'un article est limitée, ça ne doit pas être le cas d'un poème. Kharab al Basrah d'Ibn Roumi (ndlr : à ne pas confondre avec Djallal Eddine Rumi) a traversé les âges grâce à son esthétique», a-t-il argué plaidant pour que les poètes évitent de provoquer les sentiments et les convictions religieuses des gens. «La provocation relève à mes yeux de l'enfantillage créatif.
Ce n'est pas de la création ! Cela dit, aucun parti politique n'a le droit de réclamer le ‘‘monopole'' d'Allah ou de la religion», a estimé Mezghani connu par des poèmes tels que Nachraat al akhbar (Le télé-journal), Ayach et Qawss al riyah (L'arc des vents).
Qu'en est-il justement de l'engagement en poésie actuellement ? L'Egyptien Ezzat Al Taïry répond sans détour : «Dans les années 1950 et 1960, les poètes engagés marquaient leur présence en Egypte.
On parlait même de poésie socialiste. Les poètes étaient tenus de s'adapter au contexte politique de l'époque. A mon avis, l'engagement limite la liberté de ton du poète. Qu'on laisse le poète écrire ce qu'il veut. Libre à lui de s'engager ou pas.» Il est vrai que sans liberté, la poésie est vidée de tout sens.


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