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Ces diplômes qui n'offrent pas de perspectives d'emploi
Carte universitaire algérienne
Publié dans El Watan le 30 - 06 - 2009

L'avenir est incertain. Nous suivons les cours, nous passons les examens. Mais pour le reste, c'est le grand flou. Nous savons que nos diplômes ne servent à rien. Nous savons que nous serons chômeurs. » L'inquiétude des étudiants de la faculté des sciences humaines de Bouzaréah a cédé la place à la désillusion.
Un quiproquo règne dans les équivalences des diplômes délivrés par les écoles de formation supérieure et certains départements universitaires. Les certificats délivrés par certaines écoles qui ne dépendent pas du ministère de l'Enseignement supérieur ne sont pas reconnus par celui-ci et parfois même par la Fonction publique. Les diplômes algériens auraient-ils perdu de leur valeur ? Coup de sonde des écoles de formation supérieure et des universités.
Certains diplômes de l'Université de formation continue (UFC) ne sont pas encore reconnus par la Fonction publique. L'établissement, rattaché au secrétariat du gouvernement, émet des doutes sur le « mode d'enseignement » pratiqué par l'UFC. « Nous avons introduit une demande il y a plus de deux mois. Les représentants de la Fonction publique ne sont pas réticents à inclure nos diplômes (de l'enseignement à distance en l'occurrence) dans la nomenclature des équivalences. Ils veulent juste comprendre comment cela fonctionne », explique Khaled Kaïd, sous-directeur de l'enseignement à distance.
UFC, des disciplines écartées par la Fonction publique
Les responsables de l'UFC ne manquent pas d'énumérer les qualités du type d'enseignement adopté par l'UFC. « Dans les universités étrangères, l'enseignement à distance a surclassé l'enseignement classique. Il est nettement meilleur que l'enseignement direct. Il incite les étudiants à faire de la recherche. Nous organisons des regroupements périodiques qui attirent les candidats. Les amphithéâtres sont archicombles. On sent une soif d'apprendre. Il y a une évaluation de contrôle, des examens pour contrôler les connaissances du semestre. Nous nous assurons que c'est bien le candidat qui passe l'examen », explique Oubarèche Amirouche, sous-directeur des études et diplômes. Et de souligner : « Le diplôme est reconnu à l'étranger mais pas en Algérie. » De même que le ministère de l'Enseignement supérieur et la Fonction publique trouvent « incompréhensible » le mode de fonctionnement de l'enseignement à distance, l'UFC estime « inintelligible » l'attitude de la Fonction publique. « Les responsables de la Fonction publique croient que les étudiants sont livrés à eux-mêmes et qu'ils passent les examens à la maison. Ce qu'il faut préciser, c'est que les étudiants de l'enseignement à distance sont plus sérieux. Ce sont généralement des fonctionnaires qui veulent compléter leur formation », précise encore M. Oubarèche. L'UFC dispense des cours « directs » dans 18 filières, suivis par 21 000 inscrits. Mais l'engouement pour l'enseignement à distance est plus grand, selon les responsables de l'UFC. « Pour quatre fois moins de filières, il y a 18 000 inscrits », souligne-t-on.
Sciences humaines, les étudiants aux abois
A la faculté de sciences humaines de Bouzaréah (Alger), le désenchantement des étudiants est palpable. Bien que leurs diplômes soient homologués par le ministère de l'Enseignement supérieur, ils ne voient pas de perspectives d'embauche. Les étudiants inscrits à l'Ecole normale supérieure (ENS), dans les mêmes disciplines, étant prioritaires pour postuler aux emplois proposés par le ministère de l'Education, leurs chances de trouver un travail dans leur domaine semblent infimes. Dans le brouhaha qui caractérise la fin de l'année universitaire au département de philosophie, une étudiante de troisième année nous livre son commentaire : « Pour nous, il n'y a aucun avenir. Oui, on nous dit que les étudiants de l'ENS sont prioritaires, mais on n'y comprend absolument rien du tout. Nous sommes dans le flou le plus total. » Et Lila, étudiante en première année de philosophie, d'exploser : « Nous avons le moral au plus bas. Nous savons que nous perdons notre temps au département de philosophie. Bien sûr que les étudiants de l'Ecole normale supérieure sont prioritaires. Quant à nous, nous allons juste faire quatre ans d'études pour nous retrouver ensuite à la maison. » Elle rappelle que l'année passée, la moyenne d'accès à l'ENS a été élevée à 14/20. Pour postuler au département de philosophie, les bacheliers devaient faire valoir une moyenne de 12/20. « A cela s'ajoute le fait que les professeurs corrigent sans même lire les copies. Pour le même exposé, les étudiants obtiennent des notes différentes. Ça ne répond à aucune logique », s'insurge encore notre interlocutrice. D'autres étudiants se plaignent de la désorganisation du département de philosophie, de la surcharge des amphithéâtres et du « manque de sérieux » de ses gestionnaires. « On ne voit jamais les représentants de l'administration. Ils ne veulent pas travailler. Parfois on a même peur de leur parler. Les étudiants de l'ENS sont mieux respectés. Ici, les amphithéâtres sont archicombles, nous devons sortir à 6h pour espérer trouver une place au cours. Il y a plus de 900 étudiants en première année. Comment peut-on parler de la qualité de l'enseignement dans ces conditions ? », explique Massinissa, lui aussi en première année de philosophie. D'autres jeunes préfèrent garder l'optimisme propre à leur âge : « Le ministère de l'Education a un déficit en professeurs de philosophie, ça veut dire que tout n'est pas encore perdu. » Au département d'histoire, à Bouzaréah, l'ambiance paraît tout aussi morose. « Nous n'avons aucun avenir dans l'histoire. Si ça continue comme ça, je préfère rester à la maison. On donne des notes de façon aléatoire. Les professeurs ne prennent pas la peine de venir aux cours. Ce n'est qu'au mois d'avril qu'on a eu un prof de travaux dirigés (TD). L'examen s'est fait sur la base de ce que nous avons étudié pendant deux mois », explique Radia, étudiante en première année d'histoire. Elle poursuit : « Nous savons bien qu'il n'y a pas de travail à la sortie de l'université. J'ai d'abord fait une année d'archéologie. J'ai effectué un transfert car on m'a dit que le département d'histoire offrait plus de débouchés. Mais apparemment, c'est partout pareil... »
Echec de la formation hors université ?
Les établissements relevant d'une tutelle autre que celle du ministère de l'Enseignement supérieur éprouvent également des difficultés à faire valoir le précieux certificat de fin d'études. Certains diplômes algériens, bien qu'ils soient de bonne qualité, ne sont pas reconnus par le ministère de l'Enseignement supérieur ou par la Fonction publique. L'Ecole supérieure de tourisme illustre parfaitement la confusion qui domine dans ce secteur. « C'est un diplôme reconnu dans le monde entier, sauf en Algérie. D'après ce qu'on m'a dit, le dossier est en ballottage entre le ministère du Tourisme et celui de l'Enseignement supérieur », nous dit Amel, ancienne étudiante à l'école de tourisme. Diplômée en 2007, major de promotion, elle dit avoir obtenu une bourse d'études à l'étranger qui lui aurait été retirée. « J'ai passé deux ans au chômage. J'ai un diplôme de gestionnaire mais je travaille comme simple réceptionniste dans un hôtel », regrette-t-elle. L'Ecole supérieure de banque, placée sous la tutelle de la Banque d'Algérie, aurait également le même problème. A l'heure où les entreprises se plaignent du fait que les formations universitaires ne répondent pas aux besoins du marché, des centaines de diplômés seraient condamnés au chômage. Il apparaît ainsi que les instituts de formation supérieure ont du mal à s'adapter au nouvel environnement socioéconomique algérien. Les filières et les disciplines sont classées d'une manière qui peut paraître brutale. Les dysfonctionnements sont nombreux.
Des efforts ont pourtant été entrepris, dans les années 1970, à travers la création d'une commission chargée de l'unification du système de formation supérieure, qui devait « examiner un calendrier pour le transfert, sous le contrôle du ministère, les établissements relevant de la tutelle d'autres secteurs ». Le projet est resté au stade embryonnaire. Un autre plan d'intégration des instituts a été mis en place. Ce n'était là qu'un autre vœu pieux. Les propositions n'ont pas été prises en compte. Les responsables du ministère de l'Enseignement supérieur n'ont pas souhaité répondre à nos questions. Les représentants de la Fonction publique se sont montrés, eux aussi, réticents. Dans une intervention médiatique, le sociologue Aïssa Kadri a résumé la situation d'une formule aussi concise qu'ironique : la formation hors université serait, selon lui, « l'échec d'une alternative à l'échec ». A. B.


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