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« Il se sert de la politique et la détruit en s'en servant. »
Kenwood II : Intérêt et politique
Publié dans El Watan le 15 - 07 - 2009

Mais il n'est pas le seul dans ce cas, ils sont même très nombreux et ont fini par faire « système », même si beaucoup d'autres, Dieu merci, continuent d'agir dans le cadre précédent. J'ai connu un maire d'une ville moyenne dans l'Est algérien qui est de cette trempe mais il dénote de plus en plus dans le nouveau paysage politique et certains disent de lui : le pauvre, il n'a rien compris ! L'intérêt général et son corollaire l'action politique sont ainsi détournés, subvertis à la base et réorientés vers la satisfaction des intérêts sociaux particuliers. La production du « politique » a cédé la place à la reproduction sociale et les charges d'Etat qui étaient la finalité de l'action publique se sont transformées en moyen d'appropriation privative sous toutes ses formes : capital économique bien entendu (commercial, industriel, financier, foncier, immobilier), mais aussi social (alliances matrimoniales, clientélisme, régionalisme) culturel et symbolique (éducation, formation, médias, sport, religion même).
Le basculement dans le nouveau modèle a été accéléré dans le cas de l'Algérie par la nature rentière du surplus national dont la redistribution passe nécessairement par les pouvoirs et institutions de l'Etat. A cela, il faut ajouter les effets de la précédente guerre civile qui ont affaibli les systèmes « d'autocontrôle » de ces institutions (code des marchés publics, système bancaire, douanes, justice, éducation, code du travail), mais aussi ceux, plus complexes à comprendre, de l'affaissement des valeurs et des pressions morales et psychologiques de l'autocontrainte que cette tragique période a profondément bouleversées. A la différence des guerres tout court, les guerre civiles ont des effets sur les consciences et les valeurs souvent bien plus graves. La ponction privative de la rente étant liée à la place qu'occupera ce nouvel entrepreneur dans les hiérarchies formelles et informelles des centres locaux et nationaux de décision, mais aussi à « la durabilité » de cette position, sa stratégie sera alors de la consolider.
Par exemple, une position moyenne mais stable peut valoir mieux qu'une position supérieure mais aléatoire et une hiérarchie régionale être plus intéressante qu'une hiérarchie centrale ; toutes les combinaisons sont possibles et exigent de cet acteur une intelligence stratégique remarquable. C'est qu'il s'agit pour lui, essentiellement de « patrimoine » à constituer dans un segment de temps déterminé et d'assurer sa formation, hors de la sphère de l'Etat bien entendu, donc le privatiser (comme dans le foncier ou l'immobilier), et parfois hors de l'espace de la nation lui-même (comme dans les placements à l'étranger, ou « investissements algériens à l'étranger » que les économistes devraient mettre en balance avec les fameux « DE »). Ses actions momentanées sont toujours inscrites dans une projection vers le futur, le sien, celui de sa progéniture, de son groupe.
Car son horizon décisionnel va au-delà de sa propre existence, et ses arbitrages intertemporels sont avant tout « intergénérationnels » ; la logique d'accumulation de son patrimoine, que les économistes appellent « dynastique ou hypermétrope » (il voit loin), l'inscrit dans le concept de « la lignée », le temps long donc, à la différence du travailleur salarié qui limite ses perspectives au « cycle de vie du ménage », et surtout du chômeur ou travailleur occasionnel, lequel, vivant au jour le jour reste prisonnier du « modèle myope » . La longueur de « l' horizon décisionnel » de notre entrepreneur fait alors de lui, bien plus qu'un vulgaire « tacticien », « un stratège », et a des effets importants sur la reproduction sociale dans son ensemble. Car, s'il réalise ses opérations dans le présent il doit dans la même foulée, construire leur protection pour demain ; ses actions dépendent donc aussi, du sentiment de sécurité et des assurances nécessaires qui se mesurent à la stabilité de la position acquise et déterminent les niveaux et formes des « prélèvements » opérés.
Une bonne position, mais précaire, peut amener son bénéficiaire à prendre plus de risques et l'éloignant de « l'illicite » à se rapprocher dangereusement des lignes rouges de l'illégal ; notre entrepreneur devient alors un « aventurier », il fait du vulgaire « détournement ». Ce sont généralement ceux qui sont situés dans les rangs inférieurs ou moyens de la hiérarchie décisionnelle qui sont « happés » par l'aventurisme. Et, pour parler comme un économiste, les risques qui seront pris sont en proportion de la précarité vs stabilité de la charge occupée : le rapport risques/profit nécessite un calcul à plusieurs variables avec un paramètre « temps » aléatoire mais décisif. Nous sommes bien dans le domaine des stratégies d'entreprise ; mais alors que l'entrepreneur industriel de Schumpeter, réfléchissant dans l'espace « sociotechnique » de l'entreprise économique, avait concentré son intelligence sur les innovations technologiques et leurs effets sur les taux de profit escomptés par leur mise en œuvre, dans notre cas, le calcul stratégique est bien plus complexe.
L'élément technique y joue un rôle minime car il ne s'agit pas de gagner sur une meilleure productivité du capital, mais d'optimiser ses prélèvements sur la rente en misant sur une consolidation/amélioration de sa position sociale et politique. Son intelligence n'est pas orientée sur les laboratoires de recherches et leurs innovations technologies prometteuses, ce que les économistes appellent la R&D, mais sur les cercles politiques et décisionnels et les combinaisons d'alliance, de clientélisme et de protectorat les plus efficientes que les moralistes nomment « corruption ». Du point de vue strictement technologique, son entreprise est totalement stérile et parfois même négative, quand, importateur par exemple d'un produit quelconque il freinera les tentatives de substitution locales de ce produit ; ce faisant, il augmentera le déficit de la balance commerciale extérieure (hors hydrocarbures), stoppera la mise en place du nouveau segment industriel ou agricole avec ses conséquences sur l'emploi, la formation, etc., et deviendra le meilleur défenseur intérieur et « silencieux » de l'OMC, ce puissant adversaire mondial des politiques nationales d'industrialisation.
Car même s'il l'ignore, notre entrepreneur local de type nouveau est en réalité un authentique partisan du néolibéralisme moderne mais aussi et plus grave, un agent actif, même s'il en est inconscient, de la stagnation technologique de l'économie. Parfois même de sa régression. Pourquoi « entreprendre » un procédé technique nouveau pour fabriquer localement, par exemple un médicament, et donc faire appel aux « compétences locales » qui chôment quand on peut gagner plus et plus aisément en l'important. On accuse souvent les universités de former des « incompétents », mais même s'ils étaient compétents ce n'est pas dans ce modèle qu'ils trouveraient un job ; avec lui, le chômage des cadres n'est pas près d'être résorbé ! Et donc aussi l'émigration, même sauvage des « cerveaux », etc. Mais l'économie n'est pas la seule à subir les effets pernicieux de ce modèle prédateur, il l'est aussi dans la sphère politique car c'est en elle que se trouvent les moyens nécessaires à la tâche.
Son action négative est à double effet : elle agit sur la croissance économique qu'elle déforme et ralentit et sur les institutions politiques qu'elle vide de toute vitalité. Il est un facteur de régression de la première et de conservation des secondes. C'est que son « engagement » politique est lié, bien plus, entièrement dépendant de ses possibilités de s'enrichir : rester fidèle à ses positions politiques initiales, en changer ou même les trahir importe moins que de maintenir ou conforter sa position stratégique car c'est elle qui dicte ses choix, ses allégeances, ses discours. Dans tout cela, le grand perdant est évidemment la réflexion, la pensée politique proprement dite, avec ses controverses obligées et ses débats contradictoires, ses groupes et ses partis. Son affaissement n'est pas lié comme beaucoup le croient et s'en lamentent à la pauvreté intellectuelle de la société, à l'absence de « compétences » qui se comptent aujourd'hui par milliers, mais à l'indifférence de ce nouveau monde politique à l'endroit de l'intérêt public, tout occupé qu'il est par l'œuvre d'accumulation ou plutôt de prédation ; car il s'agit ici de rente à prélever par le jeu des positions dans la société, non de surprofit à générer par celui des innovations technologiques.
Rente et capital ne sont pas identiques. Le côté « idées » ou idéologies, de droite, de centre ou de gauche qui renvoie à des « engagements » et donc aussi à « des vocations » proprement politiques n'est plus pertinent pour l'analyse ; à l'image de son homologue plus prestigieux de Wall Street, cet autre grand « rentier » de la finance mondiale, désenchanté et cynique, c'est le côté pragmatique de l'action qui l'emporte largement chez lui et celle-là se mesure à son efficacité, sa « performativité » pour parler comme les Anglo-Saxons, à son « taguisme » pour rester dans l'intelligence populaire. Dans la subversion de l'intérêt général par les intérêts particuliers, les combats d'idées, — qu'agitent ou se plaignent régulièrement de leur absence les médias —, surfent et couvrent en surface le travail souterrain de « la prédation ». Ils ne pèsent plus grand-chose dans l'allure générale de la société politique (dans ses dimensions micro, méso et macro-cosmiques) qui change par ses atomes (X a remplacé Y) mais reste rigide dans sa structure (Y a pris la place de Z et Z a trouvé une place ailleurs et ainsi de suite).
Comme elle freine l'évolution économique, l'inertie de ce système bloque aussi celle de la sphère politique : le conservatisme est sa loi interne de fonctionnement, le tissu sociopolitique lui fournissant sa force de prédation et l'économie les lieux de son usage. En Chine, Deng Xiao Ping « le pragmatique » qui avait succédé à Mao Tsé-toung « l'idéologue » ne disait-il pas : « Qu'importe la couleur du chat, gris ou noir, pourvu qu'il attrape des souris » ; pour notre « entrepreneur », on pourrait écrire, en paraphrasant Deng : qu'importe la couleur politique de la fonction, rouge, verte ou blanche, pourvu qu'elle soit profitable. Sauf que chez Deng, les chats enrichissaient le pays, ici ils l'appauvrissent, le « cannibalisent » même. La pauvreté remarquable des conflits idéologiques et politiques est donc moins liée à notre avis, à l'inculture de ceux qui en ont la charge, mais à la culture nouvelle de la société. L'activité politique y est devenue une « entreprise » et le modèle ancien, celui que m'a révélé l'affaire Kenwood a disparu.
L'homme politique nouveau est un entrepreneur de type particulier doté d'une intelligence « sociologique » remarquable car il doit manager habilement sa double inscription dans l'action publique comme « serviteur proclamé » de l'intérêt général et dans la sphère économique et sociale comme « individu privé » agissant discrètement pour ses intérêts particuliers, sa « aççabiya » propre, son vrai parti. L'espace dans lequel il mène son entreprise est mouvant et la moindre erreur lui est fatale comme ces nombreuses affaires mal menées qui finissent dans les fuites à l'étranger ou devant les tribunaux. Et sont la multiplicité et la diversité des « aççabiate » qui donnent alors à la marche de la société sa forme paradoxale : un désordre étourdissant qui couvre toutes ses dimensions mais que recouvre l'ordre étonnamment stable, monotone et monocorde de sa superstructure politique. Permissivité et libéralisme dans le domaine socioéconomique cohabitent ainsi avec un conformisme remarquable dans la sphère politique.
Mais ces deux facettes contradictoires de la société expriment parfaitement bien cette dialectique négative qui lie l'ordre autoritaire « régnant » dans la première au désordre libertarien « gouvernant » la seconde ; n'est-ce pas dans cet « entre-deux » que cette catégorie d'entrepreneurs a construit sa niche ? Le nouveau modèle n'est pas particulier à l'Algérie : s'alimentant à l'ambiance mondiale de la culture néolibérale et ses « succès stories », il s'est diffusé ensuite un peu partout dans le monde, au Nord comme au Sud. Dans le Sud, il est simplement plus visible par sa brutalité, dans le Nord, il est plus « soft » mais autrement plus redoutable. Au Nord, nous lui devons la crise financière internationale actuelle, chez nous, celle des idées politiques et de l'évolution erratique de l'économie et de la société. « L'anarcho-capitalisme » dont sont devenus si friands les postmodernes, fondent l'un et l'autre. J'ai esquissé ici une des figures de l'entrepreunariat, qui a toujours existé mais que le modèle néolibéral a rapidement généralisée.
Cela ne signifie pas que ce modèle englobe tous ceux qui ont en charge une forme ou un segment quelconque de l'intérêt général, mais une partie d'entre eux, mais bien plus dynamique que la première et en pleine expansion ; cependant, fortement médiatisée par ses frasques et ses scandales, elle a fini par recouvrir et rendre pratiquement invisible l'activité silencieuse de la première. Par un curieux paradoxe de la liberté d'expression et de la presse, les effets de sa dénonciation en ont fait un modèle, un « exemple », une règle générale que notre modeste maire de l'Est algérien « qui n'a rien compris », peine à ne pas suivre. Mais lui ne fait pas « scoop » et son travail invisible et souterrain n'attire pas « les feux de la rampe ». Quoi qu'il en soit, cette figure ne changera pas quels que soient les membres la composant ; pire, elle se renouvellera indéfiniment tant que l'accès privatif aux ressources de la rente sera permis et facilité par l'entrée dans la société politique.
Ce n'est donc pas au sein de cette dernière que réside l'alternative mais dans la société tout court et dans ses capacités à reconstruire un nouvel espace du politique libéré des appétits rentiers. Les grandes idées et controverses politiques tant espérées ne descendent pas du ciel, portées par un héros ou une poignée de sauveurs, elles se forment « en bas » dans l'expérience sociale des gens et des groupes, car elles ne sont que « la réflexion », dans les catégories du politique, de cette expérience. Ce fut le cas des premiers artisans du mouvement national, les Messali Hadj, Ben Badis, Ferhat Abbas et leurs compagnons et successeurs qui ont émergé laborieusement (un demi-siècle !) de la gangue coloniale pour finalement la défaire. Ce l'était aussi lors des grandes controverses et conflits politiques post-indépendance qui n'inventèrent rien mais ont su traduire, en termes politiques, les deux questions centrales de la société algérienne : comment gouverner le patrimoine économique du pays (socialisme, capitalisme d'Etat, privatisation, nationalisation, etc.) et comment construire son Etat (Assemblée constituante, régime parlementaire, présidentiel, parti unique, pluripartisme, etc.).
C'est en affrontant, souvent durement et tragiquement ces deux questions que leur posait la réalité sociale, que les responsables d'alors se sont hissés au niveau du politique, ont produit du Politique en le servant. Certes, il est de mode aujourd'hui de renvoyer sur eux, en la fuyant, la responsabilité des impasses actuelles ; ils n'y sont pourtant pour rien ! Parce que la production du Politique se fait toujours au présent, le temps du politique à la différence du temps culturel ou archéologique, est tiré par la perception du futur, non pas par les souvenirs ressassés du passé ; ces derniers sont l'affaire des historiens, laissons-les faire leur métier ! Quant à la production du politique, sa re-création, elle reste à « entreprendre » au sens le plus noble du terme, à entrevoir donc dans les interstices d'avenir que laisse filtrer ce présent si affligeant quand on le ramène à ses lointaines origines, et pourtant si prometteur quand, changeant de perspectives, on l'évalue à ses possibilités futures. La vitalité actuelle du mouvement social, comparée à l'asthénie de la sphère politique censée répondre aux questions qu'il pose, en est un exemple, et de taille ! Alors si « le mort saisit toujours le vif » et « si le passé est toujours vécu comme un fardeau qui pèse sur les épaules du présent », c'est que c'est dans le vivant que réside le problème et donc aussi, sa solution. Dans ce domaine, celui de la production du politique, il n'y a aucune rente à espérer ! Mon Kenwood a maintenant trente ans, il fonctionne toujours et me rappelle parfois cette période d'accouchement tragique mais surprenante de notre société politique. Si j'étais malin, j'en ferais un « ancien » de quelque chose et pourrais prétendre à une part d'héritage ; pourquoi pas ?
À la mémoire d'Ali, aujourd'hui décédé.


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