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Germaine Tillion. Un parcours exceptionnel : Chaouiya de cœur
Publié dans El Watan le 22 - 05 - 2010


De notre correspondant à Lyon
Née le 30 mai 1907 en Haute-Loire et décédée, centenaire, le 19 avril 2008 à Saint Mandé (région parisienne), Germaine Tillion avait véritablement démarré sa carrière dans les Aurès par un premier travail d'éthnologie sur cette région algérienne où elle croisera le destin d'hommes et de femmes fiers dans une Algérie opprimée. Hélas, le fruit de cette recherche ethnologique ne sera jamais publié puisque les manuscrits ont été perdus pendant la Seconde Guerre mondiale, après son arrestation en tant que résistante par la Gestapo. Déportée dans un camp de concentration, elle doit sa survie à son caractère trempé. N'est-ce pas dans les camps qu'elle réussira à créer, sur des bouts de feuillets épars, une opérette, Le Verfügbar aux enfers. Aujourd'hui exhumée et remise en forme, cette création est régulièrement jouée par les compagnies théâtrales. Elle le sera une nouvelle fois à Lorient pour l'hommage particulier qui lui est rendu cette année et qui commence la semaine prochaine.
Dans cet hommage, figure notamment un colloque programmé du 26 au 28 mai et qui retracera les grandes lignes de sa vie, de son action et l'inspiration qu'elle a léguée, tant au plan du savoir que de l'éthique. Cette rencontre internationale est organisée par l'université Bretagne Sud, en partenariat avec le réseau scientifique Terra et l'Institut Maghreb-Europe (université Paris VIII). Le fil rouge du colloque, expliquent les organisateurs, est «l'engagement, trait majeur de sa vie, de ses travaux de recherche, de ses combats et de ses passions». Au cœur de ces passions, figure bien entendu l'Algérie où elle retourna en 1955, au moment de la création par Jacques Soustelle, gouverneur général d'Algérie, des centres sociaux. Nelly Forget, ancienne employée de ces services en Algérie et secrétaire générale de l'association Germaine Tillion, en parlera avec la connaissance intime qu'elle a de la disparue et de cette période. Parmi les exclusivités prévues, citons un film inédit, intitulé L'Aurès, réalisé par Thérèse Rivière (collègue de Germaine Tillion au sein de la mission ethnographique dans l'Aurès) et qui sera présenté le premier jour de la rencontre. La projection est très attendue car ce document précieux, autant sur le travail de Germaine Tillon que sur la situation des Algériens dans les années trente, n'a été montré qu'une seule fois, en août 1946, dans un cadre d'ailleurs très restreint. C'est Nancy Wood, biographe de la célèbre ethnologue qui présentera ce film quasi inédit tourné en plein cœur des Aurès.
Germaine Tillion est venue en Algérie en décembre 1934 pour une mission ethnographique en compagnie de Thérèse Rivière, jeune ethnographe du MET (Musée ethnographique du Trocadéro, devenu le Musée de l'homme de Paris), elle aussi étudiante de Marcel Mauss. «Durant sa mission, nous explique la chercheuse, Thérèse a tourné un film, longtemps considéré comme perdu ou jamais achevé. C'est en 2008, aux Archives françaises du film, que j'ai découvert ce document, intitulé L'Aurès. Comme les photos prises par Germaine à la même période (et publiées dans le livre L'Algérie aurésienne, 2001), ce film reste un témoignage précieux de la mission, riche et complexe, des deux femmes et de leurs relations professionnelles et affectives avec le peuple chaoui parmi lequel elles ont vécu.»
Plusieurs chercheurs algériens ont été associés au colloque de Lorient, parmi eux figurent Ouanassa Siari Tengour, du CRASC (Oran) et Djemaâ Djoghlal, militante associative. Madjid Merdaci, de l'université Mentouri de Constantine, présentera une communication intitulée «De Ben Badis à Tillion : l'émancipation par l'instruction». Ali Benali Zineb, professeure à Paris VIII, abordera le personnage sous un angle contrasté : «Tillion : entre la lumière blanche et l'obscur rayon». Le vénérable, mais toujours fringant ancêtre de la cinématographie algérienne, René Vautier, sera bien placé pour parler du premier terrain d'études de Tillion avec une communication «Avoir 20 ans dans les Aurès : écrire l'histoire pour aujourd'hui et demain». Le réalisateur évoquera sans doute la constance et la fidélité de l'ethnologue qui n'a jamais perdu le fil de son intérêt et de ses recherches sur l'Algérie puisqu'elle publiera, en 1957, un livre qui a fait sensation et qu'on relit encore aujourd'hui avec bonheur, L'Algérie en 1957. Olivier Mongin, rédacteur en chef de la revue Esprit, développera le thème «Face à toutes les expériences concentrationnaires», titre qui suggère une présentation des engagements de la grande dame contre les répressions du nazisme puis celles du colonialisme. Armelle Mabon, maître de conférences à l'université de Bretagne Sud, dont on avait traité dans ces colonnes de l'excellent travail sur les prisonniers indigènes (Ed.
La Découverte), abordera «Germaine Tillion et les prisonniers ‘'indigènes'' : de l'entraide à la résistance». On parlera sans doute de son assistance courageuse, en pleine bataille d'Alger, aux prisonniers condamnés à mort et ses multiples interventions pour que leurs peines ne soient pas exécutées. Enfin, Jean-Philippe Ould Aoudia, de l'association Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, assassinés en mars 1962 par l'OAS au centre social de Ben Aknoun (Alger), traitera justement des «Centres sociaux éducatifs et la guerre d'Algérie». Christelle Taraud, professeure à la Columbia University, tracera, pour sa part, les parcours de «Djamila Boupacha et Djamila Bouhired», deux icônes féminines de l'engagement dans la guerre d'Algérie, pour lesquelles Tillion avait investi beaucoup d'elle-même. Qu'est-ce qui poussait «l'engagement du chercheur dans un terrain miné ? Quels sont les motivations et les enjeux de la prise de parole mais aussi les angoisses, les risques et les dangers ?» précise la présentation de la communication d'Abderrahmane Moussaoui, anthropologue à l'université de Provence. Aïssa Kadri, professeur de sociologie à Paris VIII, dira quel était «l'engagement des instituteurs en Algérie».
Augustin Barbara, professeur de sociologie à l'université de Nantes, abordera un thème original qui mettra en confrontation deux itinéraires hors du commun pendant la guerre d'Algérie, ceux de Germaine Tillion et d'Albert Camus. Questionnée un jour sur sa philosophie de la vie, la réponse de l'ethnologue avait été directe : «Je n'en ai qu'une seule : sauver des vies, quelles qu'elles soient, sans distinction.» Elle rejoignit l'action d'Albert Camus quand il organisa le 22 janvier 1956 à Alger «l'Appel en faveur d'une trêve civile», objet à ce jour de controverses. On sait que durant la bataille d'Alger, Germaine Tillion rencontra clandestinement Yacef Saâdi dans sa cache de La Casbah et obtient de lui la cessation, pendant plusieurs semaines, des attentats. Oliver Todd a rapporté pour sa part le témoignage suivant : «Selon Jean Daniel et Germaine Tillion, Camus intervient dans plus de cent cinquante affaires. Malgré ses différends avec Daniel, il reste en contact avec lui à propos de demandes de grâce (…)» Dans ces moments tragiques, Tillion comme Camus développèrent de manière différente des engagements qui relevaient d'une éthique pour la vie. Ils s'opposaient au principe de «la fin justifie les moyens ». C'est bien ce qui continue de faire débat encore à ce jour en rapport avec la lutte du peuple algérien pour l'indépendance et la dignité, face à une emprise coloniale qui ne voulait rien lâcher. En tout était de cause, la parole est aux historiens.
|Pour en savoir plus
– Pas moins d'une demi-douzaine de biographies (dont celle écrite par Jean Lacouture, Le Témoignage est un combat, Seuil, Paris, 2000), a été consacrée à Germaine Tillion ainsi que onze films documentaires. Les éditions du Seuil (Paris) ont publié plusieurs livres pour découvrir son œuvre. Signalons, sous la direction de Tzvetan Todorov, Le Siècle de Germaine Tillion (Paris, octobre 2007, 378 p.) contenant des contributions d'auteurs sur l'ethnologue, ainsi que dans la collection Opus, Combats de guerre et de paix (Paris, 2007, 822 p.), une compilation de la quasi-totalité des textes de l'ethnologue. Ses propres ouvrages constituent cependant la meilleure des références pour découvrir ses travaux de recherche et ses engagements. Elle a écrit plus de dix ouvrages parmi lesquels figurent les fameux : L'Algérie en 1957 (1957), L'Afrique bascule vers l'avenir (1959), et Le Harem et les cousins (1966).|


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