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Californie : Lorsque vacciner son bébé n'est plus à la mode…
Publié dans El Watan le 23 - 07 - 2010

A certains jours, Amanda est fleuriste dans la boutique qui lui appartient, à d'autres jours elle relit des épreuves de romans pour de grandes maisons d'édition californiennes, à d'autres jours encore, elle est critique d'art. Trentenaire resplendissante, elle aime compiler les métiers qui la passionnent mais par-dessus tout au monde, elle adore son tout nouveau métier : mère d'Helen, sa petite fille de 6 mois. Son compagnon, David, est programmeur informatique, végétarien taciturne, il ne semble s'animer qu'à l'évocation des bienfaits de l'acupuncture et des «médecines chinoises». Ils vivent dans un des quartiers branchés du centre-ville de San Francisco, The Mission, où les jeunes couples qui réussissent dans la vie comme eux aiment tout ce qui est alternatif : cinéma, musique, cuisine, mode vestimentaire et jusqu'à la… médecine. Personne ne peut soupçonner Amanda et David de n'être pas des parents aimants et attentifs, et c'est bien en tant que tels qu'ils ont décidé de ne jamais faire vacciner leur bébé. Ni contre la rougeole, ni contre la tuberculose, ni contre la polio, pas même contre le tétanos ou l'hépatite… Toutes ces maladies dont la simple évocation ferait trembler de peur n'importe quel parent ne semblent pourtant pas leur faire aussi peur que les vaccins. Amanda et David ne sont pas seuls en Californie, ils sont parmi les fleurons d'un mouvement encore très marginal mais qui s'étend rapidement et qui inquiète de plus en plus les professionnels de la santé publique aux Etats-Unis : les sceptiques de la vaccination.
Immunité
Ce couple d'universitaires aisés considère la vaccination des bébés comme une pratique arriérée. A la question de savoir si elle envisagerait de vacciner Helen un jour, Amanda frissonne, grimace et détourne le regard, un peu comme si elle projetait de lui inoculer du poison : «Il n'est pas question que je fasse injecter tous ces produits nocifs, toutes ces saloperies dans le corps de ma fille. Son corps peut se défendre naturellement, la vaccination obligatoire des enfants est une invention des grandes firmes pharmaceutiques pour se faire encore plus d'argent», dit-elle dans une moue de certitude totale. Aux Etats-Unis, comme dans le reste du monde, la vaccination des enfants contre certaines maladies est obligatoire mais dans la plupart des Etats, la loi a prévu des possibilités d'exemption : les parents peuvent ainsi refuser de vacciner leur bébé pour raisons de santé, pour des raisons religieuses ou philosophiques, et jusqu'au milieu des années 1990, le pourcentage d'enfants exemptés de vaccination ne dépassait pas les 1% en Californie. En 2008, il est passé à 2,6% et continue d'augmenter. Cette augmentation du nombre d'enfants non vaccinés inquiète les médecins et pédiatres car elle tend, à long terme, à éroder l'efficacité de ce que les spécialistes appellent l'immunité grégaire : tant que la proportion d'enfants non vaccinés était minime et contrôlée, ces enfants étaient protégés par l'immunité du reste de la communauté et eux-mêmes ne faisaient pas courir de risques aux autres, mais plus le nombre d'enfants non vaccinés augmente, plus les risques augmentent évidemment.
Rougeole
Certaines maladies qui avaient pratiquement disparu depuis quatre ou cinq décennies sont en train de réapparaître. En 2008, une épidémie de rougeole a éclaté à San Diego, la coqueluche est en train de faire un retour assez fracassant dans certaines régions ou communautés de Californie : selon la revue Pediatrics, le nombre de cas de coqueluche est passé de 1000 en 1976 à 26 000 en 2004. Mais ce qui nourrit le plus les craintes des médecins est ce qu'ils appellent le phénomène de «clustering» : des segments de communautés où la majorité des enfants sont non vaccinés sont en train de voir le jour, car les parents qui ne vaccinent pas leurs enfants vivent généralement dans les mêmes quartiers, villages ou communautés ou ont tendance à envoyer leurs enfants aux mêmes crèches, jardins d'enfants ou maternelles. Ainsi, le taux de 2,6% d'enfants non-vaccinés enregistré dans tout l'Etat de Californie grimpe à 6% dans le très huppé Marin County, au nord de San Francisco. Ce sont donc ces nouvelles «poches» de populations où les pourcentages de vaccination tombent bien en dessous de la moyenne qui inquiètent véritablement car elles font augmenter de manière totalement disproportionnée les risques de retour de maladies graves qui avaient été éradiquées, selon le Los Angeles Times. Des spécialistes américains parlent de 10% des écoles primaires de la Californie en risque d'épidémie.
Stars hollywoodiennes
Mais d'où vient donc cette étrange «haine du vaccin» ? La méfiance profonde qu'ont les Américains, toutes catégories sociales confondues, envers leur système de santé et les grandes firmes pharmaceutiques, est essentielle à la compréhension de ce nouveau phénomène de société mais elle n'explique pas tout. Les médias américains imputent le départ de la croisade anti-vaccins aux Etats-Unis à la publication, en 1998, d'une étude dans une revue médicale britannique prestigieuse reliant l'autisme des enfants aux vaccins contre la rougeole, oreillons et rubéole. Cette étude qui a depuis été démentie par des dizaines d'autres demeure pourtant le fer de lance d'un grand nombre d'organisations américaines qui se battent contre l'obligation de vaccination des enfants. La plupart des militants de ces associations sont des parents d'enfants autistes et certains chefs de file sont des stars hollywoodiennes qui se font, à la télé, à la radio et bien sûr sur internet, les ambassadeurs bruyants et coléreux du mouvement anti-vaccins aux Etats-Unis. Ainsi, même si scientifiquement rien n'a été prouvé sur les pseudo-liens entre autisme et vaccins, le fait que beaucoup de parents observent les premiers symptômes de l'autisme chez leur enfant autour de l'âge de 2 ans, qui coïncide avec le moment où sont injectés une multitude de vaccins et rappels, alimente cette paranoïa du vaccin.
Couches écolo
La mode du retour à la nature chez les jeunes urbains qui en ont les moyens explique aussi ce refus de la vaccination qui, en réalité, fait partie de tout un mode de vie soigneusement organisé : Amanda et David ne dérogent pratiquement jamais à la règle de ne manger que de la nourriture bio, ils s'habillent bio, n'utilisent jamais de détergents pollueurs, recyclent leurs déchets, préfèrent acheter meubles et appareils usagés plutôt que neufs. Ils détestent tellement l'idée de l'hôpital que la naissance de Helen a précautionneusement été préparée pour avoir lieu à la maison, en présence de trois sages-femmes dûment interviewées avant d'être recrutées dans les derniers mois de la grossesse pour suivre de près et de manière personnalisée l'état d'Amanda. Les couches du bébé ne sont évidemment pas des couches jetables, elles sont distribuées propres et collectées après usage par une petite société privée championne du lavage écolo des couches-bébé.
Un mode de vie qui exige un certain niveau de revenus et d'instruction et qui, souvent, sous-tend une certaine idée de soi comme appartenant à la catégorie des êtres privilégiés, ceux qui peuvent s'offrir le luxe de «ne pas être vacciné». Les statistiques géographiques sur la non-vaccination des enfants en Californie sont indicatrices du fait que plus le niveau de vie des parents augmente, plus le taux de non-vaccination des enfants suit. Amanda et David ne le disent pas ouvertement mais ils reconnaissent, un peu mal à l'aise, que s'ils ont décidé de courir le risque de ne pas vacciner Helen c'est parce qu'ils savent que leur fille vit dans un monde où la majorité des personnes sont vaccinées et qu'elle profitera donc de cette immunité des autres. Un peu comme une démarche parasitaire. Ils n'avaient pas compté avec le fait que la minorité dont ils pensaient faire partie est en réalité en train de devenir la majorité au cœur même de leurs territoires de privilégiés.


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