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La liberté de la presse est limitée dans les systèmes politiques totalitaires
Publié dans El Watan le 09 - 05 - 2010

La presse a connu les phases les plus difficiles de son histoire qui l'a vu naître, soumise au contrôle du pouvoir chez qui grandit la tentation d'exercer sur elle des pressions administratives, financières et judiciaires, commises avec préméditation et ténacité. La mutation majeure tient au fait que les deux tiers de la population mondiale ont obtenu la libération politique au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, en chassant la domination étrangère. Ce n'est pas vrai. C'est l'indépendance nationale qu'ils ont obtenue, et non nécessairement la liberté. C'est là tout le problème. En l'espèce, l'enjeu porte sur la liberté individuelle. La confusion est entretenue entre les droits de l'Etat et ceux de la personne humaine. La liberté de la presse n'est pas un droit détenu par l'Etat mais par les citoyens, et c'est une liberté par rapport à l'Etat. Les intérêts individuels et par conséquent ceux de la nation sont mieux servis par un journalisme libre et ouvert, par une presse indépendante et pluraliste. Le déni de la liberté de la presse est le déni de la liberté même de l'individu.
L'Etat de droit s'oppose au droit de l'Etat
Le droit n'est pas l'Etat, il le dépasse et le limite. Un Etat de droit, c'est celui qui reconnaît des droits et des lois qu'il ne peut transgresser, c'est celui qui est soumis au droit, respecte le droit qui imprègne la société et investit le pouvoir. L'état d'urgence s'inscrit dans un Etat de non-droit. La liberté de la presse est limitée par l'état d'urgence qui est un verrouillage de l'expression démocratique qui ouvre la voie à la raison d'Etat, règne de l'injustice et de l'arbitraire, moment où l'Etat déraisonne, perd la raison. Le droit de se rassembler et de manifester pacifiquement est un acquis et un des signes visibles de la démocratie. Dans les pays de non-droit, quand la population descend dans la rue, c'est à ses risques et périls, et les risques sont grands, les périls certains.
Le droit à l'information, qui est lié à la liberté d'informer, est distinct du droit d'expression et de la liberté de la presse. L'information n'est pas un vulgaire produit de consommation, mais l'animatrice du débat politique qui est l'hygiène et même l'oxygène de la vie publique. la question fondamentale à se poser pour assurer une circulation de l'information libre, simple, vivante, juste, objective et diversifiée, est celle-ci : les hommes et les femmes reçoivent-ils l'information nécessaire pour avoir une large compréhension de leur société et du monde ? De plus, ont-ils le droit d'exprimer leurs préoccupations par leurs points de vue ? Les problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels présentent aujourd'hui une telle complexité que sans une opinion publique bien informée, il est difficile de les comprendre et de les résoudre. Le droit d'accès aux sources d'information est très limité.
Certaines sources sont fermées aux journalistes. Qu'en est-il, Monsieur le secrétaire d'Etat chargé de la Communication, chargé d'élaborer le code de l'information qui doit être un contrepoison, mais administre le poison de la liberté de l'information, et de l'indépendance des journalistes ? Le code de déontologie journalistique et de l'éthique est avant tout l'affaire des journalistes, de leurs organisations professionnelles, non de l'Etat, du gouvernement ou de tout autre groupe de pression de quelque nature que ce soit. L'information radiotélévisée est contestée de toutes parts. La télévision est au service du pouvoir, c'est une nouvelle période d'obscurantisme de l'information. Elle ne joue pas son rôle de service public de l'information et d'éveil culturel.
L'image à la télévision possède un grand pouvoir de suggestion, mais on peut tout lui faire suggérer. Il est nécessaire de permettre la création de chaînes de télévision libres de toutes pressions, libres de leurs choix, libres d'offrir à leurs auditeurs des œuvres diverses, ambitieuses, dignes d'attention. Les journalistes de la télévision unique et de la radio unique sont ils des journalistes ou des fonctionnaires de l'information ? Le président-directeur général de la Télévision, qui est à la totale discrétion du pouvoir, exerce une emprise totale sur les journalistes obligés d'obéir et de se taire. En dépit de ce climat, les journalistes de la télévision ne veulent pas devenir des porte-micros, des techniciens de l'information.
La liberté de la presse est une conquête fragile qui doit être protégée
La presse doit être libre et jalouse de sa liberté, qui est liée à la liberté d'informer. Pour Victor Hugo : «le principe de la liberté de la presse n'est pas moins essentiel, n'est pas moins sacré que le principe du suffrage universel». La presse doit respecter les trois piliers définis par Hubert Beuve-Méry, à savoir : «liberté, vérité, responsabilité, sans oublier que les faits sont sacrés et doivent être séparés des commentaires.» La réponse à la liberté de la presse se situe à deux niveaux : celui de la théorie et de la réflexion tendant à préciser et à approfondir ce concept d'une part, et celui de la recherche des voies et moyens par lesquels l'action concrète devrait s'exercer, d'autre part. La théorie et la réflexion ne peuvent être dissociées de l'action. les deux missions principales de la presse sont d'informer et d'assurer la liberté d'expression, qui impliquent le pluralisme de l'information, car tous les progrès de la pensée sont nés du dialogue et de la contradiction.
Il faut favoriser la libre expression des opinions divergentes, et la confrontation des idées. la nécessité de former les personnels qualifiés indispensables à la production des programmes, en mettant l'action sur la rédaction, l'interview, la recherche, l'investigation est une priorité à réaliser dans les meilleurs délais. La presse privée s'améliore, sort du conformisme et de l'uniformité, gagne de plus en plus la confiance des lecteurs. il y a un vide politique et intellectuel qu'elle tente de combler. Est-ce que l'Algérie a une presse digne de ce nom, ou pas encore ? Certains journalistes disent de la presse, dont le pouvoir est limité par sa diversité, car elle n'est ni unie ni une, qu'elle serait «un quatrième pouvoir». Encore faudrait-il que le législatif et le judiciaire existent, car bien que hautement proclamés par la Constitution, ils sont réduits dans la réalité à leur caricature, car il n'y a pas séparation mais confusion des pouvoirs. La presse n'a pas la légitimité et la crédibilité que l'élection confère au pouvoir exécutif ou législatif, par application du principe qui veut que tout pouvoir est fondé sur la délégation du souverain, le peuple. Certains journaux reconnaissent qu'ils appliquent l'autocensure, qui fait qu'on obéit sans recevoir d'ordre, non pas pour des raisons que leurs rédactions jugent bonnes, mais par crainte de représailles administratives ou judiciaires. De quelle arme disposent les droits de l'homme pour alerter l'opinion publique, si ce n'est la presse ? Les droits de l'homme, qui sont au service de la personne humaine, «de l'Homme, de tout homme et de tout l'homme» selon l'expression de Jean Paul Sartre, de sa dignité et de ses droits, est une grande cause qui mérite que les journalistes agissent et écrivent pour elle, car toute oppression et toute répression se nourrit de silence. Les atteintes à la liberté d'expression viennent aussi de la presse. La presse, comme la fameuse langue d'Esope, est soit la meilleure soit la pire des choses.
La protection des journalistes
Le journalisme est une profession en lutte face à des harcèlements, des menaces de représailles, et à d'autres pressions qui ne sont pas moins intimidantes. Lorsque le fond d'intolérance s'accompagne d'insultes, de menaces ou même d'agressions physiques contre les journalistes, surtout les correspondants de presse à l'intérieur du pays par les représentants locaux du pouvoir, le moment n'est pas loin où il n'y aura ni liberté d'expression ni liberté tout cours. La première urgence est de mettre fin à la répression qui frappe les journalistes, et qui atteint, avec les condamnations en série, l'intolérable qui ne peut être toléré. Il faut dépénaliser le délit de presse pour expurger de son venin le code de l'information, qui n'est qu'un code pénal bis. La liberté d'expression et d'opinion du journaliste bénéficient de la protection assurée en vertu de l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme : «tout individu a le droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions, et celui de rechercher, de recevoir et de répandre sans considération de frontières les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit». Il faut aussi avoir à l'esprit l'engagement contenu dans la Constitution de l'Unesco de «promouvoir la libre circulation des idées par le mot et par l'image». En théorie, mais il s'agit seulement d'une théorie juste dans ses principes, tout pays qui adhère à l'ONU et à l'Unesco s'engage a défendre la liberté de la presse.
La presse doit rechercher la vérité et la dire
Une presse d'investigation, qui dévoile la violation de la loi et la corruption, est nécessaire. Le travail d'investigation dans la corruption est devenu un scandale politique. la corruption, qu'elle soit active, c'est-à-dire concernant celui qui corrompt ou passive, touchant celui qui reçoit, suppose dans les deux cas qu'il y ait transfert de richesse et pour tout dire d'argent. Les dirigeants ne peuvent plus rien cacher, ni ce qu'ils sont, ni ce qu'ils font. Les ministres responsables de secteurs où la corruption est dévoilée, doivent démissionner comme cela se fait partout dans le monde, pour que l'Etat garde sa dignité et ne soit pas interprété comme le royaume des grands brigandages. Des clans du pouvoir donnent la moitié de la vérité et ne permettent pas que l'on découvre ou que l'on dise l'autre moitié. Tout finit par se savoir de plus en plus vite et partout, y compris là où le pouvoir tente encore d'assurer sa survie par le silence.
La maladie du secret est érigée en doctrine par le pouvoir, notamment en ce qui concerne la maladie du Président et la crise au sommet de l'Etat. Le problème des rumeurs vient du manque de communication du pouvoir. La désinformation, terreau fertile de la rumeur propagée et amplifiée par la rue, la crédibilise et l'élève au niveau de source d'information. Il faut entendre la protestation populaire qui enfle, se durcit, lance des cris d'alarme. L'Algérie a besoin d'un changement de son personnel politique. Chaque dirigeant doit reprendre à son compte le célèbre poème arabe : «donnez moi la liberté, j'ai déjà tout offert et plus rien à donner». La crise est au sommet de l'Etat, elle existe, ce n'est pas le peuple qui l'a créée, il faut la résoudre non pas par un changement dans le régime politique, mais par un changement de régime.
Quelques réflexions sur la relation entre la liberté de la presse et les droits de l'Homme :
l- Quel est le degré d'indépendance réelle de la presse vis-à-vis des cercles officiels, des pouvoirs occultes et celui de l'argent ?
2- La presse est-elle le 4e pouvoir ou l'instrument du pouvoir ?
3- L'indépendance de la presse est-elle un mythe ou une réalité ?
4- La liberté de la presse est-elle réelle ou connaît-elle des entraves ?
5-La presse est-elle le miroir dans lequel s'observe la société ?
6- Pourquoi la presse se réfugie-t-elle dans un silence prudent et embarrassé devant la crise politique au sommet de l'Etat ?
7- Est-ce que l'Algérie a une presse digne de ce nom, ou pas encore ?
8- La presse respecte-t-elle le droit de réponse, ouvre-t-elle ses colonnes à ceux qui le demandent ?
9- Les journalistes, qui sont des faiseurs d'opinion, entretiennent-ils l'illusion démocratique ?
10- La presse joue-t-elle le rôle d'auxiliaire de la démocratie ?
Cette rencontre, d'une remarquable et haute qualité, par sa forme, sa présentation, sa densité, ses résultats qui ne sont pas partiels ou partiaux, mais complets, ouvrira la voie à plus de liberté et plus de justice. car il n'y a pas de liberté sans justice ni de justice sans liberté.


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