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Empreinte
La vie n'est pas une photographie (2)
Publié dans El Watan le 10 - 02 - 2005

Peu importe donc ce que l'acte photographique raconte d'un sujet en train de photographier. C'est-à-dire en train d'établir un rapport particulier, personnel et singulier à l'espace, au temps, aux corps, aux visages, à la matière, à la lumière et à la profondeur. Rapport singulier donc, mais qui renvoie à une histoire, à une situation, à une posture.
Peu importe ce que le photographe raconte, mais ce qui compte, c'est la lecture qu'on en fait le voyeur. Celui qui regarde et qui va anticiper sur ce qu'il voit pour se faire son propre imaginaire à travers une lecture traversée par son propre destin, sa vision du monde et ses rapports à l'autre. D'où, encore une fois, cette chose à la fois étonnante et en même temps ridicule du roman-photo, avec tout le succès qu'il a eu pendant le vingtième siècle. La photographie a besoin d'une lecture souvent romanesque. Imaginaire d'une préhension, d'une captation, d'une compréhension ou d'une saisie sur le vif de soi-même et de l'histoire. « Elle est alors une vivisection qui est aussitôt couture, raccord dramatique avec le liant du monde, son continuum de temps et d'espace, sa capacité à produire, dans la gélatine, du sens et des sens, sa maîtrise à fonder les cristaux du langage poétique », écrit Anne-Marie Garat dans un livre intitulé Chambre noire paru en 1990 aux éditions du Seuil. Cette capacité de la photographie à être toutes ces possibilités ouvertes permet de lire, donne à voir. Et grâce à toutes ces variantes, peu à peu l'appareil devient presque inutile, obsolète. On se met à prendre des images, surtout sans appareil, sans objectif. Les images vont s'accumuler dans... l'imaginaire et devenir, par ce surplus de visions entassées, obsédantes. De cette obsession naît le besoin d'écriture, d'abord, puis l'acte de l'écriture, ensuite. Qui n'est qu'une succession et une accumulation de futilités. Les photos débordent l'écrit et bornent la mémoire. Elles l'encadrent parce qu'il y a danger de profusion, de glissement. Et d'excès donc. La photographie se transmutant en écriture devient un élément fondamental de la mise en scène, de la mise en place et de la mise en aplat du texte. Mais cette mise en scène se fait dans l'ordre/désordre de l'histoire narrative ou événementielle. Dans ce cas-là, il n'y a pas de plan. Il n'y a pas de scénario. Il n'y a pas de canevas, parce qu'il y a un encadrement, un bornage préconçu, etc. L'histoire romanesque d'une photo que l'on regarde et que l'on montre nécessite très vite un traitement littéraire, nécessairement mythomaniaque et grossissant. Parce que la photographie donne une lecture des choses et installe le souvenir comme donnée vitale de toute création, selon Proust, qui n'a pas cessé de répéter qu'« écrire, c'est se souvenir ». Se souvenir de ses propres images vécues, regardées ou fantasmées, mais aussi des images des autres, voire des textes des autres, les mettre en valeur, voire les améliorer, « les parachever », disait Picasso en parlant de Matisse : « Je l'ai tellement regardé que je l'ai copié. » Et vice versa. Matisse à son tour n'a jamais cessé de clamer son propre « plagiat » picassien. Cette passion de revisiter, de réécrire et de retravailler les textes des autres est très forte chez les peintres, à la limite plus honnêtes que les écrivains. Arrivés à leur apogée, les peintres se mettent à repeindre les grands maîtres. Picasso, le plus génial d'entre eux, va refaire Poussin (La Chartreuse), Millet (L'Angelus) et Delacroix (Les Femmes d'Alger dans leurs appartements). Cette façon qu'ont les peintres de déconstruire les tableaux de leurs maîtres, pour leur rendre hommage, est assez émouvante. De l'écriture picturale (la photographie est une tentative de dépasser la peinture) à l'écriture photographique et à l'écriture romanesque qui ne peut pas se passer des différentes écritures, l'art du roman transporte encore et fait voir (la métaphore ou la métonomie) le brouillon qu'est toujours un texte littéraire. Mais capable de nettoyer (de mettre au net, donc) les grumeaux, les impuretés et les ratages qui font le temps, l'espace, les personnages à l'intérieur du contexte social ou historique. On y engage sa vie et la vie des autres. Sinon, comme le dit Schiller, cela ne sert à rien : « Si l'on n'engage pas sa vie, on ne peut rien gagner. Gagner, c'est-à-dire réussir quelque projet, le mettre à jour, le concrétiser. Parce que engager sa vie pour la sauvegarder est une illusion. Car toute vie est nécessairement un échec. » L'écriture romanesque, donc, permet de mettre en jeu ce qui est en nous et hors de nous, dans le même et perpétuel commencement, comme un rite d'apprentissage de passage et d'initiation. La vie n'est donc pas une photographie. C'est quelque chose de plus. Quelque chose de moins.

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