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Le couscous d'Issen Rebbi et les trois Abdelaziz
Publié dans El Watan le 30 - 05 - 2011

Son ironie traduisait la réalité de son temps, mais ses manières étaient douces et ses paroles demandaient réflexions. Kaïd Ahmed était une figure symbolique du nationalisme algérien et de la lutte de Libération nationale. Il est parti du parti sans laisser châteaux et bijoux à Montreux. A l'occasion de la «ouaâda» de Sidi Belgacem dans la capitale rostomide en 1976, le commandant Slimane disait : «En Algérie, les applaudissements et le couscous en vrac ne confirment pas nécessairement un accord ou une alliance politique. Les youyous de nos femmes n'annoncent pas souvent la joie. Ils peuvent parfois traduire un grand chagrin ou graver un désaccord ou une déception.»
Quarante ans plus tard, après un couscous royal bien avalé sous une tempête de youyous, un politicien, connu comme démagogue, adresse un discours politique à la population de Constantine. «Chers Constantinois, je suis très heureux d'être parmi vous. Sans mentir, je suis un politicien très sincère qui reconnaît que votre couscous est très délicieux et vos voyous, je m'excuse, vos youyous démontrent votre grandeur. Je suis venu cette fois-ci pour vous rassurer que je suis le seul homme en Algérie qui pense à vous. Je suis le candidat d'un parti historique. Ahamdou Allah, tout va bien chez nous. Je vous donne ma parole et je confirme les engagements de mon parti. Une fois sur le fauteuil du pouvoir, notre parti va modifier encore la Constitution. Dans ladite Constitution, un article sera exclusivement réservé à la ville de Constantine. Cet article va réactiver de nouveau le plan de Constantine. Dans ce plan, nous allons démolir tous les ponts pour construire d'autres plus modernes. Vous savez très bien que depuis le départ des Français, aucun pont n'a été refait.»
Ce type de personnage symbolise la honte. Une honte qui se défoule sous la tente du tyran libyen, et discourt, en langue de bois, les idées qui ont détruit tous les principes de nos martyrs.
Les Constantinois répliquent par des applaudissements et des youyous. Les applaudissements rappellent l'histoire du successeur de Mohamed Cherif Messaâdia et le couscous scientifique qui l'a éjecté de son poste de chef de parti. Les youyous démontrent, peut-être, le refus de Bouteflika de prendre la présidence de ce parti.
Un autre politicien, sans parti et sans patrie, accompagné de sa smala, se déplace vers le petit Paris algérien pour remplir son ventre d'un couscous soigneusement préparé par des femmes venues de Sebdou. Après le couscous, il s'adresse avec grand enthousiasme aux gens de Sidi Bel Abbès et dit : «La semaine passée, mon rival était à Constantine. Il a garanti aux Constantinois un grand projet de rénovation et d'innovation. Je vais faire la même chose chez vous.» Un de ses proches lui souffle à l'oreille : «Chef, il n'y a pas d'oued qui coule dans la ville de Sidi Bel Abbès.» Le politicien continue : «Vous savez très bien que je n'ai pas fait la révolution, car j'avais 20 ans en 1959. J'ai préféré finir mes études en France. Mes études me donnent l'archétype du révolutionnaire sans ablutions. Je sais très bien que vous n'avez pas de fleuve qui court dans votre ville. Je vous promets, une fois au pouvoir, que des ponts seront construits, et je m'engagerai à vous ramener de grands oueds espagnols pour passer sous vos ponts. Utilisez votre imagination politique et regardez bien votre avenir. Sidi Bel Abbès était le petit Paris pendant l'ère coloniale, mes idées importées de France vont transformer votre ville coquette en ville caquette. Il faut croire à mes paroles, le ‘‘a'' et le ‘‘o'' se confondent dans ma politique. Sidi Bel Abbès flottera dans l'eau, je dis flattera et ressemblera sans faute à Venus l'italienne. Nos discours politiques ressemblent à nos couscous. Rien de plus délicieux qu'un couscous, rien de plus amer qu'un couscous lorsqu'il dure. Il y a des couscous paisibles et il y a des couscous belliqueux. Un couscous, l'épaisseur et la couleur d'un couscous, c'est toute la différence entre le calme et les troubles, entre la confiance et le doute, entre l'accord et la rivalité, entre la compréhension et la brouille, entre la joie et la trouille, entre les félicitations dans la gaieté et les sincères condoléances après les obsèques.»
L'odeur du couscous qui fuit d'une demeure dans une «dechra» annonce un charme événement dans le hameau, un mariage ou ce qu'il y a de plus malheureux, un décès non programmé.La politique de couscous bien garni signifie corruption en France. Un couscous royal dans un restaurant maghrébin au treizième arrondissement à Paris allège la bureaucratie française. Chez nous, le couscous arrondit, par excès, les résultats des élections et le couscoussier raffine les idées politiques confuses. Ces jours-ci, le couscous apeure les esprits faibles et ignorants qui logent dans un couscoussier de paille de Tala Imsan. Certains chefs de parti prétendent contrôler la vapeur qui pousse les rumeurs. Sarkozy a bien rempli sa panse de couscous délicieux transférés du Maghreb durant sa campagne électorale. Il rumine encore l'ancien couscous, et se prépare à manger un couscous chez nous si rumeur est exacte, et si et seulement si notre couscoussier n'est pas bien étanche.
Chez nous, les femmes roulent le couscous et s'apprêtent à un événement important. Elles ont déjà formé une équipe pour faire ce travail. Elles roulent et chantent en chorale : «Le peuple algérien n'est pas trop exigeant. Il demande un plat de couscous paisible garni de dignité.» Elles répètent le refrain : «La révolution s'installe là où la dignité décampe.» Le couscous fin parsemé de raisin sec sans pépins et couvert d'une petite couche de sucre glacé est un couscous destiné aux bouches bien sélectionnées. Les Algérois l'appellent «mesfouf» lorsqu'il est mélangé aux petits pois de Mostaganem. Les habitants des Hauts-Plateaux l'abrègent en «sfouf». Les Constantinois adorent le «mesfouf» lorsqu'il est garni de noix miellées. Quant aux gens de Tlemcen, ils décorent le «mesfouf» d'amandes recueillies à la forêt d'Ahjir et l'embellissent de motifs faits de cannelle à essence agréable importée de Chine. Ce couscous affiche l'aisance et la délicatesse de la bouche qui le consomme. Il faut être très riche pour se permettre un «mesfouf» au plateau de Lalla Setti, dans la capitale du folklore franco-musulman ces jours-ci. Le couscous brun préparé à base de gains de blé dur de Sétif ou d'orge de Tiaret s'appelle «hamoum».
La matière première de ce couscous se conserve dans un silo humide pour fermenter et donner une odeur spéciale et un goût particulier. Les montagnards de l'Ouarsenis, du Djurdjura et des Aurès adorent ce couscous. Quelques cuillères de ce couscous, sous l'ombre d'un figuier, symbolisent la verticalité et la dureté de la personnalité du montagnard algérien. Les colons de Toulouse se souviennent encore de ce couscous. En général, les politiciens qui se nourrissent de «hamoum» ne sont pas hypocrites. Ils sont sincères, directs et n'aiment pas les flatteries. Ils tiennent leurs promesses et se retirent toujours en héros. Le couscous gros calibre s'appelle «mardoud», et les femmes l'adorent. Il occupe une place mystique chez les gens de Laghouat. On le prépare à l'occasion d'un nouveau-né. La cherté de la vie espace les naissances et raréfie ce plat. Si Mohamed de Oued Souf reconnaît que le «mardoud» est le plat des pauvres.
Très débrouillard, il se hâte et ouvre un restaurant de «mardoud» à Genève. Il vous assure que son «mardoud» est fait maison. Il vous garantit qu'il n'est guère dégradant de déguster «un mardoud» bien chaud dans la capitale des banques quand vous vivez en réfugié politique à Genève. Il sourit et vous explique : « Quand il fait froid, quand vos proches sonnent les dernières pièces de franc suisse transférées illégalement d'Algérie vers cette capitale trop chère, le ‘‘mardoud'' vous rappelle votre jeunesse intègre et les remords vous aimantent vers le bled.» Le couscous «un millimètre» est un couscous pour les grandes «zerdas». C'est un couscous en vrac. Ce couscous se nomme couscous d'influence. En politique, une fois est coutume. Un élu doit préparer ce couscous une fois tous les cinq ans s'il veut préserver son saint-siège au Sénat ou au Parlement.
Les gens du FLN sont reconnus par ce tic politique. Un couscous bien préparé peut servir de tremplin ou d'amortisseur pour passer d'un parti à un autre sans danger et sans être vu. Les nobles de Gueltet Ahmed Ben Salah de Béchar n'ont pas ce tic et refusent de manger de ce couscous. La vieille Tassaâdite, du village d'Ighil Nath Malek, à Beni Ouartilane, Sétif, est une spécialiste de couscous. Elle ne lit ni le quotidien Echaâb ni le quotidien El Moudjahid, mais elle est très bien informée. Métier oblige. Elle avait 35 ans en 1974. Elle lisait Akhbar oua Wathaek de Bierut. Elle a un esprit politique très critique.
Elle sait faire la distinction entre nos trois Abdelaziz. Elle a un grand respect pour Si Abdelkader et elle ne le compare jamais à Si Medelci. Elle est très sincère. Elle dit : «Franchement, je ne comprends pas M. Medelci quand il parle. Son accent trop tlemcénien sème la confusion chez nos frères arabes.» Elle avoue que les réformes politiques sont très difficiles et demandent réflexion. Sous la gouvernance de Si Abdelkader, elle chante le couscous qui s'entasse et forme une colline dans son F3 social. Une fois à table, elle se sent en sécurité et voit la confiance politique se dessiner derrière cette colline de couscous qui la protège. Une colline qui écrase une dette extérieure payée sans merci. Une dette qui taraudait son esprit durant les années noires. Elle est presque satisfaite du règne de Si Abdelkader et souhaiterait vivre le reste de sa vie en paix.
Tassaâdite n'a jamais mis les pieds à l'école, mais sait appliquer le troisième principe de politique des souverains de Diderot dans sa vie : «Il ne faut jamais manquer de justice dans les petites choses, parce qu'on en est récompensé par le droit qu'elle accorde de l'enfreindre impunément dans les grandes : maxime détestable, parce qu'il faut être juste dans les grandes choses et dans les petites ; dans ces dernières, parce qu'on en exerce la justice plus facilement dans les grandes.» Pour l'après-Si Abdelkader, elle répond en tamazight : «Issen Rebbi», qui veut tout simplement dire «Dieu sait» dans la langue de Diderot. Pour le deuxième Abdelaziz, elle applique sans hésitation la règle de Machiavel : «Celui qui veut en tout et partout se montrer homme de bien ne peut manquer de périr au milieu de tant de méchants.» Après péril, ni le «mardoud» de Laghouat ni le «mesfouf» de Tlemcen ne témoignent la bonté mal placée. En politique, les couscous sont très différents, et ne se mélangent jamais sans prudence. Pour le troisième Abdelaziz, Tassaâdite est «montaigneuse».
Pour se démarquer de la classe des personnes aux idées montantes ou montagneuses. Elle applique la règle de Montaigne : «Il est toujours plus plaisant de suivre que de guider.» Tassaâdite est très calme quand elle ne veut pas informer son interlocuteur, et préfère ne pas parler politique quand elle n'est pas avec ses amies rouleuses. Après silence, elle analyse et dit : «Le peuple ne voit souvent qu'au jour le jour. Nos politiques sont sans analyse du passé et n'anticipent jamais sur le futur.» Elle se demande bien si un jour les politiciens réussiront en Algérie à redonner au peuple réellement ce pour quoi elle s'est battue. Tassaâdite reconnaît que certains font l'effort et souhaiteraient vraiment participer au développement de la nation, mais d'autres s'acharnent à rester sur leurs sièges et privilèges, empêchant de ce fait les compétences de mettre en place une politique de développement et d'organisation urbaine, politique et économique.
Elle prend un souffle : «Dr Omar Chaâlal, eh oui, à ma grande déception, c'est la première fois que je vois un pays gâcher autant de compétences et, ainsi, les laisser partir pour servir d'autres nations. Des nations qui ont su voir dans la jeunesse algérienne du savoir et de la technique inexploités, et surtout non reconnus, afin de laisser l'incompétence actuelle se pavaner et fermer les yeux devant autant d'injustice et de disparité entre les Algériens. La revue Akhbar oua Wathaek n'a jamais su comment expliquer ce phénomène.»
Pour Tassaâdite, les mots sont comme le couscous, elle ne les mâche jamais. Elle continue et énumère les cinq vérités inscrites sur un cercle de «henné» dans la main qui dégrade l'image algérienne.
1- 1200 km de côtes magnifiques, mais sans infrastructures. Sur ces côtes, la sardine méprise la crevette, Issen Rebbi.
2- Un système éducatif sclérosé par les grèves des clans et un système universitaire détruit par la démagogie politicienne. Nos étudiants confondent MTLD et LMD, Issen Rebbi.
3- Des moyens de transports désorganisés et, souvent, obsolètes, dommage… Issen Rebbi.
4- Informatisation de l'administration est inexistante, ou peut-être que cela permet aux routiers corrompus de continuer la route sans danger, Issen Rebbi.
5- Système bancaire non adapté au développement économique, carte (41 ans de retard), chèques inexploitables, paiements électroniques inexistants. Le Dr Ya-Latif et son Khalilla matière grise des années soixante-dix sont vraiment responsables, Issen Rebbi.
Pour conclure, Tassaâdite donne son point de vue sur l'économie algérienne tracée par
Ya-Latif : «Ne serait-il pas plus logique de favoriser le développement économique et, ainsi, d'augmenter le pouvoir d'achat de chacun, au lieu de créer des pseudo-aides qui ne font qu'alimenter les portefeuilles des opportunistes.» Elle
continue : «Ne serait-il pas logique que chaque dossier soit étudié objectivement avec de vrais études et analyses en s'assurant des compétences du demandeur ?» Mais comment est-ce possible puisqu'aujourd'hui les décideurs, ceux qui accordent ces prêts, spéculent sur ces crédits (Ansej et autres) jusqu'à plus de 10% de la somme obtenue (payable d'avance SVP 1). Les 10% justifient le «bismillah» et ne délimitent jamais le «hamdoullah».


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