Cette opération, qui a démarré le 11 juillet, devait prendre fin le 2 août, mais elle a été prolongée en raison du peu d'engouement qu'elle a suscité auprès des Tunisiens. Selon le quotidien La Presse, près de 3,7 millions d'inscrits ont été enregistrés sur les 7,5 millions que compte le corps électoral tunisien, soit 52% des électeurs potentiels. Sur sa page Facebook, l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) affichait exactement le chiffre de 3 640 000 électeurs enregistrés à la clôture des inscriptions. A Bizerte, le bureau municipal de l'ISIE connaissait une effervescence exceptionnelle en cette fin juillet. Et pour cause : nombre de votants potentiels se pressaient pour s'inscrire avant le bouclage du fichier électoral. Il faut dire qu'une large campagne a été menée tambour battant moyennant affiches, banderoles, flyers et autres spots publicitaires pour inciter les Tunisiens à participer massivement à ce scrutin crucial. Une campagne d'autant plus vigoureuse que la population semble gagnée par une forme de lassitude, surtout avec l'impopularité criante des gouvernements de transition qui se sont succédé et leur incurie face au défi social. Sur une banderole déployée en face de la mairie, on peut lire : «Ouqiett bach t'qiyed» (Il est temps de t'inscrire). Sur de petites affichettes de couleur rouge collées aux murs, ce slogan : «Ana Queyyedt ! » (Je me suis inscrit). Walid et Adel sont au nombre des citoyens qui se sont rués justement sur le bureau de l'ISIE pour obtenir leur carte de vote. Walid est tout fier d'exhiber son attestation d'inscription. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce jeune homme de 36 ans, chauffeur de taxi de son état, est très conscient des enjeux de cette Constituante : «C'est un événement très important pour le peuple tunisien, alors je tenais absolument à m'inscrire. Jusqu'à présent, ils n'ont enregistré qu'1,5 million d'électeurs sur 7,5 millions. C'est peu. Mais ça va s'accélérer dans les jours qui viennent. Il faut que les Tunisiens s'impliquent davantage dans cette opération. J'ai des amis ‘‘taxistes'' (chauffeurs de taxi, ndlr) qui me disent : ‘‘les dés sont pipés, ces élections sont jouées d'avance, alors à quoi bon voter ?''. Moi, je leur explique qu'il y a beaucoup de bien dans cette élection pour la Tunisie. La Constitution va limiter une fois pour toutes les pouvoirs du Président. Le peuple doit saisir cette occasion pour en faire un scrutin honnête.» A noter que la campagne électorale sera lancée officiellement le 1er octobre 2011.
