L'engouement de ces derniers pour l'eau vendue dans les citernes a pris une telle ampleur que personne parmi les consommateurs ne songent à prendre une gorgée d'eau du robinet. Cette eau ou celle distribuée par l'ADE est interdite à la consommation, ose-t-on dire. L'interdit a été «décrété» par un comportement qui a pris son origine dès l'apparition du phénomène des citernes sillonnant les cités pour vendre le précieux liquide. Ce nouveau mode d'alimentation en eau potable est depuis adopté par une population qui, pour boire, n'attend que le passage des citernes. L'eau distribuée par les services de l'ADE n'est utilisée que pour le ménage. Tous les foyers adoptent d'ailleurs ce comportement à l'égard d'un liquide, pourtant traité, selon les responsables de cet organisme. Les grands investissements engagés pour améliorer l'AEP, à Jijel, à l'image de la récente mise en service de la station de pompage et de traitement de Kissir, ne trouvent pas d'écho auprès des habitants, qui préfèrent s'abreuver auprès des citernes. Les personnes interrogées assument leur choix et déclarent que c'est une question de goût, mais aussi de confiance. Certaines avouent ne pas faire carrément confiance à l'eau du robinet, d'autres confessent que c'est par habitude qu'elles préfèrent recourir à l'eau des citernes. L'eau de Boucharchour, tirée du fond de la nappe phréatique de Taher, est vénérée à Jijel, où elle est acheminée par camions-citernes pour être distribuée aux ménages. A Taher aussi la population a pris pour habitude de ne boire que de cette eau, tout comme à El Milia, où le phénomène s'est également ancré dans les mœurs des consommateurs. Le goût fade de l'eau distribuée par l'ADE et sa teneur élevée en calcaire ont rendu caduc tout intérêt des ménages au robinet.
