Il aura fallu une panne dans l'alimentation électrique au niveau de l'usine de Soachlore de Salamandre pour que la production d'hypochlorite de soude entre dans une phase de turbulences qui devrait s'inscrire dans la durée. En effet, suite à un délestage inopiné de la part de Sonelgaz, c'est une partie importante des unités à électrolyse qui se retrouvent à l'arrêt. Sans que personne ne se décide à communiquer sur cette affaire, on apprendra par petites bribes qu'au moins 4 à 6 unités auraient subi de gros dégâts, obligeant la direction à les disqualifier pour une longue période. Il s'agirait d'équipements très lourds et très complexes puisqu'ils ne sont pas disponibles au niveau du marché national ; ce qui obligera l'entreprise à entreprendre les démarches auprès de fournisseurs étrangers. Pour le directeur de l'unité, la réparation devrait intervenir avant la fin de l'année. Toutefois, selon d'autres sources, la panne pourrait se prolonger indéfiniment, ce qui mettrait à mal le marché algérien qui dépend en totalité de la production de Soachlore. En effet, l'unité de Skikda, relevant du holding Sonatrach, ne serait plus en activité. Certains travailleurs de Soachlore déplorent la vétusté des équipements de l'unité de Mostaganem, ce que ni le directeur d'unité ni le directeur général ne nieront. Ce dernier souligne que l'unité de Mostaganem n'avait aucune prétention de livrer le marché national en eau de Javel, rappelant qu'à l'origine, l'unité d'électrolyse devait uniquement fournir de l'hypochlorite pour alimenter le complexe papetier de l'ex-Sonic. Bras de fer Une usine condamnée. C'est pourquoi, l'unité Soachlore de Mostaganem s'est retrouvée à la pointe du traitement des eaux destinées à la consommation humaine. Ce qui en fera un fournisseur exclusif de l'Algérienne des eaux. L'ADE est devenue un client privilégié, ce que ses concurrents privés ne semblent pas accepter. Du moins lorsque la production passe de 60.000 tonnes à 20.000 tonnes d'hypochlorite de soude. C'est ce qui s'est passé le 19 septembre dernier lorsqu'une partie des unités d'électrolyse sont tombées en panne, grevant sérieusement la production. Fatalement, ce sont les transformateurs privés qui feront les frais de cette baisse de régime. Ne pouvant plus leur octroyer leurs quotas habituels, Soachlore a privilégié les clients disposant d'une clause dûment approuvée par contrat. En plus de l'ADE et de Henkel, ils sont quelques rares privés à être servis selon les disponibilités. D'où la révolte de quelques dizaines de particuliers qui se sont regroupés la semaine dernière face à l'entrée principale de l'usine, en interdisant l'accès aux camions de l'ADE. Les protestataires ont réclamé une juste répartition de l'offre, soit à peine 20 à 25.000 tonnes, ce à quoi le directeur de l'unité rétorquera, qu'au vu de la faible production, il ne pouvait s'ingénier à distribuer quelques tonnes à plus de 50 clients. Faisant réagir ses vis-à-vis dont certains mettront en cause les camions de l'ADE qui alimenteraient le marché parallèle. Après d'âpres échanges, sous l'œil vigilant des gendarmes accourus sur place, les protagonistes se sépareront sans avoir trouvé un terrain d'entente. Les clients réclamant un partage équitable et les responsables de Soachlore s'abritant derrière la panne de plusieurs unités, privilégiant le système en place qui ne profite qu'aux seuls clients conventionnés. Derrière ce bras de fer, il y a une amère réalité que les deux parties font semblant d'ignorer : l'unité Soachlore de Mostaganem est en train de vivre ses derniers jours. Trop vétuste, trop décriée par le ministère de l'Environnement qui l'a inscrite sur une liste rouge, elle devrait changer de look et surtout de site. Comment faire pour satisfaire les besoins nationaux ? Du côté de Fornaka, un privé est en train de peaufiner sa mainmise sur ce produit stratégique.
