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A sens multiples

La réforme des programmes scolaires a introduit quelques éléments dans ce sens, mais cet effort (qu'il reste à évaluer) semble timide et disparate, d'autant que les enseignants n'ont pas de formation en la matière. Il est vrai globalement que l'art contemporain dans le monde, s'il a gagné des lettres de noblesse, a rarement reçu des certificats de popularité. Il demeure souvent réservé à des élites culturelles, en possession de ses codes pour l'apprécier et le comprendre, ou à des élites sociales, en possession de revenus suffisants (mais également des codes) pour collectionner des œuvres. Il est vrai également que la domination du marché de l'art et de lobbies au sein des corporations de galeristes, collectionneurs, organisateurs d'enchères et même critiques d'art, fausse souvent les données, produisant des effets de mode artificiels et des réputations surfaites, un peu à la manière des Bourses, intoxiquées par des rumeurs et des évaluations fabriquées.
Même la naissance de l'art contemporain est marquée par un quiproquo. En effet, l'histoire de l'art inscrit généralement l'art moderne dans une période allant de 1850 à 1945 et positionne à partir de cette année, soit à la fin de la 2e Guerre Mondiale, l'apparition de l'art contemporain. Ce découpage chronologique a été remis en cause par plusieurs historiens et critiques du fait qu'il n'exprime pas des qualités en mesure de définir le caractère contemporain d'une œuvre. De plus, on trouve avant 1945 des artistes qui avaient pris les devants, comme aujourd'hui, il existe des peintres encore attachés au classicisme ou à l'orientalisme. Cette datation correspond à notre sens au transfert de la suprématie artistique de l'Europe et de ses capitales d'art (Paris, Berlin, Vienne…) vers l'Amérique et notamment New York, devenue alors la métropole mondiale de l'art contemporain.
La tendance mercantiliste a fait, qu'actuellement, on trouve autant de démarches sincères, animées d'un esprit de recherche et d'innovation, que de postures opportunistes et superficielles. Quand une artiste chinoise vend, à milliers de dollars, ses bandes hygiéniques souillées avec quelques idéogrammes portés dessus ; quand Damien Hirst, vedette mondiale, vend une armoire à pharmacie avec des gélules «qu'il a lui-même peintes» (la belle affaire !) pour 15 millions d'euros, ou alors un véritable crâne humain incrusté de diamants sans s'interroger sur l'être auquel il a appartenu, il est clair que cela peut porter la confusion et la méfiance sur l'art contemporain. D'où, souvent, le désarroi des publics devant les œuvres, l'interrogation compréhensible sur la sincérité et le talent des artistes…
Cela dit, si vous vous rendez à l'exposition Retour du Mama, pour cette 3e édition du Festival international d'art contemporain (jusqu'au 23 février), si vous faites l'effort de chercher à comprendre sans juger d'emblée, vous risquez de passer un moment passionnant et de découvrir plusieurs artistes algériens et étrangers aux créations pertinentes, aux démarches intéressantes, aux visions étonnantes. Parmi ceux-là, nous avons été attirés, dès l'entrée, par le tableau en triptyque de Driss Ouadahi, «No return», d'une simplicité effarante mais d'une exécution admirable. Ce grillage déchiré sur un fond à la fois céleste et marin, sans qu'on puisse trancher entre les deux, parle d'une manière frappante du phénomène des harraga en introduisant une dimension artistique qui élève la vision à des niveaux philosophiques.
Sur le même sujet, mais avec un regard décalé où l'humour transgresse la réalité, pour paradoxalement mieux la décrire mieux, on verra avec amusement, mais aussi sérieux, l'œuvre de Zinedine Bessaï, «H-Out», pastiche des cartes anciennes traitée sur un mode touristique. Le panneau, truffé d'humour algérien, est une représentation des fantasmes des candidats à l'émigration clandestine. Plus dramatique, citons le travail de l'artiste turque, Inci Eviner, cette fresque intitulée «Un cœur explosif», où un kamikaze est reproduit en série avec des effets visuels forts. Oussama Tabti s'est intéressé aux fiches d'emballage d'une bibliothèque d'Alger sur lesquelles la série des dates successives s'interrompt durant les années 1990. Il montre là comment cette tragédie décennale a pénétré le moindre détail de notre vie et de notre environnement.
Avec «Baluchi», Mona Hatoum étonne sûrement. Un vieux et beau tapis ancien, tout élimé en son milieu. Où est le travail de l'artiste ici ? Serait-elle adepte de cet art contemporain qui provoque la méfiance. On se rend compte alors que les parties élimées représentent une mappemonde avec ses cinq continents en forme étriquée, comme s'ils allaient se réduire du fait de la bêtise humaine et de la montée des eaux marines. Halida Bougheliet propose, pour sa part, trois panneaux représentant chacun une femme. Le traitement de l'image est si subtil qu'au loin, on croit apercevoir trois jeunes odalisques dans le plus pur orientalisme, indolentes sur leurs divans d'alcôves.
En s'approchant, on découvre qu'il ne s'agit pas de peinture mais de photographies de femmes âgées portant sur leurs visages et leurs silhouettes tout le poids de l'âge et des épreuves. Une belle critique de l'orientalisme. Citons aussi Alice Anderson et son film, «Prompt book» aux limites de la psychanalyse et du film d'épouvante avec une maîtrise exceptionnelle du langage cinématographique. Chez Cheïkhou Ba, signalons l'efficacité expressive d'une création qui interroge sur le sens de la multitude humaine, sur le racisme et d'autres questions avec de simples cartons découpés. Le titre de l'œuvre, «Look behind» n'est pas un titre, mais une véritable invitation à regarder derrière.
D'autres artistes, d'autres œuvres composent cette exposition qu'il faut aller voir avec un esprit regardant mais non méfiant, ouvert mais non crédule, et surtout curieux. Et c'est cette curiosité qui fonde tout le sens de l'art contemporain qui se veut une incitation à découvrir, à critiquer et à franchir des limites qui peuvent être les nôtres.


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