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Libéralisme contre étatisme : un débat utile ?

L'histoire de la réforme économique en Algérie a plus de 20 ans. Bien que ce temps soit suffisamment long pour conférer au débat sur la réforme une maturité à même de le soustraire aux contingences idéologiques étroites, il semble que cela ne soit pas encore le cas en Algérie. Pourquoi, en Algérie, le débat entre «libéraux» et partisans de l'étatisme est, particulièrement dans le domaine de l'économie, pour le moins inopportun et improductif ? Telle est la question à laquelle nous nous proposons de répondre brièvement dans la présente contribution.
Produire ou répartir ?
Le débat idéologique n'a de sens que si la reproduction matérielle de l'ensemble de la société repose sur le travail. Le conflit idéologique entre étatisme et libéralisme est consubstantiel à la production d'un surplus en valeur. Or, en Algérie, l'essentiel du surplus se présente sous forme d'une rente minière d'origine externe. Le caractère rentier de l'économie algérienne – on ne le soulignera jamais assez – impose la nécessité de formuler la problématique de transition économique en des termes nécessairement spécifiques, aussi bien du point de vue de son contenu que de ses objectifs. D'aucuns considèrent aujourd'hui que l'économie algérienne, dans ses configurations successives, se reconnaît davantage dans une problématique de passage à une économie productive.
L'enjeu essentiel est, en effet, de favoriser la création, à l'intérieur de la collectivité nationale, d'un surplus autre que minier, et cela ne peut résulter que d'un compromis social approprié, dont la configuration dépend grandement de l'action de l'Etat.
Dans une économie rentière, les questions de partage entre différents protagonistes se posent différemment : il ne s'agit plus en effet de revendiquer une juste part du gâteau, fruit d'un travail social, en contrepartie de l'effort fourni par chacun, mais plutôt de s'approprier, sur des bases qui ont très peu à voir avec les principes de productivité ou de l'effort, une part des richesses dont l'origine doit davantage au hasard de la géologie.
Dans ces conditions, l'imbrication des activités économiques et des réseaux politiques se raffermit durablement et peut avoir plusieurs degrés. Mais, contrairement à ce que suggèrent les débats classiques entre «libéraux» et «étatistes», la question n'est pas tant de savoir s'il faut plus ou moins d'Etat, plus ou moins de marché. La vraie question est celle de la forme des liens entre Etat et économie, entre le politique et l'économique : tant que la configuration de la relation privé – public sera fondée sur des relations clientélistes, l'Etat sera fatalement le lieu idoine de l'inefficacité et du gaspillage.
De ce point de vue, le projet de réforme économique et sociale en Algérie renvoie, quant au sens à lui conférer, à l'expérience historique de l'Europe de l'émergence du capitalisme : instituer le marché compétitif en libérant les individus entrepreneurs des relations de dépendance qui les lient au politique. Cette libération irait de pair avec la soumission, non à des personnes ou à des hiérarchies politiques, mais à des règles, celles de la concurrence, qui tendraient à contraindre à l'efficacité économique.
La régulation en question
Le marasme économique qui touche notre pays apparaît comme la résultante d'une régulation économique dont les contours prennent la forme d'une combinaison périlleuse associant, d'un côté, un libéralisme puéril, et de l'autre, un étatisme stérile. La libéralisation entamée au lendemain de la crise de la fin des années 1980 a fini par donner corps à un nouveau mode de régulation dont la vocation essentielle est de perpétuer le caractère rentier du régime d'accumulation. L'absence d'un projet économique national politiquement assumé confère par ailleurs à cette régulation un caractère incohérent et ambigu. En privilégiant l'ouverture externe sous ses différentes formes (désarmement douanier, politique de change, IDE, accords de libre-échange, surévaluation du dinar…), la nouvelle régulation relègue la dimension interne de l'ajustement au second plan.
Ce faisant, elle crée les conditions objectives pour une perpétuation du régime rentier et exclut, du même coup, toute perspective de construction d'une économie productive. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l'expérience montre que la réussite de la transition économique nécessite l'intervention de l'Etat et qu'une libéralisation incontrôlée a vocation d'enfoncer encore davantage le pays dans sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures, situation plus connue dans la théorie économique sous le nom de «dutchdisease». L'Etat algérien n'a pas de doctrine économique, mais simplement un projet politique qu'il se propose de réaliser par des moyens économiques, écrivait, dans L'impasse du populisme, L. Addi.
Vingt ans plus tard, la situation générale du pays semble encore lui donner raison. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer la légèreté déconcertante avec laquelle cet Etat passe, en l'espace de quelques mois, et avec le même personnel politique aux commandes, du libéralisme le plus débridé au dirigisme le plus stérile.
La question de l'efficacité productive ne se réduit pas à l'émergence des relations concurrentielles, au développement du marché. En termes institutionnels, l'économie ne se réduit pas au marché qui, au demeurant, est lui-même une construction sociale. C'est l'absence de projet de «cité industrielle» qui est le point faible des réformes, et non pas l'omniprésence de l'Etat ou son absence. L'expérience récente montre que la libération des comportements marchands, qui, par ailleurs, s'accommodent bien des relations clientélistes, ne suffit pas à engendrer une industrie compétitive apte à se placer dans le marché international.
La sortie du régime rentier, puisque c'est de cela qu'il s'agit essentiellement, est un processus long qui nécessite une politique économique volontariste, pas forcément populaire, mais dont la perspective temporelle est nécessairement le moyen et long terme. Quantitativement, cette rupture peut être observée à travers l'évolution d'un nombre réduit d'indicateurs parmi lesquels on doit retrouver la contribution du secteur pourvoyeur de rente (hydrocarbures) dans la formation de la richesse produite (PIB), sa part dans la structure des recettes fiscales de l'Etat (fiscalité pétrolière) et son apport dans les recettes d'exportation du pays.
La persistance des comportements rentiers interpelle l'Etat dans son rôle de régulateur. Ces comportements sont tout ce qu'il y a de rationnel et il serait vain de vouloir s'y attaquer sans modifier la structure incitative que véhicule le mode de régulation de l'économie nationale. En fait, la question n'est pas tant de savoir si l'on peut identifier les facteurs qui concourent à la génération des comportements de rent-seeking (La théorie économique dite pure en fait sa principale préoccupation), mais de mesurer la capacité ou la disponibilité de l'Etat à se donner les moyens politiques et juridiques nécessaires dans le combat contre la prédominance des comportements rentiers.
L'intérêt de la collectivité ne se confondant pas avec celui des rentiers, il est en effet du devoir de l'Etat d'intervenir afin de canaliser les comportements économiques des différents centres d'accumulation dans le sens d'un élargissement des activités productives. Pour y parvenir, des mesures techniques suffisent. Encore faut-il que cela soit politiquement envisageable, car, en l'occurrence, l'on voit mal un pouvoir politique dont la légitimité repose sur sa capacité à redistribuer les richesses provenant de l'exportation du pétrole, renoncer au seul instrument qui lui permet de se consolider et de durer sans avoir à user de la coercition ou de la violence.
La réforme, otage du populisme
Dans cet ordre d'idées, l'attitude vis-à-vis du secteur privé constitue une composante clé dans la politique de rupture avec la rente. Dans beaucoup de pays émergents, c'est même l'alliance capital privé – Etat qui a formé l'élément moteur du décollage économique. L'enjeu, en l'occurrence, est de neutraliser l'effet de la rente externe sur le système productif interne. Cependant, préconiser une telle alliance dans le contexte présent de l'Algérie, c'est manifestement sous-estimer le poids du conformisme idéologique dans le processus de prise de décision.
Source de blocage du changement économique et social, le conformisme idéologique trouve son expression la plus éclatante dans l'entretien, à coups de milliards de dinars de subventions, d'un secteur public moribond.
En Algérie, l'idéologie populiste semble avoir trouvé dans la rente la ressource qui lui permet d'agir à «sa guise», et d'asseoir durablement son emprise sur l'ensemble des aspects de la vie sociale en général, et dans l'économie en particulier, domaine dans lequel ses manifestations sont les plus patentes et les plus néfastes. Et c'est sans doute ce qui explique pourquoi, depuis la fin des années 1990, le pays semble se contenter de faire du surplace en matière de transformations économiques et sociales. La disponibilité de la rente crée les conditions objectives qui permettent au populisme de disposer de suffisamment de moyens pour durer, retardant ainsi l'inéluctable et la nécessaire rupture avec le régime rentier.
En somme, la situation actuelle nécessite une libéralisation qui secrèterait un profil entrepreneurial de type industriel et non pas celui qui, adossé à la rente, se présente sous le sigle, devenu générique, de «ETB». La libéralisation dont le pays a besoin est celle qui fera que les hauts rendements appartiennent aux activités productives. Dans ces conditions, et seulement dans ces conditions, on pourra s'attendre à ce que les entrepreneurs nationaux se mettent à consacrer des ressources aux investissements dans les compétences et les connaissances qui augmentent la productivité plutôt que dans les relations et les connaissances qui ouvrent l'accès à la rente.


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