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« Le silence de la France est celui de la lâcheté et des calculs politiciens »
Jean-François Debargue (Humanitaire français)
Publié dans El Watan le 18 - 10 - 2009

Les camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf : De notre envoyé spécial
Vous avez entamé, le 9 octobre dernier, une grève de la faim illimitée pour attirer l'attention de la France et de la communauté internationale sur le drame que vit au quotidien le peuple sahraoui depuis 34 ans. Après huit jours de jeûne, vous avez décidé de suspendre votre action. Pour quelle raison ?
J'ai décidé d'arrêter mon action car à ce jour, le 16 octobre 2009 (entretien réalisé vendredi), après 8 jours de jeûne solidaire, je n'ai eu aucune réponse du gouvernement français à ma demande. D'assourdissant, le silence est devenu coupable. C'est la même chape de silence qui pèse sur le problème sahraoui depuis trois décennies. Depuis des années, les représentants français observent le même silence à l'ONU. Cela dure encore en ce moment.
Pourquoi ce silence selon vous ?
Sincèrement, je ne sais pas ce que craint « la patrie des droits de l'homme » pour ne pas vouloir simplement reconnaître, à défaut de dénoncer, la situation de milliers d'exilés en plein désert, ainsi que les atteintes incessantes aux droits humains que subissent ceux qui ont choisi de rester dans leur pays occupé, le Sahara occidental. Quels intérêts sont suffisamment puissants pour empêcher l'ONU d'appliquer les règles du droit international et obliger 200 000 personnes à rester pendant 34 ans dans cette partie du désert que même les nomades évitaient ? Pour moi, ce silence évocateur est celui de la lâcheté et des calculs politiciens. Car, je ne comprends pas comment un pays qui a reconnu l'indépendance de ses colonies et de ses protectorats peut protéger le dernier pays colonisateur en Afrique.
Aucun officiel français n'a vraiment cherché à vous contacter ?
J'ai prévenu l'ambassade de France à Alger le premier jour de mon action, soit le 9 octobre dernier par le biais de quelqu'un que je connais. Il a fait son travail. Depuis, je n'ai eu aucune information. Mon frère s'est également déplacé au ministère des Affaires étrangères. Il n'a pas été reçu. Des personnes bien informées m'ont dit que le Quai d'Orsay avait donné des ordres à l'ambassade pour qu'il n'y ait pas de déplacements et laisser pourrir la situation. C'est l'une des raisons pour laquelle j'ai pris la décision d'arrêter. Pour moi, il est plus facile de lutter contre un silence coupable que de lutter contre un discours politique qui relève de la langue de bois.
Selon vous, à qui profite ce silence ?
Il y a deux ans, je ne connaissais pas la cause sahraouie. Je peux simplement dire que le silence profite au Maroc. Ils maintiennent les négociations jusqu'au point de rupture. Ils ont intérêt à laisser pourrir la situation mais à ne pas la quitter, à ne pas quitter les négociations. Je vous rappelle également que le mandat de la Minurso est encore prolongé jusqu'en 2010. Nous ne pouvons pas accepter que cette mission ne puisse pas avoir porté ses fruits en 34 ans. Il y a des causes. Je peux dire simplement qu'il faut peut-être chercher également ces causes à la Minurso.
Vos familles en France et dans les camps de réfugiés ont-elles pesé aussi dans votre décision d'arrêter votre jeûne illimité ?
J'ai effectivement arrêté sous la pression affective familiale, de mes amis et des Sahraouis. Le ministre de la Santé sahraoui était là au 2e jour du jeûne. J'ai rencontré les ministres de la Coopération et de la Culture. Tout le gouvernement sahraoui s'est déplacé dans la localité où je me trouvais. A l'inverse, aucun sous-secrétaire d'ambassade n'est venu. Là aussi, le pays des droits de l'homme pourrait, même s'il n'est pas d'accord, continuer à faire preuve d'un peu d'humanité.
A partir de quand avez-vous eu l'idée de mener une action aussi extrême que celle que vous venez d'endurer ?
J'aurais fait mon possible depuis presque deux ans avec tous les moyens dont je disposais dans ce désert, y compris ma santé. Lorsque les moyens matériels ne peuvent remplacer des solutions politiques volontairement sabotées, il ne faut pas s'étonner de la mise en place d'autres moyens moins conventionnels. C'est en établissant ce constat que tout est venu.
Les politiques d'aide ont-elles vraiment atteint leurs limites aujourd'hui ?
Il y a plusieurs types d'aides matérielles d'urgence indispensables. Ce sont d'ailleurs les mêmes qui sont dispensées depuis trois décennies. J'ai comparé la liste des produits d'urgence qui existe aujourd'hui avec celle de 1976. Les deux listes sont les mêmes. Le panier alimentaire sahraoui est le plus pauvre de tous les camps de réfugiés du monde. Les autres types d'aides (les aides éducatives, les aides culturelles et les aides d'organisation) dont bénéficient les camps sont indispensables. Elles ont permis au peuple sahraoui de faire son unité autour d'une organisation dans les camps. Il y a aussi des aides centrées sur le développement comme celle que je coordonne depuis deux ans. Ces aides-là sont conçues dans la perspective d'un retour des Sahraouis dans leur pays. Le principe est de faire en sorte à ce qu'ils repartent avec un savoir-faire qu'ils peuvent appliquer. Ces aides risquent d'être inopérantes si elles ne sont pas appliquées dans les délais qui leurs sont impartis. Il faut tout refaire quand la génération qui en a profité et qui était supposée les mettre en œuvre n'a pas retrouvé sa terre, son pays. Enfin, il y a enfin des aides qui en réalité masquent l'immobilisme politique. Celles-ci sont lancées pour soulager les consciences de leurs initiateurs. Ces aides-là, il vaut mieux les refuser. Elles ne doivent pas remplacer les aides politiques. Quand l'aide politique montre ses limites, il ne faut pas s'étonner de voir d'autres initiatives se mettre en place. Si les politiques avaient fait leur travail, jamais je n'aurais entamé ma grève de la faim.
Comment briser le silence dont vous parlez. Avez-vous un message particulier à transmettre aux humanitaires comme vous et aux ONG de défense des droits de l'homme ?
Je ne suis pas un porte-drapeau. Je suis quelqu'un qui a vécu suffisamment longtemps ici simplement pour témoigner de ce qu'il a vu et pour témoigner de l'injustice. J'ai mené cette action en mon nom personnel. Je suis apolitique. Chacun connaît suffisamment bien ses responsabilités pour les prendre. Ce n'est pas à moi de faire la leçon. Je veux simplement dire qu'avec très peu de moyens nous pouvons quand même faire pas mal de choses. Ceux qui ont davantage de moyens doivent également pouvoir encore s'en servir. Cela dit, je n'ai qu'un seul message à lancer dans ce sens : c'est celui de Nouena (un membre de sa famille d'accueil dans les camps de réfugiés). Elle appelle les gens à venir voir la réalité dans laquelle vivent les Sahraouis. Venez ici. Au-delà de l'accueil et de l'hospitalité, au bout de quelques jours, vous découvrirez cette réalité insoutenable que ce peuple endure.
Avez-vous des témoignages à faire concernant le drame que vivent les réfugiés sahraouis ?
J'ai parlé du programme alimentaire. Je peux vous donner un autre exemple. Les enfants qui sont ici et qui paraissent avoir 12 ans, dans la réalité ils en ont 16. Il y a trois ou quatre ans entre ce que l'on voit et la réalité. C'est ce que les pédiatres appellent un retard de croissance harmonieuse. Si, effectivement, nous passons une journée ici, nous ne nous rendrons pas compte de cette réalité. Au bout de quelque temps, derrière ce que nous voyons, nous apercevrons des aspects chroniques qui sont inacceptables. Donc, mon message est : « Venez vous rendre compte de la réalité par vous-même ». Cela permettra du même coup de faire la vérité sur l'information qui est donnée du Maroc. J'ai un nombre incroyable de témoignages et de portraits dans la tête. Je pourrai tout simplement vous parler de la petite voisine à laquelle je donne des cours de français et qui porte toute la journée sa petite sœur handicapée. Celle-ci est née ici dans les camps parce qu'il n'y avait pas assez d'essence dans la voiture pour l'emmener en réanimation à l'hôpital. Depuis, cette petite a des séquelles à vie. Et c'est sa sœur qui a déjà sacrifié sa vie dans ce désert qui va se sacrifier pour l'aider. Des exemples comme celui-ci il y en a à profusion.
Vous voulez dire que les Sahraouis évoluent dans des conditions extrêmes et des plus précaires ?
Absolument, c'est le cas ! Je peux vous parler aussi effectivement de la mauvaise qualité de l'eau que boivent quotidiennement les Sahraouis et qui est la cause directe de beaucoup de maladies. Je peux vous parler de leurs tentes qui datent de 8 ans et plus, alors qu'elles sont conçues pour avoir uniquement une durée de vie de 4 ans. Ces exemples, je ne les donne pas pour larmoyer. Je les donne pour souligner qu'ici, malgré les difficultés, les Sahraouis ont des valeurs que nous avons oubliées chez nous. Il est bon aussi de venir ici pour retrouver cette humanité. Qui accepterait de vivre aussi longtemps dans ces conditions ? Il faut bien qu'il y ait une humanité énorme derrière pour pouvoir tenir et vivre ce que vivent ces gens. Néanmoins, ce n'est pas parce que les Sahraouis ont su vivre dans la difficulté que celle-ci doit continuer.


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