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Implantation du LMD à l'université scientifique algérienne
Publié dans El Watan le 01 - 11 - 2009

Après cinq années de participation au système LMD, trois années de licence et deux années de Master, il est temps que je vous fasse parvenir mon analyse de l'implantation du LMD et de sa réussite dans notre université scientifique. Pour une introduction à ce système pédagogique, le lecteur est invité à (re)lire la contribution du même auteur dans le même journal(01).
Ces derniers jours, dans les quotidiens nationaux, les intervenants sur le LMD ne sont que des recteurs et vice-recteurs des universités. Les rapports sur le LMD à la direction pédagogique ministérielle doivent être faits par les enseignants eux-mêmes et non par ces responsables. Cela éviterait que ne s'y introduisent des motifs de diversion et des interprétations fausses. Si l'on veut porter un jugement de valeur sur une décision ou une action quelconque dans une université, il est nécessaire d'identifier toutes les interactions significatives et d'évaluer la combinaison de leurs effets sur les accomplissements globaux de l'université et non de la seule partie en cause. Il faut toujours percevoir le besoin d'une décision (changer de système d'attribution de diplômes) et la prendre (introduction du LMD).
Entre une réforme pédagogique du LMD telle qu'elle est décidée et son application dans les amphis, un écart important peut exister. Les enseignants sont-ils motivés par la réforme du LMD ? Les étudiants et les enseignants sont des personnes-clés dans son implantation. Ce sont eux qui vont faire ou non de celle-ci une réalité. Face à une réforme décidée par une autorité supérieure, les réactions des enseignants peuvent aller du soutien et de la promotion, de l'indifférence à la résistance. Certains enseignants peuvent réagir en quittant l'université pour d'autres cieux (surtout pour le Canada et le Moyen-Orient), d'autres en utilisant la réforme pour s'ouvrir de nouvelles perspectives de carrière. L'adhésion des enseignants au LMD et leur engagement sont donc cruciaux pour son application. Les enseignants n'étaient pas impliqués dans sa conception, sa planification et son implantation. Les enseignants ont mis en œuvre ce système imprécis, parce qu'il était introduit d'une manière autoritaire.
Ils ont d'autant moins de chance d'adhérer à une réforme que celle-ci est imposée, décidée ailleurs, qu'elle ne correspond pas aux réalités de leurs expériences professionnelles, qu'elle n'est pas cohérente avec leurs conceptions de l'apprentissage, de l'enseignement ou du rôle des enseignants. Cette réforme est vue comme ne pouvant pas répondre aux besoins des étudiants. La réduction des études de graduation (licence) d'une année ou le scindage de la graduation en un premier cycle (licence) et deuxième cycle (Master) peut-elle relever le niveau universitaire ? Le tutorat, le crédit ou l'évaluation, la mobilité, la relation avec le partenaire externe à l'université, etc. sont-ils appliqués et sont-ils devenus effectifs ?
1- Le tutorat ou la conduite
Une dimension essentielle de l'engagement universitaire des étudiants tient à la valeur d'usage et d'échange qu'ils accordent aux diplômes et études qu'ils poursuivent. Les problèmes de motivation chez les étudiants en mathématiques consistent en un désintérêt, ennui, une baisse de motivation, démotivation, décrochage, violence… auxquels sont confrontés les enseignants universitaires. La montée du chômage rend l'utilité sociale des études plus difficiles à percevoir, surtout pour les étudiants des catégories sociales les moins diplômées. « Conducteur » ou « conseiller pédagogique » conviendra mieux que « tuteur ». Même le nom d'accompagnateur ne convient pas. Le conducteur est l'enseignant ou le post-graduant chargé de suivre l'étudiant en formation, de l'assister dans son parcours. Il est considéré comme un guide, une personne ressource dans un processus dans lequel l'étudiant élabore lui même ses propres connaissances. Son rôle consiste non seulement à transférer des connaissances, mais à aider l'étudiant dans son processus personnel d'apprentissage et d'assimilation de connaissances.
Les résultats de l'apprentissage sont aléatoires. L'apprenant et non plus l'étudiant, est appelé à occuper une place centrale de plus en plus importante dans son processus d'apprentissage. Apprendre ne consisterait plus en un simple stockage de connaissances ou une mobilisation de compétences à l'état latent chez un individu. Comment imaginer un apprentissage sans un récepteur, l'apprenant ou l'étudiant actif, sans un engagement du sujet dans l'apprentissage ? Certes, dans les tableaux des emplois du temps, des tranches d'horaires pour le tutorat sont affichées mais je n'ai pas encore vu un étudiant venir s'enquérir ou demander des renseignements ou conseils pédagogiques à son professeur. Il est impératif de faire participer les magistérants et doctorants à l'encadrement des étudiants. Le tutorat n'est pas effectif dans beaucoup d'universités.
2- Le crédit ou la nouvelle notation
Les crédits sont attribués à l'étudiant qui n'a pas réussi son année d'inscription mais qui a obtenu seulement quelques modules. Aussi, le crédit est déterminé pour l'étudiant qui n'a pas réussi ses modules et qui veut suspendre ses études ou changer d'université. Quand il reprendra ultérieurement ses études, le crédit sera pris en considération dans l'évaluation à son ré-inscription. Lors des corrections de copies d'examens, nous utilisons toujours la notation numérique, la moyenne sur vingt. Le système anglo-saxon d'où le LMD s'inspire utilise la notation alphabétique A, B C, D, E et F pour respectivement les appréciations très bien, bien, assez bien, passable, médiocre et faible. Comme ce système d'enseignement vise davantage à obtenir une performance qu'un savoir, un diplôme, l'étudiant va renforcer ses comportements de tricherie, du copiage… plutôt que d'approfondir ses connaissances. L'objectif à l'université est d'apprendre et non de réussir avant tout.
3- L'évaluation dans le LMD
Cette année, pour chaque module enseigné du système LMD et à la fin du semestre, une épreuve de moyenne durée a eu lieu. Une semaine au plus après les résultats, un autre examen dit de rattrapage a été prévu. Ce dernier examen, à la date prescrite, constitue un acte anti-pédagogique. En effet, s'il y a un rattrapage, il est destiné aux étudiants ayant obtenu une note supérieure à une note éliminatoire, soit une note supérieure à 7/20 et inférieure à 10/20. Or, tous les étudiants qui ont échoué sont invités à passer cet examen. Ils n'ont pas eu le temps de revoir le cours d'un semestre. C'est une façon de faire pression sur l'enseignant pour qu'il cède le module aux étudiants en le piégeant à bâcler ces examens (il doit préparer un second examen en une semaine) et en le harassant par des examens inutiles pédagogiquement.
S'il faut un rattrapage, il faut donner le temps à l'étudiant de revoir le cours d'un semestre. Je suggère que pour les modules du premier semestre universitaire, les rattrapages s'effectueront au mois de juin, et pour ceux du second semestre, le rattrapage aura lieu au mois de septembre. Les étudiants admis en une classe supérieure, et qui ont des dettes en termes de crédits, suivent les cours de leur année d'admission, mais faute de temps ils ne peuvent pas assister aux cours de modules non acquis. Ces étudiants ne sont pas tenus par une assiduité et ne sont pas affectés à des sections d'étudiants de leur module non acquis. En fin de semestre, l'administration les invite à passer un examen (un second). Peu de chances de réussite dans ses modules non acquis leur sont accordées. Au début de l'installation de ce système, on a même autorisé la compensation entre les semestres, chose qui était interdite dans le système LMD français. Pour que les étudiants puissent obtenir leur diplôme, selon l'indiscrétion de certains administrateurs, les responsables de la pédagogie des universités ont même changé les PV d'admission en les équilibrant et en rendant les moyennes semestrielles supérieures ou égales à 10 sur 20. Les délibérations de fin d'année sont devenues très complexes où on nous fait signer le PV modulaire, le PV des unités d'enseignement, le PV annuel des modules, le PV transversal… Il ne manque que des PV vertical et oblique.
4- La mobilité dans le LMD
Durant l'année universitaire 2007-2008, nous n'avons eu que trois étudiantes admises en deuxième année du Master de RO. Au mois de septembre 2008, vu le nombre insuffisant des étudiants inscrits en seconde année Master de RO, notre faculté des sciences a orienté deux étudiantes (la troisième n'a pas voulu quitter notre ville universitaire) vers le département de mathématiques d'une université de l'Est algérien. Cette université leur a refusé une inscription en deuxième année de Master, prétextant leur retard à l'inscription (elles n'ont eu leur lettre d'orientation que vers la mi-novembre 2008), que leur profile ne leur convenait pas et qu'elles n'ont pas fait de modules semblables à ceux dispensés localement.
De ce fait, elles sont revenues « bredouilles » à notre université sans pouvoir s'inscrire. On les intégrées dans le cursus de la 1re année de « Magister » option modélisation mathématique pour l'aide à la décision où nous dispensons les mêmes thèmes que ceux de la seconde année Master. A la rentrée de cette année universitaire 2009-2010, nous n'avons eu que deux étudiants admis en deuxième année de Master de RO. Ces deux étudiants ne savent pas où donner de la tête et à quel saint se vouer. L'administration n'a pas encore confirmée leur inscription. Elle doit résoudre un dilemme. Doit-elle mettre au moins cinq enseignants de rang magistral, maître de conférences et professeur, à la disposition de deux étudiants ou orienter ces deux étudiants sachant qu'aucune université ne veut d'eux ? La mobilité entre les universités n'est pas encore réalisable.
5- Relation de l'université avec le partenaire externe et industriel
L'emploi, beaucoup plus qu'un concept économique, s'affirme aujourd'hui dans sa dimention sociale et psychologique. De nos jours, beaucoup d'entrepreneurs ont investi le créneau très lucratif de l'import/import. Aucun responsable d'entreprise ne s'est manifesté aux universitaires et a prétendu rencontrer des problèmes concrets. Une entreprise est un lieu de transformation de matières premières en produits finis, capable de modifier continuellement sa propre structure, de façon à l'adapter au contexte dans lequel elle doit vivre et s'accroître. Le progrès technique, l'emploi, ces deux notions au contenu chargé d'affectivité sont au centre des contradictions que vivent les pays industrialisées. En Algérie, l'image du processus de production que l'on a à l'esprit est le fait productif qui se limite à l'installation d'une usine donnée et à sa gestion ultérieure. Aucune entreprise algérienne, publique ou privée, ne veut améliorer sa gestion ou sa rentabilité ou sa production de manière scientifique. Aucune entreprise ne peut nous fournir des données fiables, une comptabilité à jour, etc. L'université peut apporter de la technologie, l'agent pour l'application de la science, de la gestion scientifique mais ne crée pas de l'emploi chez les entrepreneurs.
6- Conclusion
Nous constatons un déclin croissant d'intérêt pour les mathématiques (et toutes les sciences fondamentales telles la physique et la chimie) dès le secondaire où rares sont les lycées disposant d'une classe de mathématiques. Les mathématiques suscitent une anxiété chez beaucoup d'élèves des collèges, lycées et d'étudiants de l'université scientifique. Il y a une perception de la gravité du phénomène et un sentiment d'impuissance face au problème. Dans la majorité des universités scientifiques algériennes, parler des TIC, du e-learning, de la e-maintenance, etc. n'est qu'un leurre (ce sont des moyens pédagogiques et scientifiques indispensables dans le LMD). La vérité est que le débit de l'internet est tellement faible et les réseaux intranet des universités sont mal conçus qu'on n'arrive pas à les exploiter. L'université surmonte des difficultés à l'image de tous les secteurs d'activités du pays. En Algérie, le salaire est devenu sujet tabou, alors relevons-le. Le LMD est un projet importé partiellement de France par un groupe de professeurs algériens. Ces derniers ont importé le pédagogique mais ont oublié de rapatrier le statut de l'enseignant universitaire français où le professeur termine sa carrière à au moins 5000 euros, soit plus de 50 millions de centimes. Une université se sent d'autant plus engagée par les activités pédagogiques et scientifiques que celles-ci lui coûtent cher. Elle se méfie souvent, et parfois avec raison, des motifs que cachent des offres de service qui ne coûtent que peu. Le salaire actuel d'un professeur est de l'ordre de 700 euros. Il faut retenir uniquement le fond de ma pensée, celle d'un universitaire qui veut défendre l'université par l'université et pour l'université.
Référence :
1. Ali Derbala. « Le système LMD, un descendant du BMP », El Watan, 10-11 juin 2007, rubrique Idées-débats, p.23.
L'auteur est universitaire


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