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Un poète au pays nommé Exils
Publié dans El Watan le 16 - 03 - 2013

Le 13 mars 2013, Mahmoud Darwich aurait eu 72 ans. Et afin de rendre hommage à cet homme qui a vécu debout, le cœur en perpétuelle souffrance, le corps en constante mouvance, saluons la mémoire de ce poète qui se nourrissait de l'amour de sa terre, de la paix, de la vie. Et de la mort qui a longtemps rôdé dans l'attente de ce poète qui a vécu au cœur d'un pays nommé Exils.
Ecoutons cette conversation d'outre-tombe entre le poète, son alter ego et son témoin intérieur. Trois voix qui racontent l'histoire de ce grand personnage de la poésie moderne arabe. Celle de son peuple. De sa terre, le berceau de l'Humanité, la terre promise pour des milliers d'hommes et de femmes éparpillés à travers le monde.
– «J'ouvre sur mon ombre qui s'avance de loin».
– Car comme dans un rêve qui se recommence éternellement, la symphonie des mots rythmée aux sons des pulsions qui se touchent, se séparent, s'évitent, se cherchent, se recherchent se laisse entraîner dans un tourbillon des sens. Jusqu'à épuisement ! Les voilà qui s'envolent dans les airs brumeux du ciel de Palestine. Pour s'éparpiller dans l'immensité des espaces de refuge. Les voilà qui se mettent à nu, révélant le mystère de leur secret si bien scellé des éternités durant.
– Arrête ! Arrête ! On dirait une voix. Ecoute. Mais que dit-elle ? Ecoute ! Ecoute !
– «J'ai trouvé que la terre était fragile et la mère
légère ; j'ai appris que la langue et la métaphore ne suffisent point pour fournir un lieu au lieu (…). N'ayant pu trouver ma place sur la terre, j'ai tenté de la trouver dans l'Histoire. Et l'Histoire ne peut se réduire à une compensation de la géographie perdue».
– Ah, étonnement ! Verbe qui sublime.
Emerveillement ! Chuchotements : La terre ! Le lieu ! La mère ! La langue ! La place ! L'Histoire. Mais encore ?
– Chut… Il parle encore :
– «Les étoiles n'avaient qu'un rôle : m'apprendre à lire J'ai une langue dans le ciel. Et sur terre, j'ai une langue. Qui suis-je ? Qui suis-je ?»
– Mais qui ?
– IDENTITÉ : Mahmoud Darwich. Un homme à la beauté qui inspire. Poète de son état. Palestinien errant. Auteur d'innombrables recueils de poèmes.
– Mais d'où vient cette voix qui parle ? Parle ? Parle ?
– LIEU : De partout et de nulle part. Car cet orateur hors pair est originaire d'un «pays sans pays». Et confiné par l'Histoire dans un «hors-temps» nommé Exils. Un espace indéfini où, dans une posture d'attente, il vit à genoux sur les ruines du retour mythique dans une terre natale qui prend des allures d'un paradis perdu.
– Et ces mots qui disent ? Disent… Disent…
– Ah, ces mots ! Un jardin poétique, lieu alternatif où il plante ses tourmentes, ses inquiétudes, ses rêves, ses espoirs personnels et collectifs. Un jardin qui ressemble à une terre parsemée de mots qui se métamorphosent en Parole qui puise sa sève de cette envie folle de dire pour conjurer la douleur et la nostalgie de «la terre perdue», du départ, de l'exil. Dire pour témoigner et entretenir la mémoire. Dire pour exister. Pour que les mots triomphent sur les armes. Dire pour que l'Histoire retrouve le sens de la partition jouée dans un sens unique depuis des siècles. Pour que la voix que le poète a «abandonnée à l'écho» se souvienne de sa promesse de ne jamais oublier et de revenir s'abreuver à la source de la vérité.
– Et cette parole qui marche. Court. Voyage. Va. Vient. Revient. Et vole encore plus haut ?
– Cette parole ? C'est pour marquer la «trace de l'absence» et le souvenir d'une identité profondément ancrée dans les fins fonds des entrailles millénaires de l'Histoire détournée de son sens :
– «J'oublie les maisons qui ont consigné ma biographie je me souviens de mon numéro d'identité».
– Cette voix pour raconte l'histoire d'un Amour empêché qui se ressource aux origines de l'impossibilité sertie de pierres venues de pays où la violence se perpétue éternellement, ne trouvant repos que dans le labyrinthe de la séparation et de l'oubli :
– «Ah Rita entre nous, mille oiseaux mille images d'innombrables rendez-vous criblés de balles»…
– Pour dire l'espoir en un lendemain dissimulé dans le voile d'une merveilleuse croyance qui se perd dans un futur aux possibilités ponctuées de points de suspension car l'Etoile de la Chance répète inlassablement :
– «Nous pouvons inverser la fatalité du gouffre !».
– L'exil encore et encore…
– «Maintenant, en exil, oui, à la maison, dans la soixantaine d'une vie brève, on allume pour toi des bougies».
– Sa parole a épousé tous les contours de sa passion pour sa terre. Elle le poursuit jusque dans son rêve qui le hante. L'habite. Le possède. Au point de refuser de se réveiller de sa longue et interminable mort qui déambule dans ce corps qui se confond avec son pays, ce lieu réel. Mythique. Sublimé. Volé. Violé. Usurpé. Colonisé. Défiguré. Ce pays à la temporalité incertaine qui renvoie à un autrefois heureux qui a vu naître un enfant à Birwah, en Galilée, en Palestine en 1941. Et vécu une enfance comblée auprès de ses parents et de son grand-père qui lui inculquent l'amour et l'attachement à cette terre natale. Car, du point de vue du poète :
– «Il n'est rien de plus manifeste que la vérité palestinienne. Ce pays est le nôtre, et cette petite partie est une partie de notre terre natale, une terre natale réelle et point mythique ''car'' nous sommes nés sur cette terre, et de cette terre, nous n'avons pas connu d'autre langue maternelle que la sienne».
– Peu à peu, le bonheur cède la place au malheur. C'était écrit sur les grands murs de l'Histoire. La tragédie de la terre natale. Car, en 1948, son village natal est bombardé par les forces israéliennes. Expropriation. Expulsion de la demeure familiale.
– «Qui habitera notre maison après nous, père ? Elle restera telle que nous l'avons laissée mon enfant».
Sans terre. Sans Patrie. Sans pays. Sans maison. Voilà le poète contraint à l'exil, devenant réfugié. Palestinien déambulant d'un espace à un autre : Liban. Palestine où il revient clandestinement. Le Caire. Moscou. Tunis. Paris. Et Ramallah où il est, pendant plusieurs mois, assigné à résidence par les autorités israéliennes :
– «Celui qui m'a changé en exilé m'a changé en bombe…». Palestine est devenue mille corps mouvants sillonnant les rues du monde, chantant le chant de la mort, car le nouveau Christ, descendu de sa croix, porta bâton est sortit de Palestine.
– Déplacement. Douleur du départ et de l'exil :
– «J'ai en tête une chanson. Qui va et vient. Entre la présence et l'absence. Elle n'ouvre la porte. Que pour la refermer».
– Mais on dirait…
– «Un deux en un. A moins que je ne sois Un, exposé en deux. Pont. Ô pont Lequel des deux fragments est moi ?»
Vie fragmentée entre «exil, l'univers extérieur» et «exil, l'univers intérieur». Etranger dans son propre pays. Etranger à lui-même. Etranger dans les pays où il a cherché refuge. Et, dans tout ce fatras de rêves, de promesses, d'illusions, d'espoir et d'espérance, la poésie qui se nourrit du terreau de l'expulsion, du départ et de l'exil, devient le lieu d'expression de son amour pour la terre de ses ancêtres :
– «Le destin a voulu que mon histoire se confonde avec une histoire collective, et que mon peuple se reconnaisse dans ma voix».
– Ce matin…
– «Dimanche est le premier jour de la Bible. Mais le temps modifie les mœurs : le dieu de la guerre se repose les dimanches. Assis chez moi, ni heureux ni triste. Entre les deux, je me moque de savoir si je suis vraiment moi ou personne !»
Ce matin… Alors que le temps ne finit pas de déambuler dans les dédales de l'existence, un homme parle. Il inonde l'espace de ses mots finement ciselés et parfumés à l'essence de vérité, de justice et de dignité. Loin des contrées peuplées, il s'en va arpenter les routes solitaires. Je le vois. Il marche et parle. On dirait qu'il délire. On dirait qu'il rit, pleure, crie, parle. Parle. Parle.
– Mais que dit-il encore ?
– Des mots hachés dans une langue inconnue qui raconte une histoire. Celle d'une douleur qui s'est instillée jusque dans le cœur des maisons qui attendent le retour des clés emportées dans les cœurs meurtris qui se souviennent et se souviennent.
– Mais que fait-il debout au bord du précipice de l'Histoire ?
– Ah, ce poète ! Le voilà sur le point du départ, enterrant les spectres qui s'affrontent dans le tourbillon de sa vie qui au bout du compte finit par se donner à la mort ressuscitée en Vie. Ecoute ! Ecoute !
Adieu, Adieu, poésie de la douleur ! Repose en paix, Mahmoud Darwich ! 
Les vers de Mahmoud Darwich cités dans ce texte sont extraits de son recueil, «La Palestine comme métaphore».


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