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Le droit des peuples à se nourrir eux-mêmes
Publié dans El Watan le 26 - 02 - 2005

L'Algérie est un vaste pays mais la partie utile à l'agriculture est extrêmement réduite, quelque 3,2 % du territoire seulement est propre à la culture.
C'est peu, trop peu, pour une population qui a triplé en quatre décennies, et des superficies cultivées à peu près stables depuis un siècle. Les superficies ensemencées en céréales (blé et orge) n'ont évolué que sensiblement depuis 1905, 2 860 000 ha, avec un maximum réalisé en 1939, 3 100 000 ha. Le ratio terre cultivable ne cesse de se dégrader, 1,3 ha par habitant en 1900, 0,26 ha en 2004, soit une disponibilité en terre cultivable par habitant divisée par 5 en un siècle.
1- Des ressources foncières très limitées
La comparaison avec les autres pays du Sud de la Méditerranée s'impose. La Tunisie a un ratio de 0,5 ha par habitant (5 millions d'hectares pour 10 millions d'habitants). Le Maroc, avec son million d'hectares irrigué (la production sur un hectare irrigué est de 8 fois plus élevée que sur un hectare en sec) et les 8,5 millions d'hectares cultivés à un potentiel deux fois plus élevé, l'Egypte, où toutes les terres sont en irrigation, récolte deux fois par an sur la même surface (deux à trois cultures par an). Ces trois pays sont des exportateurs de produits agricoles (400 millions de dollars pour la Tunisie, 774 millions pour l'Egypte, 500 à 600 millions de dollars pour le Maroc). L'Algérie, rappelons-le, a quasiment disparu de l'exportation, avec une recette de 40 millions de dollars. Pour en finir avec la question des ressources foncières, signalons une étude de la FAO « terres, vivre et population » qui évalue les risques de pénurie alimentaire par pays à partir du pourcentage de la population que le pays peut nourrir avec ses propres terres. L'Algérie est classée dans le groupe des pays à risque élevé. Sur une échelle de 0 à 9, elle occupe la position 7, le risque le plus élevé étant 9. Le potentiel foncier dont nous disposons est très réduit non seulement sur le plan quantitatif, mais également sur le plan qualitatif. Sols peu profonds, fertilité naturelle faible, pluviométrie insuffisante, terres en pente, limitent fortement la productivité agricole. Les rendements des cultures et de l'élevage, en quantité de grains récoltés, litre de lait par vache, de viande par animal ou de fruits par arbre, sont sensiblement inférieurs à ceux des pays voisins et sans commune mesure avec les rendements des pays du Nord. A titre d'exemple les rendements en blé sont en moyenne dans l'Union européenne de 70 q à l'hectare, de 10 q chez nous tous les deux ans (les céréales sont cultivées sur la même terre une année sur deux seulement) la production de lait par vache est de 8000 à 10 000 l par an en Europe, elle est au mieux chez nous de 3000 l.
2- la forte dépendance
Nous importons des produits aussi divers : les blés, dur et tendre, en grande quantité (80% de nos besoins, environ 6 millions de tonnes pour une production locale, de 2 millions de tonnes en moyenne), le riz, les légumes secs, l'orge, le maïs et l'avoine, les graines oléagineuse (colza, tournesol, soja, tourteaux de palmistes pour fabriquer nos huiles), les fruits en quantité croissante, (bananes, pommes, raisins, oranges), (houblon pour la bière et enfin des produits animaux), lait, viandes congelées et fraîches, poissons... le sucre, le café, le thé, les produits agricoles non alimentaires. La liste n'est pas exhaustive. Les trois denrées les plus importées (le blé, le lait, les huiles végétales), fournissent plus de 65% des 2600 calories que nous consommons quotidiennement. La dépendance alimentaire de l'Algérie est très forte. L'indicateur de dépendance est donné par le rapport calories importées sur calories produites localement. En valeur énergétique de la ration alimentaire, 2 calories sur 3 consommées sont importées. Les USA et l'Europe sont pour le pétrole moins dépendants de l'extérieur que nous le sommes pour notre nourriture. Compte tenu des terres disponibles, l'Algérie a atteint le maximum de ce qu'elle pouvait nourrir durant la décennie 1970 (15 millions d'habitants). Depuis, pour chaque habitant supplémentaire, elle a du faire appel à l'importation pour couvrir les besoins. Dès lors, il y a lieu de s'inquiéter de la disparition des meilleures terres, celles qui se trouvent en bordure du littoral, et des plaines intérieures, ainsi que des pertes en équivalent de terres arables, de plusieurs dizaines de milliers d'hectares, du fait de l'érosion des sols, de la dégradation des forêts et de la disparition des ressources fourragères de la steppe livrée au surpâturage anarchique.
3- inquiétudes sur le futur
Le bon approvisionnement des marchés permis par l'importation ne peut cependant dissimuler une situation alimentaire très vulnérable ni lever les inquiétudes qui pèsent sur le futur alimentaire du pays. Cet approvisionnement est soumis à de nombreux aléas. La part croissante de la satisfaction des besoins par l'importation exige des dépenses en devises de plus en plus lourdes. La facture des importations de produits agricoles s'est élevée en 2002 à 3,036 milliards de dollars, celle des denrées alimentaires à 2,727 milliards de dollars (2,6 milliards en 2003 et 2,469 en 1997). A cette facture, il faut ajouter au compte du secteur agricole, 5 à 600 millions de dollars d'importation de biens intermédiaires, semences et plants, produits chimiques, outillage, nécessaires à la production. Les importations alimentaires tant en quantité qu'en valeur sont en augmentation régulière : un milliard de dollars, dans les années 1970, deux milliards dans les années 1980, 2,5 dans les années 1990, trois milliards de dollars en moyenne pour la décennie 2000. La satisfaction de nos besoins alimentaires est fortement dépendante de notre capacité à importer, de nos avoir en devises. Comme chacun le sait maintenant, les exportations d'hydrocarbures constituent notre unique ressource de paiement extérieur. Ces ressources sont fluctuantes, selon l'évolution des prix sur le marché. Dans le début des années 1990, avec la chute des prix et la dette, l'Algérie a importé de la nourriture à crédit. Nous ne sommes pas à l'abri d'une nouvelle chute de prix des hydrocarbures, d'une évolution défavorable des cours à terme. Une baisse des prix des hydrocarbures peut s'accompagner d'une hausse des prix des denrées alimentaires sur le marché, comme pour les années 1980. Les pays importateurs ont bénéficié, jusque-là, surtout durant la décennie 1990 de prix mondiaux faibles pour les denrées alimentaires. Les excédents disponibles sur les marchés sont avant tout dus aux soutiens agricoles, très importants, consentis par les pays riches. Les pays de l'OCDE, grands exportateurs, consacrent chaque année 120 milliards de dollars, soit 1,3 % de leur PIB au soutien agricole. Que cessent ces soutiens, comme l'envisage l'OMC aujourd'hui, et les prix partiront à la hausse.
4- Production et sécurité
Confier au marché mondial le soin d'assurer la sécurité alimentaire nationale, comme le recommande la Banque mondiale, suppose par ailleurs que l'on puisse disposer, à tout moment, d'excédents suffisants, pour couvrir les besoins des pays déficitaires. Personne aujourd'hui ne peut affirmer que la production mondiale pourra répondre à terme aux besoins des habitants de la planète. Les prévisions démographiques des Nations unis avancent le chiffre de 9 milliards d'habitants d'ici 2050 (6 milliards actuellement). La demande mondiale connaîtra une augmentation considérable dans le futur. On s'attend par exemple à ce que la demande à terme de la Chine atteigne à elle seule 200 millions de tonnes de grains, soit l'équivalent des importations mondiales totales d'aujourd'hui (prévision du Wold Watch Institute de Washington). Sous l'effet de l'augmentation du niveau de vie et de la population dans beaucoup de pays, la demande alimentaire sera plus forte. L'accroissement de la production pour faire face à la demande ne pourra pas venir de l'Europe ou des USA, comme c'est le cas actuellement, où la production végétale va vers des limites biologiques et où la quantité de terres disponibles pour l'agriculture est plutôt en réduction. Cela signifie que le reste du monde devra multiplier par trois sa production pour combler le déficit global. On voit combien peut être fragile l'option de compter sur le marché mondial, en fait sur les excédents des autres, pour garantir sa sécurité alimentaire.
5- L'arme alimentaire
Last but least, l'embargo est le dernier avatar et non des moindres du « marché libre ». L'arme alimentaire qui a fait l'objet de tant de mise en garde n'est pas un tigre en papier. Durant les années 1990, le Conseil de sécurité de l'ONU (USA, Royaume-Uni, France) a sanctionné l'Afrique du Sud, puis l'irak, une partie de l'ex-Yougoslavie, la Libye, le Liberia, Haïti, l'Angola, le Rwanda et le Soudan. Le recours fréquent du Conseil de sécurité de l'ONU aux sanctions économiques met en cause, comme le signale le comité des droits économiques et sociaux de l'ONU, le droit inaliénable à l'alimentation. L'Irak a même fait l'objet, durant plusieurs mois en 1990, d'un véritable blocus alimentaire mis en place par la marine américaine avec des conséquences dramatiques sur la population. L'embargo est également en usage comme pression commerciale. Dans les années 1980, les USA décrètent un embargo sur les exportations de soja vers l'Europe, obligeant celle-ci à mettre en place un programme coûteux de substitution pour l'alimentation du bétail. Les accords de l'OMC prévoient, par ailleurs, qu'en cas de nécessité les pays peuvent mettre un embargo sur les exportations. En d'autres termes, en cas de déficit de production, priorité au marché intérieur. Dans les années 1844/1847, la maladie de la pomme de terre, base de l'alimentation des Irlandais, a détruit les récoltes 3 années durant. Elle provoqua une famine et la mort de 1,5 million de personnes forçant à l'exil 3 autres millions de personnes. Face à cette situation, la Grande-Bretagne, qui avait annexé l'Irlande en 1800, fera preuve d'une « indifférence remarquable » (attitude de mépris pour le peuple celte), explique l'historien Lian Paor. Ces considérations devraient nous conduire à mettre en place un véritable plan de sauvegarde et de restauration des terres agricoles. L'idée que l'on peut substituer les espaces du Sud aux terres du Nord est une idée dangereuse, fallacieuse. Il faut également recouvrer notre sauveraineté alimentaire, c'est-à-dire le droit de décider de notre politique agricole alimentaire, droit aujourd'hui menacé par l'OMC. L'ouverture agricole ruinerait, sans aucun doute, compte tenu du différentiel de productivité entre notre agriculture et celle des pays développés, le faible potentiel dont nous disposons encore.


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