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Kamel Benkoussa, Economiste : «Une gestion coûteuse de la précarité sociale»
Publié dans El Watan le 20 - 05 - 2013

-Face à un front social en ébullition, le gouvernement a pour toute réponse : une augmentation des salaires. Quelles répercussions peut avoir cette façon de gérer la crise sociale ?
La gestion des tensions sociales est symptomatique de l'impasse politique que connaît l'Algérie depuis quelques années déjà. En effet, notre pays a trop longtemps été géré de manière clanique, où la primeur est donnée aux intérêts personnels de nos politiques au détriment de celui de la nation. Un modèle de gestion qui n'accorde pas ou peu d'importance au développement économique et au bien-être des Algériens. D'ailleurs, les affaires de corruption qui font aujourd'hui la une de la presse nationale sont la preuve indéniable d'une gouvernance chaotique.
Le blocage systématique de bon nombre de projets structurants, d'industriels algériens, à forte valeur ajoutée et créateurs potentiels de millions d'emplois, s'inscrit dans une logique qui favorise l'importation et les commissions au détriment de l'industrialisation du pays. Une gouvernance coûteuse pour l'Algérie, qui a découragé une production locale en mettant à mal la compétitivité des entreprises algériennes (importations subventionnées et hausse des salaires dans un secteur public constamment déficitaire).
Cette gestion à vue aura inéluctablement des conséquences économiques et sociales désastreuses (hausse vertigineuse du chômage, forte inflation importée, ralentissement économique, précarité et instabilité sociale). Il est consternant d'apprendre que la bonification du taux d'intérêt à 100% aux chômeurs annoncée par le Premier ministre soit la seule solution trouvée par le gouvernement pour répondre aux revendications de la jeunesse. Rappelons que faute de formation en management, près de 90% des projets entrepris par les jeunes chômeurs via l'Ansej se soldent malheureusement par un échec. Avec une gestion coûteuse du chômage et de la précarité sociale, l'Algérie va au devant d'une grave crise économique.
-Alors qu'il prône la rigueur budgétaire, le gouvernement n'hésite pas à créer de nouveaux postes d'emploi dans la Fonction publique, déjà pléthorique. Peut-il en être autrement?
Le gouvernement gère le pays avec l'illusion que nos réserves de change sont illimitées et nos ressources naturelles éternelles. Le réveil sera très difficile et malheureusement seul le peuple paiera les conséquences de cette gestion désastreuse. L'Algérie est aujourd'hui à la croisée des chemins et nos gouvernants ne peuvent plus continuer à mentir au peuple. Pour qu'il en soit autrement, nos gouvernants doivent d'abord admettre qu'ils ont failli à leurs responsabilités devant les Algériens et surtout qu'ils se résignent à laisser la place à une nouvelle génération plus compétente, profondément patriotique et au-delà de tout soupçon. Le problème de l'Algérie c'est une mauvaise gouvernance doublée d'une crise politique majeure et d'affaires de corruption qui gèlent l'appareil décisionnel de l'Etat.
De fait, le pays est aujourd'hui en proie à une grave instabilité politique, économique et sécuritaire. Ceci dit, la priorité doit être donnée au secteur privé algérien, plus compétitif et plus innovant, pour prendre le relais de l'Etat en matière de création d'emplois. Il faudrait, par exemple, soit débloquer immédiatement tous les projets actuellement en suspens au Conseil national de l'investissement (CNI), soit tout simplement dissoudre ce conseil, car il n'a pas d'autre rôle que son action politique coercitive sur l'investissement productif en Algérie. Nous pourrions ainsi créer de la croissance et plusieurs millions d'emplois en moins de 5 ans (projets en attente : cimenteries, pétrochimie, agroalimentaire, infrastructures, etc.). L'industrialisation et la diversification de notre économie est une problématique vitale et elle doit être traitée dans la plus grande urgence.
-Le gouvernement peut-il répondre à toutes ces sollicitations qui se multiplient sur plusieurs fronts ?
Non. Le gouvernement ne peut pas y répondre seul. Pour preuve, le bilan décevant du plan quinquennal de 286 milliards de dollars (2,86% de croissance annuelle du Produit intérieur brut (PIB) en 2012). Le tout Etat n'a jamais été une solution. D'ailleurs un pays comme la Corée du Sud, considéré comme l'un des plus pauvres au monde au sortir de sa guerre, en a pris conscience très tôt. C'est ainsi que son PIB par habitant a été multiplié par plus de 77 entre 1950 et 2012 avec une population qui est passée de 19 à 50 millions d'habitants (au 15e rang sur les 185 pays classés).
Un miracle économique dû, entre autres, à la clairvoyance du régime politico-militaire de l'époque, conscient que la stabilité territoriale et politique du pays ne pouvait reposer que sur une croissance de son PIB soutenue par l'émergence de grands groupes privés. Avec une contribution de seulement 5% du PIB en 2012, l'industrie hors hydrocarbures algérienne a les potentialités de croissance qui permettraient de répondre aux besoins de notre pays en matière de création d'emplois, de richesses et de hausse du pouvoir d'achat.
-On a le sentiment que la grogne a des origines qui vont au-delà des simples inégalités salariales ou revendications socio-professionnnelles. Comment en est-on arrivé là?
L'Algérie vit effectivement une crise identitaire et sociale profonde. Le malaise peut se ressentir dans la vie de tous les jours. De désillusion en désillusion pendant 50 ans, on nous a expliqué que la souveraineté territoriale de notre pays était l'enjeu prioritaire et que nous devions rester unis et être fiers de notre glorieux passé historique. Quand bien même une nation se construit autour de son histoire, cela ne suffit malheureusement pas à nourrir un peuple.
A force de trop regarder le passé nous en avons oublié de conjuguer l'Algérie au futur. Une école d'excellence, un emploi, un meilleur système de santé et un bien-être social sont autant d'aspirations pour notre jeunesse qui ne demande qu'à vivre et à rêver. Peu importe comment ou pourquoi nous en sommes arrivés là. Malgré les périodes douloureuses que nous avons vécues depuis notre indépendance, l'Algérie peut aujourd'hui se réinventer et offrir aux Algériens d'ici et d'ailleurs le sentiment d'appartenir à une grande nation forte et fière.
-Pour le moment, la rente pétrolière a permis de maintenir une paix sociale qui semble pourtant s'effriter. Quelle alternative existe-t-il à cette fuite en avant ?
Certes la rente pétrolière a permis d'acheter la paix sociale, mais cela ne règle en rien les problèmes de la majorité des Algériens. A défaut de prendre ses responsabilités politiques, le gouvernement a opté pour une navigation à vue dans la gestion du malaise social. Nos gouvernants manquent indéniablement de leadership et de courage politique. Pourtant nous avons tous conscience des blocages en Algérie. A côtoyer aussi bien les jeunes désabusés des quartiers pauvres de nos grandes villes que les grands patrons algériens, je suis profondément choqué par l'absurdité déconcertante de ce système. Ne croyez surtout pas nos politiques qui pensent que l'Algérien est incompétent et ne veut pas travailler ou encore que nous n'avons pas de chefs d'entreprise capables de rivaliser avec l'étranger et de lancer de grands projets innovants et structurants pour notre pays.
Alors qu'un bon nombre de mes concitoyens vivent dans une précarité indigne d'un pays comme le nôtre, des dizaines de projets d'investissement de chefs d'entreprise algériens sont actuellement victimes d'une bureaucratie lourde et font les frais d'un manque de courage politique de nos ministres. Ayant sillonné l'Algérie pour une série de conférences sur la crise mondiale et son impact sur notre pays, j'ai eu le plaisir, mais surtout l'honneur, de rencontrer une jeunesse intelligente, pleine d'énergie et motivée. Nous avons d'un côté, des jeunes qui ne trouvent pas de travail, et de l'autre, l'Etat qui décourage la création d'emplois en bloquant systématiquement des projets d'investissement de chefs d'entreprise algériens.
En réalité, nous n'avons pas tant de déficit de compétence que de manque en chefs d'entreprise ambitieux, car le savoir-faire s'achète facilement et nos patrons ne demandent qu'à investir. Alors combien de temps allons-nous continuer à accepter cette situation ? Dans un monde en perpétuelle mutation, l'Algérie doit, aujourd'hui, être dirigée par une élite en phase avec les enjeux politico-économiques internationaux, tout en étant à l'écoute des préoccupations quotidiennes des citoyens. Un gouvernement capable de relever les défis de demain en proposant un nouveau modèle de développement économique plus compétitif et plus ambitieux.
L'Algérie, membre des BRICS (pays émergents : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) en 2020 est notre objectif. Et une Algérie forte et fière présidée par un homme d'Etat (et non de pouvoir) jeune, compétent et non corrompu, démocratiquement élu en 2014, notre rêve.


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