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Daho Djerbal. Historien et directeur de la revue Naqd
« Nous payons le prix des renoncements des politiques du FLN »
Publié dans El Watan le 27 - 02 - 2005

En tant qu'historien, quel regard portez-vous sur la société algérienne d'aujourd'hui ?
Je suis relativement optimiste, un optimisme de la volonté en fait. Aujourd'hui, il y a des forces nouvelles dans cette société qui sont en attente de formes de représentation plus adéquates à leur demande. Ces forces sont dynamiques et agissent sur le terrain, mais elles le font avant même d'y penser. A terme, elles vont produire des discours plus élaborés sur les plans politique et social et mettre en avant des revendications qui leur sont propres. Nous sommes en fait dans une perspective de redéploiement du champ politique, de redéfinition du penser et de l'agir en politique.
Faut-il comprendre par là que les partis existants sont sur le déclin et qu'ils peuvent, à terme, disparaître ?
Je crois effectivement que les partis, dans les formes et sous les dénominations qui sont les leurs aujourd'hui, ont atteint leurs limites historiques. A terme, nous assisterons à des recompositions du champ politique. Il y a lieu de s'attendre à la reconstitution de formations politiques sur des bases nouvelles.
A quoi cela est-il perceptible ?
Les faits sont nombreux. La société a non seulement changé, mais elle se transforme aussi rapidement. De nouveaux agents sociaux et de nouveaux entrepreneurs sont en train d'apparaître. Le secteur des services, par exemple, se développe à un rythme régulier. De plus, l'agriculture, qui était jadis un secteur dominé par la paysannerie pauvre et un faible surproduit, tend aujourd'hui à se transformer sous l'influence du développement de l'économie de marché. Les entreprises agricoles se sont multipliées ces dernières années sous l'effet conjugué d'injections massives de crédits de l'Etat et de l'accroissement de la demande en biens de consommation agroalimentaires. Le revenu des ménages évolue lui aussi et l'informel rentre aussi dans sa constitution autant qu'il rentre dans l'activité productive du secteur de la production des biens et services. Les petites villes d'hier se muent également en agglomérations. 60% de la population algérienne vivent dans des agglomérations urbaines. Des centres ruraux sont devenus des bourgades, des villages sont devenus de petites villes et des petites agglomérations se sont transformées en véritables centres urbains. La ville voit se dissocier les formes de la citadinité avec celle de l'urbanité. Les signaux qui renseignent sur les mutations de la société sont encore très nombreux. Ils disent tous, qu'au fond, une partie de la population algérienne vit dans de nouvelles conditions qui ne sont plus celles des années 1970-80 et encore moins celles des années 1960. En revanche, il y a lieu de s'attendre à ce que de nouvelles formes d'expression du politique intègrent ou tiennent compte de ces nouveaux éléments. Des éléments sous-tendus par de nouvelles demandes sociales (demande de biens matériels, mais aussi demande sociale, demande en biens symboliques, culturels et évidemment demande en droits juridiques et politiques). Nous sommes actuellement en présence d'une crise de la représentation. Il y a comme une panne générale dans le sens que peuvent donner les institutions gouvernementales et contre-gouvernementales, les partis au Pouvoir comme ceux qui voudraient l'être à leur projet nouveau de société.
En plus de leur représentation désuète, vous suggérez que les partis n'ont également pas su répondre aux attentes...
Les partis n'ont pas été suffisamment au rendez-vous quand il s'est agi d'offrir des alternatives globales. Je ne prends, pour exemple, que le cas de la dénationalisation (désétatisation pour certains) des ressources du pays. En dehors de quelques rares partis périphériques, le problème n'a jamais été posé frontalement dans les tribunes du Parlement ou même dans les conclaves des partis politiques, toutes tendances confondues. Le débat n'a pas eu lieu ; il n'a même pas eu lieu au sein même de l'UGTA. Les décisions sur la dénationalisation des hydrocarbures, des ressources du sol et du sous-sol vont passer comme une lettre à la poste, alors que la nationalisation des richesses du sol et du sous-sol a été le couronnement de tout ce qui a fait le mouvement national depuis les années 1920-30 à ce jour, son apport fondamental. On confond, ou on pousse à la confusion, entre biens nationaux et biens de l'Etat. Tout se passe comme si, ce qui est bien nationalisé appartiendrait de fait à l'Etat comme propriété privée et qu'une décision dictée par l'Exécutif suffirait à faire passer ce qu'il a fallu plus d'un demi-siècle de lutte et sept années et demie de guerre pour l'arracher aux indus possesseurs. Nous payons en fait le prix des renoncements et autres compromissions des politiques du FLN, d'abord, et des autres partis plus ou moins socialistes, ensuite. Je crois que beaucoup de formations politiques devraient effacer de leur enseigne le mot socialiste. Et comme vous pouvez le constater, il n'y a vraiment pas l'ombre d'un débat national sur ce que sera le devenir du pays dans les vingt ou trente années à venir.
Mais les partis sont quand même dotés de programmes et de projets de société qu'ils ont à un moment ou à un autre soumis aux électeurs...
Les moments dont vous parlez étaient beaucoup plus l'expression d'un vote-sanction de la politique gouvernementale qu'un choix de société, un vote « contre » plutôt qu'un vote « pour ». Les partis n'étaient pas réellement porteurs d'un projet de société. Ils ont plutôt répondu à des sollicitations, qui étaient celles du Pouvoir, pour le soutenir ou le contrer. Ils étaient pour ou contre tel ou tel parti, tel ou tel chef de gouvernement, tel ou tel général. Mais aucun d'eux, en dehors peut-être du FIS, un moment en tout cas, ne présentait le choix d'un régime radicalement différent. Aucun d'eux ne proposait un projet de société alternatif. Cet état de fait expliquera d'ailleurs par la suite le comportement des bases de masse de ces partis et de leurs bases électorales quant aux appels de leurs états-majors et les forts taux d'abstention qui ont caractérisé les derniers scrutins.
Qu'est-ce qui empêche maintenant les nouvelles forces dont vous parlez d'émerger ?
Aujourd'hui, les forces politiques et syndicales, dans leurs enveloppes anciennes, sont en train de périr ou de dépérir. A terme, elles vont s'engouffrer davantage dans la crise. Des soubresauts internes sont déjà perceptibles. Les signes avant-coureurs existent. Les conflits récurrents, interminables, entre présidents de partis et secrétaires généraux constituent autant de symptômes de cette crise. Bien évidemment, ces conflits qui mettent en scène les pères fondateurs et les représentants des structures militantes demandent à être analysés. Mais sachez néanmoins qu'il y a une crise permanente qui traverse tous les partis et tous les mouvements. On peut encore se demander pourquoi les partis se croient obligés d'enfourcher des mouvements qui se sont déclenchés hors d'eux avant de les dénoncer dans leurs dérives de toutes sortes.
Comment expliquez-vous que les partis se laissent désespérément mourir, alors que la conjoncture leur donne la chance de rebondir ? Vous conviendrez que les grands débats de société ne manquent pas (code de la famille, liberté de la presse, privatisation, etc.)...
Parce que les canaux par lesquels ces débats doivent avoir lieu ont été verrouillés. Que cela soit à l'initiative du Pouvoir central ou à cause des tergiversations des appareils sociaux, des appareils médiatiques, comme la presse. Il n'y a pas de réelle ouverture dans la presse. Et cela qu'elle soit écrite, parlée ou télévisée. Il n'y a pas de vrais débats sur les questions que vous évoquez. C'est le cas également des dossiers sur l'amnistie et la concorde. Tout cela n'est pas soumis à débat. Il est pourtant nécessaire qu'il y ait des débats publics sur toutes ces questions. Il faut que les uns et les autres acceptent de se soumettre à la critique de la volonté souveraine du peuple citoyen.
Pourquoi, selon vous, le Pouvoir maintient-il le verrouillage, alors que les observateurs s'accordent à dire, pourtant, qu'il joue sur du velours ?
Parce que la doctrine de l'Etat (le pouvoir exécutif dans ses différentes manifestations) concernant la nouvelle orientation du régime n'est pas encore stabilisée. Les formes de la décision concernant cette orientation ne sont pas encore homogénéisées et cohérentes. Donc, tout débat public peut être l'occasion de fragiliser le pouvoir de décision (l'Exécutif). Par ailleurs, il est utile de comprendre que, dans certaines situations, la libéralisation de l'économie n'est pas forcément suivie (c'est également le cas du Maroc) d'une démocratisation de la vie publique. Bien au contraire, il arrive parfois que l'ouverture libérale s'accompagne d'une dérive autoritaire et même despotique. L'économie libérale ne se conjugue pas nécessairement avec démocratisation. Elle a souvent été la forme économique et idéologique d'un pouvoir fascisant. Les données sur le terrain montrent que des dispositions ont été prises depuis plus d'une année et parfois même plus pour accentuer le verrouillage de l'activité des mouvements associatifs, de l'université et aussi des autres pouvoirs comme le judiciaire.
Quels sont, selon vous, les risques qui pourraient découler d'un maintien prolongé de ce verrouillage ?
Vous avez évoqué le cas du code de la famille. Je vous répondrai en m'appuyant donc sur cet exemple. Si l'on compare avec l'Algérie des années 1980, nous constatons que depuis près de cinq ans la population féminine scolarisée aux niveaux moyen et secondaire a augmenté au point de devenir majoritaire. Ce n'est pas tout. Dans certaines filières universitaires, la population féminine atteint même les 75%. Certaines spécialités, en médecine par exemple, sont presque exclusivement féminines. Si cette tendance continue et si rien ne l'empêche d'évoluer dans ce sens, l'administration des choses en Algérie se féminisera très vite. C'est-à-dire que l'espace professionnel, l'espace public et même parfois l'espace privé et domestique seront à majorité administrés par la population féminine. Il y a une conséquence ingérable et intenable pour l'idéologie machiste et réactionnaire dominante qui découlera de cet état de fait massif, et le code de la famille ne pourra plus être le cadre dans lequel sera codifié le nouveau rapport à la réalité sociale et économique. Il faudra bien que cela change. Si les partis, les mouvements associatifs et les institutions publiques ne prennent pas les devants, cela se fera, comme cela s'est toujours fait, sans eux. Et le recours à la violence n'est pas à exclure.
Après l'expérience vécue durant la dernière décennie, pensez-vous vraiment que le recours à la violence reste une option de contestation envisageable ?
Du point de vue de la pure analyse, rien ne permet d'exclure une telle éventualité. Les formes nouvelles qui apparaissent dans la société (les agents sociaux nouveaux et les dynamiques sociales qui sont en train de se développer) pourraient recourir à la violence si elles ne trouvent pas les canaux (culturels, idéologiques, politiques et juridiques) à travers lesquels elles pourraient s'exprimer. Si ces canaux sont faibles ou obturés par des décisions monopolistiques ou autoritaires et despotiques, à ce moment-là elles trouveront d'autres canaux par lesquels s'exprimer, y compris les canaux violents. Mais sachez que cela n'est pas un phénomène propre à l'Algérie. C'est ce que d'ailleurs montre le dernier numéro de la revue Naqd (ndlr : revue d'études et de critique sociale. Les n°19/20 intitulés « Penser le politique ») dans le cas de l'Inde qu'on peut très bien mettre en parallèle avec l'Algérie.
Et en quoi l'Algérie peut être comparée à l'Inde ?
La situation présente des similitudes en ce sens que nous assistons, entre les années 1990-2000, comme cela a été le cas en Inde, à une substitution progressive des anciens mouvements nationalistes laïques par des nouveaux mouvements identitaires et culturalistes. Progressivement, la forme « mouvement » va prendre la place de la forme « parti ». Le mouvement peut ne pas s'exprimer sous la forme du vote et donc de la représentation parlementaire. Tout le problème est là. De larges pans de la société représentant ses parties les plus dynamiques et neuves peuvent ne pas être représentés dans les instances délibératives. Mais retenez seulement qu'il commence à poindre des manifestations de mouvements qui sont irréductibles à la structure hiérarchique verticale du parti. Ces manifestations peuvent être des mouvements liés à la conjoncture. Elles peuvent aussi devenir des mouvements importants à l'échelle sociale. Mais elles ont rarement des conséquences sur la nature du régime en place.
Estimez-vous que le phénomène arch pourrait être le prélude à des transformations annoncées ?
Il en constitue un signe avant-coureur. Souvenez-vous, en plus de la Kabylie, il y a eu (et il continue d'y avoir) des mouvements analogues dans les autres régions avec des soulèvements de jeunes. Ces situations recèlent des ressemblances frappantes à celles observées en Inde (avec le bandh et l'hartal) et même en Amérique latine.
Qu'en sera-t-il des partis qui gravitent, en ce moment, autour du Pouvoir (RND, FLN et MSP) ? Pensez-vous qu'ils seront également concernés par la restructuration ? uvoir (RND, FLN et MSP) ? Pensez-vous qu'ils seront également concernés par la restructuration ?
Le dernier numéro de Naqd peut apporter quelques réponses à vos interrogations. Une étude consacrée au Maroc décortique les mécanismes qui ont permis au pouvoir monarchique de donner l'illusion du changement, mais sans pour autant déranger ou changer en quoi que ce soit le système. Pour cela, il lui aura suffi de remplacer un ancien parti gouvernemental par un autre. L'UNFP a pris, en effet, la place de l'Istiqlal, mais rien n'a changé au niveau du pouvoir monarchique. Le pouvoir souverain est resté le même. C'est-à-dire, qu'au fond, le pouvoir central (l'Exécutif en particulier), qu'il soit monarchique ou républicain, va sans cesse essayer de trouver dans les partis du socle gouvernemental des partenaires dont la seule raison d'être est de rester dans la proximité immédiate de la sphère de l'Etat et de se nourrir des seules attributions que leur concède l'Etat. Les combinaisons appropriées pour veiller aux équilibres du système continueront de se concocter dans des conclaves étoilés ou non. Malgré tout, il convient de rester attentif aux fluctuations et aux formes d'expression des nouvelles forces qui sont en train de poindre. Il s'agit aussi de rester concentré sur la manière dont s'organisera la distribution des forces dans les sphères gouvernementales, dans l'appareil parlementaire et dans l'institution judiciaire. Mais là il s'agit déjà d'un autre débat.
Est-il possible de prévoir ce que pourrait être la configuration politique du pays dans les toutes prochaines années ?
Il est encore trop prématuré pour le dire. La raison tient au fait que nous sommes dans une crise de la pensée politique. La pensée est hétéroclite et les mouvements hybrides. Il y a un vrai déficit quant à penser politiquement la phase que nous traversons. Dans les partis et dans la société, d'une manière générale, il n'y a pas de vrais débats sur le fond. Les gens (ou les militants) discutent des trajectoires, des itinéraires, des positions et des dérives des personnes. Il y a comme un anthropomorphisme politique. En revanche, nous n'assistons toujours pas à l'amorce de vrais débats politiques. Il y a une déperdition, une dérive du politique.
Dans cette recomposition annoncée, pensez-vous que les partis d'obédience islamiste ont encore de l'avenir ?
L'islamisme connaît, si vous le suivez depuis son début à aujourd'hui, les mêmes travers ou dérives connus par les partis à socle ethnique. Dans le contexte des années 1990-2000, ce sont des mouvements dominants. Je parle des nouveaux mouvements à caractère identitaire et culturel. Mais ces mouvements n'ont pas nécessairement, sauf en Inde, une doctrine concernant les choix fondamentaux du pays. Que cela soit dans l'économie, dans la distribution des pouvoirs ou dans les relations à la société et à la culture. Le mouvement islamiste est pour le moment une nébuleuse qui tire dans toutes les directions. Il est dominé en fait par un courant s'inscrivant dans une logique d'intégration au pouvoir et à l'économie mondiale et non d'une remise en cause des systèmes de domination (de tous les systèmes de domination, y compris celui des hommes sur les femmes). A ce jour, il n'a éclairci ni sa position quant à l'économie de marché dominante, où s'est déployée la plus grande partie de ses troupes, ni sur son rapport à la violence et à la contre-violence.


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