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Le salut de Dickson
Publié dans El Watan le 01 - 02 - 2014

La petite œuvre de moins de dix secondes dont il n'en reste que deux, conservées au Moma (musée d'art moderne de New York) s'intitule Le Salut de Dickson. Elle fut projetée au mois de mai devant cent cinquante militantes de la Federation of Women's Clubs, une des premières organisations féministes. Personnage étonnant que ce Dickson jeté aux oubliettes de l'histoire. Inventeur, producteur, directeur de la photographie, réalisateur, scénariste et acteur britannique, il était aussi — en tant qu'ingénieur électrique ! — le collaborateur de Thomas Edison, inventeur de l'ampoule électrique et du phonographe. Cela fait donc 123 ans que Dickson adressa son bref salut qui, finalement, est devenu l'un des plus longs de l'histoire. Autant d'années pour le septième art dont la formidable aventure se poursuit toujours, après des décennies de mutations techniques et artistiques considérables dont l'emprise s'étend du XIXe au XXIe siècle. Aujourd'hui encore, le cinéma évolue et les dernières statistiques publiées par l'ISU (Institut des statistiques de l'Unesco)* viennent nous confirmer la constance des changements qui l'animent du fait de la conjoncture mondiale, des transformations sociales et culturelles et des innovations technologiques. D'où ce petit survol des tendances mondiales avec quelques clins d'œil à l'Algérie et au Maghreb.
Un des premiers aspects mis en évidence par l'ISU est que la crise économique de 2008 qui a affecté le monde entier et la quasi-totalité des secteurs d'activité n'a pas touché le monde du cinéma. Bien plus, celui-ci a poursuivi sa croissance durant la dernière décennie avec deux phénomènes concomitants : une révolution technique touchant à la fabrication et à la distribution des films, et un changement drastique des habitudes de consommation. En clair, cela signifie que les dix dernières années marquent un tournant dans l'histoire du cinéma. Du point de vue de la production cinématographique, la première place reste occupée par l'Inde, position qu'elle détient depuis au moins quarante ans. En 2011, Bollywood a ainsi produit 1255 films. En deuxième place, le Nigeria a relégué à la troisième place les Etats-Unis, avec respectivement 997 et 819 films. Mais, si ce changement peut étonner, il ne représente certainement pas la réalité car l'Inde et les USA produisent pour des réseaux de salles tandis que «Nollywood», nom donné à la cinématographie nigériane, reste une industrie de films vidéo, souvent en moyen métrage, destinés à une consommation privée. Sans compter une différence énorme d'investissement avec les films indiens et américains, les films nigérians se distinguant souvent par une qualité médiocre. 
Cela dit, plusieurs analystes estiment que cette base d'activité qui permet à des réalisateurs de s'affirmer et à des artistes et techniciens de travailler, pourrait donner lieu, à l'avenir, à une évolution qualitative de cette filmographie africaine. Cette tendance avait été observée avec le cinéma indien qui, dominée par les productions commerciales, a permis, grâce à sa base de véritable industrie culturelle, de donner le jour également à un grand cinéma d'auteur.
Pour beaucoup, le cinéma reste cet art qui se consomme collectivement dans une salle obscure. Toute son ingénierie et sa magie tiennent dans ce rapport entre une industrie et des réseaux. Cependant, la tendance aux multiplexes avec plusieurs petites salles rapproche cette dimension de celle de la consommation individuelle et familiale. Ce sont les salles de cinéma qui semblent s'adapter au cinéma at home et non le contraire. A ce titre, les entrées mondiales, soit le nombre de billets de cinéma vendus, est révélateur. On constate ainsi que ce nombre a légèrement diminué ces dernières années bien que les recettes aient continué à augmenter, notamment sur les marchés dominés par la 3D et les pays émergents. Le poids de ces derniers dans l'évolution du cinéma mondial est un phénomène aussi remarquable que celui de leur rôle grandissant dans l'économie de la planète, comme s'il y avait une corrélation entre dynamisme économique et développement culturel, à plus forte raison pour le cinéma qui, de tous les arts, se situe à mi-chemin entre l'art et l'industrie, de la création et du marketing.
L'information, peut-être la plus importante de l'analyse statistique de l'Unesco est sans doute la suivante : «En 2011, les pays du groupe BRIC (Brésil, Fédération de Russie, Inde et Chine) représentaient 22% des recettes-guichet mondiales en générant un revenu de 5,4 milliards de $ US et 50% des entrées mondiales avec 3,6 milliards de billets vendus». Cela signifie que ces quatre pays ont concentré à eux seuls, non seulement la moitié des billets mais aussi plus du cinquième des recettes dans le monde ! Il s'agit d'une révolution de la géographie mondiale du cinéma et le poids démographique, bien que significatif, ne suffit pas à l'expliquer. Ce serait donc bien les pays émergents qui tirent aujourd'hui la croissance du cinéma mondial. De 2005 à 2011, la Chine est passée de la 6e à la 3e place en termes de recettes au guichet, derrière les Etats-Unis et le Japon. Les revenus de la Chine ont augmenté de 731%, évolution phénoménale dont on ne peut trouver peut-être d'équivalent qu'aux débuts de l'épopée du cinéma dans le monde. En comparaison, les revenus des Etats-Unis pour la même période n'ont progressé que de 7%, soit une progression cent fois moindre que celle de la Chine.
En termes financiers cependant, le pays d'Hollywood reste le premier, engrangeant 10,2 milliards de dollars de recettes aux guichets en 2011 contre 2,03 pour la Chine qui dépasse l'Inde (1,5 milliard). La domination américaine (voir ci-dessous encadré : «La résistance à Hollywood») demeure inchangée aussi du point de vue de la distribution mondiale. Ainsi, les trois premiers films à succès diffusés en Chine en 2011 n'ont rien à voir avec la dynastie des Ming : Transformers, Dark of the moon ; Kung Fu Panda 2 et le dernier Pirates des Caraïbes. Mais la Chine, profitant de la mondialisation, place ses pions et elle investit même aux Etats-Unis. En 2012, une compagnie chinoise a acheté pour 2,6 milliards de dollars l'une des plus grandes chaînes de salles de cinéma américaine, l'AMC Entertainment. Cela signifie qu'il faut considérer les statistiques de l'Unesco selon ces nouvelles configurations puisqu'une partie des billets vendus aux Etats-Unis reviennent aux Chinois !
L'autre tendance mondiale marquante est celle de la numérisation de l'industrie cinématographique, particulièrement marquée aux Etats-Unis et en Europe. On estime qu'avant la fin de cette décennie (2020), la conversion des équipements de leurs salles sera complètement achevée. Cette transition technologique est cependant onéreuse et les autres régions du monde mettent plus de temps à la mettre en œuvre autant du fait des coûts d'investissement que des niveaux de revenu des spectateurs qui ne pourraient supporter l'inclusion des frais d'amortissement dans le prix des billets. En Amérique latine, par exemple, le Brésil et le Mexique concentrent à eux deux les trois-quarts des écrans numériques du continent. En corollaire, la production se numérise aussi et l'analyse statistique de l'Unesco en pointe l'origine : «Depuis le succès planétaire du film Avatar, de plus en plus de films d'Hollywood de grande envergure (blockbusters) sont produits en 3D. En 2011, la moitié des 10 films les plus populaires dans le monde étaient tournés dans ce format».
Pour de nombreux observateurs, cette évolution technologique serait de nature à redonner au cinéma en salle l'extraordinaire pouvoir d'attraction qu'il a longtemps eu du temps du 35 mm. Les récents indicateurs d'entrée pour les films en 3D tendraient à le prouver. Mais d'autres analystes estiment que cette évolution remarquable ne suffira pas à long terme à contrebalancer la tendance socioculturelle individualiste qui semble déterminer l'évolution des sociétés et qui, pour le septième art, se manifeste à travers les DVD, le home cinéma, les téléchargements, etc.
Pour l'instant, le cinéma n'a pas dit son dernier mot et sa formidable capacité d'adaptation, de même que les indicateurs relevés, laissent penser que l'on n'est pas prêt encore de voir «L'Adieu de Dickson».
*Analyse de données sur le cinéma 2013. Institut de statistiques de l'Unesco. Accès sur le site officiel.


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