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Urgences, au plus près des douleurs de la société
Publié dans El Watan le 13 - 02 - 2014

Urgences. Le mot est écrit en néons lumineux sur le perron de l'hôpital. On le repère de loin, mais l'urgence se lit surtout sur les visages tordus de douleur des malades et ceux de parents paniqués ou inquiets qui les accompagnent. A peine pénètrent-ils dans le hall de l'hôpital, ils cherchent du regard à quelle porte frapper ou à quelle blouse blanche s'adresser. Ce n'est pas toujours évident quand on arrive dans un grand hôpital. Il est 8 heures du matin en ce vendredi 31 janvier pluvieux. Malgré le froid, le CHU Khelil Amrane de Béjaïa semble pris d'une fièvre subite : on lave, on récure, on frotte et on astique dans tous les coins et recoins. Et pour cause, la visite du ministre de la santé est prévue pour le lendemain. Branle-bas de combat et coup de pied dans la fourmilière. Au pavillon des urgences, c'est la passation de consignes entre l'équipe de nuit et l'équipe du jour qui s'apprête à prendre ses quartiers.
Aux premiers contacts, je dois tordre le cou à ma première fausse idée. Le service des urgences n'est pas un simple cabinet de médecin. C'est un mini-hôpital qui se compose de plusieurs centres : le tri, où arrivent les malades qui seront auscultés par des médecins, la salle d'observation, celles des soins, du plâtre pour les fractures, puis une salle de déchoquage pour les cas les plus graves. Une première image qui rappelle que les enfants sont la composante la plus fragile de la société : devant la porte des urgences pédiatriques, des mamans attendent anxieusement de voir le médecin. Elles tiennent toutes leur bébé serré contre leur poitrine, bien au chaud dans une couverture.
Agressivité latente
Yacine est assis devant une minuscule table à peine suffisante pour y tenir son registre. C'est lui qui est chargé d'inscrire les malades au fur et à mesure de leur arrivée dans le cabinet des urgences pour adultes. Ils arrivent dans des fauteuils roulants, allongés sur des brancards, soutenus par des proches ou sur leurs pieds et c'est lui qui les fait rentrer à tour de rôle dans le cabinet du médecin. Agé de 35 ans, cela fait deux ans que Yacine voit défiler toutes sortes d'urgences et de malades. Des patients qui peuvent se montrer extrêmement agressifs et violents à leur arrivée quand ils n'ont pas la patience d'attendre leur tour. D'ailleurs, la porte du cabinet porte la trace des innombrables coups de pied et coups de poing qu'elle a reçus et des plaques métalliques ont été posées dessus pour les renforcer. «Chaque malade qui arrive aux urgences a tendance à penser que son cas est prioritaire», dit Yacine. Il faut alors se montrer psychologue, bon pédagogue ou fin diplomate pour désamorcer les crises. «Il faut soigner les malades et gérer leurs familles», ajoute-t-il. Du matin jusqu'au soir, la moyenne des prises en charge dans ce service tourne autour de la centaine de cas. 104 334 cas pour l'année dernière.
A l'intérieur du cabinet, ils sont deux médecins, quatre étudiants en médecine et deux aides-soignants à prendre en charge les malades dans un perpétuel mouvement fait de gestes médicaux et de va-et-vient incessants sur un fond sonore de cris de douleur, de plaintes et de gémissements. Le Dr Benbelkacem, 33 ans, est médecin urgentiste. Il officie en ces lieux depuis 3 ans. «La plupart des cas sont de simples consultations. Il s'agit de fausses urgences. Quand on a mal, on va à l'hôpital, c'est un réflexe. Dans leur tête, l'hôpital c'est plus sérieux que la polyclinique», dit-il.
Plutôt que de se rendre à la polyclinique la plus proche de son quartier, le malade choisit de se rendre directement à l'hôpital censé avoir beaucoup plus de moyens. Même quand il s'agit d'une simple entorse, d'une fièvre passagère ou de coliques néphrétiques, c'est à l'hôpital qu'on se rend. En conséquence, le pavillon des urgences est toujours encombré. Les vraies urgences, on en voit pourtant par dizaines. De jour comme de nuit, mais c'est surtout à partir de minuit que l'on voit les cas les plus graves. Ce sont les victimes collatérales de l'alcool, de la drogue et de la violence avec des traumatismes en tout genre. L'hôpital reçoit également son lot de cardiopathes, d'hypertendus, de diabétiques et de malades chroniques en détresse.
Il a 33 ans et il n'en revient pas de se retrouver allongé sur un lit d'hôpital, entouré de médecins et d'infirmiers au pavillon des urgences. Pris dans un bouchon de la circulation, ce citoyen qui tient à garder l'anonymat s'est tellement énervé qu'il a fait un malaise cardiaque. Les médecins sont formels : notre homme a fait un AVC. Nous sommes dans l'unité de soins et d'observation où plusieurs patients sont pris en charge. Katia, 28 ans, et Salima, 24 ans, sont deux infirmières nouvellement recrutées et affectées au service des urgences. Elles témoignent : «Les gens arrivent ici avec une très mauvaise image de l'hôpital. Ils sont à la limite de l'agressivité, mais ils ressortent toujours avec le sourire en s'excusant pour leur comportement», disent-elles d'une même voix.
Leur amour du métier et leur dévouement aux malades leur permettent de tenir face à toutes les insuffisances. «C'est un métier où le côté humain est très important», ajoute Katia. Un accidenté de la route arrive sur un brancard. On s'affaire autour de lui. Dans le couloir, l'homme qui l'accompagne explique : «J'avais le soleil en face. Je ne l'ai pas vu sur sa moto jusqu'à ce qu'il rebondisse sur le pare-brise de ma voiture», dit-il catastrophé. Aujourd'hui, c'est plutôt calme. Il y a deux tentatives de suicide, deux accidentés de la route, quelques personnes âgées malades chroniques, ainsi que divers cas d'accidents plus ou moins sérieux. Il arrive, pourtant, aux structures de craquer sous le poids des malades. «L'hôpital vit au rythme de la société», explique Hafid Boudrahem, surveillant médical général. «Les fêtes de mariage, les circoncisions, la saison estivale, la cueillette des olives, les jours de match de football, chaque occasion apporte son lot bien spécifique d'urgences à prendre en charge», dit-il.
Nouvelle relève entre 17h30 et 18h. De nouvelles équipes s'installent. La fin d'après-midi voit affluer une seconde vague de malades. Le début de la soirée aussi. Les médecins n'ont pas le temps de souffler. Vingt heures. Le hall de l'hôpital est plein à craquer. Il n'y a vraiment pas d'heure pour tomber malade. Ni d'heure pour se faire soigner.


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