-Où en est la recherche opérationnelle à Tizi Ouzou ? En 2005, j'étais le chef de département de mathématiques. A l'époque, le département risquait de fermer. Il y avait plus d'enseignants que d'étudiants. Il y avait aussi le Diplôme d'enseignement supérieur (DES) pour les étudiants de RO. C'était un titre sans statut. Les bénéficiaires transitaient par les ENS (établissements de formation d'enseignant) pour travailler en tant qu'enseignants. On recevait dans la filière les élèves les plus mal classés de la deuxième année TC. En 2006, avec d'autres enseignants comme le professeur Aïdene et Saâdi Bachir, on a instauré la première promotion d'ingénieurs en RO. ça fonctionnait bien malgré les réticences de certains. Et, depuis 2010, l'instauration du système LMD a donné un certain avantage à la spécialité puisqu'elle a gagné des galons suivant les masters proposés par certains enseignants. -Quelle est la part de la spécialité par rapport aux autres filières de mathématiques ? Malheureusement, on n'a pas conscience de l'importance de la RO, y compris par des mathématiciens. On croit que c'est une spécialité facile et qu'il s'agit plus de sciences économiques. Or, on se trompe. Du point de vue statistique, et par le nombre d'enseignants, il faut savoir que dans la majorité des départements de math à l'échelle nationale (dans les universités de Béjaïa, Tizi Ouzou, Oran, Blida, Boumerdès), 50% sont de profil analyse, 20% de RO, 20% de probabilité et 10% algèbre. -Dans quelle mesure la recherche et les travaux de RO aboutissent-ils à une application réelle ? Les travaux de la RO aboutissent à l'application réellement aux USA ou en France. Pas encore dans notre pays, même si certains travaux ont rencontré de francs succès. Comme cette thèse menée pas une étudiante et chercheure algérienne sur l'optimisation de la production de blé. Il s'agissait de trouver l'algorithme idéal pour augmenter la production et réduire la pollution en utilisant un engrais spécifique. Le travail a même impressionné le professeur Trélat (Emmanuel Trélat, professeur à l'université d'Orléans, distingué par le prix Maurice Audin de mathématiques et récompensé pour ses travaux menés avec l'Algérien Boumediene Abdellaoui, maître de conférence à l'université de Tlemcen en 2010). -Pourquoi, selon vous, ces travaux ne sont pas appliqués alors que les besoins existent réellement ? Il y avait avec l'ancienne équipe rectorale des comptoirs d'échange avec certaines entreprises économiques et des administrations. En 2008-2009, l'entreprise Eniem, leader africain dans son domaine, avait recruté un ingénieur RO. Mais, depuis l'avènement de la nouvelle équipe, il n'y a pas eu continuité dans la démarche. Chaque équipe qui arrive refait le travail de zéro, ce qui handicape la démarche.
