La grève du CNAPEST a été suivie dans différentes wilayas du pays. A Alger, 37 établissements ont suivi le mot d'ordre de grève à 100%. Les 75 autres lycées ont enregistré un taux de suivi de moins de 50%. A Guelma, les profs ont répondu favorablement à l'appel de leur syndicat. Si les cours de la matinée ont enregistré une participation de 77 enseignants sur 1004, ceux de l'après-midi ont vu l'adhésion de 79, soit un taux de 24,50%. Selon la Direction de l'éducation (DE), on dénombre ces grévistes dans 12 établissements (enseignements général et technique) sur les 25 que compte la wilaya. A Aïn Defla, elle a été partiellement suivie, selon des sources de la DE de cette wilaya. Le taux de suivi enregistré hier dans la matinée était de 43,96%. 17 établissements ont débrayé sur les 29 que compte la wilaya. Cette situation s'explique en grande partie par le fait que le mouvement est davantage concentré au chef-lieu de wilaya. Dans 14 lycées à Blida, les profs ont suivi la grève pratiquement à 100%. Les enseignants, qui ont rejoint leurs classes ce jour, étaient les vacataires et les suppléants non concernés par cette protestation dont l'objet essentiel demeure la reconnaissance du mouvement comme ont été signalées les menaces proférées contre certains dirigeants du Cnapest et les poursuites en justice des enseignants réfractaires. MOT D'ORDRE SUIVI La Direction de l'éducation a transmis à tous les établissements une directive émanant du ministère de l'Education nationale mettant en garde le personnel enseignant contre toute idée de protestation puis a envoyé des représentants dans les premiers lycées ayant suivi le mot d'ordre d'arrêt de travail, mais ce mouvement s'est poursuivi, affirme notre correspondant. Même constat à Oran où sur les 42 établissements du secondaire que compte la wilaya, 3 seulement n'ont pas répondu favorablement à la grève. La cause ? Ces lycées sont en pleine période d'examens du deuxième trimestre. Certains établissements ont tenu, par ailleurs, à marquer cette journée par un débrayage d'une demi-heure de 8h à 8h 30. Cependant, de source proche de cette organisation syndicale, une lettre est sur le point d'être transmise au département ministériel chargé du secondaire où, d'après nos sources, il serait question de l'exigence du respect du corps enseignant et l'abandon des poursuites judiciaires entamées par la tutelle à l'encontre des animateurs de leur mouvement. Chlef a eu sa grève également. Celle-ci a été suivie dans 20 des 37 lycées que compte la wilaya. La DE fait état d'un taux de suivi de 37,02%, soit un nombre de 588 enseignants sur les 1600. Le mouvement a été surtout observé dans les établissements des grandes agglomérations, telles que Chlef, Boukadir, Ténès et Oued Fodda. A Tizi Ouzou, réputée région frondeuse, les professeurs n'ont pas manqué à l'appel de leur syndicat. La plupart des lycées de la wilaya ont massivement suivi le mot d'ordre de grève. Le coordinateur de wilaya, Arezki Dali, a déclaré : « Plus de 85% des lycées de la wilaya de Tizi Ouzou ont répondu à l'appel du Cnapest. Malgré les mesures de représailles de la Direction de l'éducation, telles que les harcèlements judiciaires et administratifs, les professeurs de lycée sont toujours mobilisés. Je dois signaler qu'un collègue syndicaliste a été dégradé et muté dans un CEM. Nous n'allons pas nous taire. Le conseil de wilaya de ce vendredi va arrêter un certain nombre d'actions en soutien à notre collègue. » Le Cnapest-Tizi Ouzou maintient la protestation, car de nombreux problèmes posés il y a des mois ne sont toujours pas solutionnés, ont souligné les syndicalistes. De son côté, le directeur de l'éducation a estimé à 80% le taux de suivi de la grève dans la ville de Tizi Ouzou et à 60% au niveau de la wilaya. Il a réitéré l'intention de l'administration d'« opérer une retenue sur salaire et des sanctions administratives ». Les professeurs de Sétif ont suivi le débrayage d'une journée à hauteur de presque 100% dans certains lycées, surtout des Hauts-Plateaux. Alors que dans d'autres, les cours n'ont pas été interrompus. Nombreux lycées et technicums des 20 daïras que compte la wilaya ont été paralysés. Un membre du CNAPEST a avancé un taux de suivi de 85%. Sur les 55 lycées implantés à travers les quatre coins de la wilaya, seulement 5 ou 6 n'ont pas, dit-il, répondu à l'appel du syndicat. Démonstration de force Selon d'autres sources, la grève n'a atteint que 46,32%. Seuls 800 sur les 2470 enseignants ont séché les cours. Les 1727 autres ont, quant à eux, rejoint leur poste de travail. « Par ce mouvement, on a tenu à démontrer à la tutelle que les menaces ne nous font plus peur. Le pouvoir, qui ne reconnaît que l'UGTA, doit savoir que les Algériens sont libres de choisir leurs représentants. L'ère du socialisme et de la pensée unique est révolue. Nos gouvernants doivent se rendre réellement à l'évidence que l'Algérie de 2005 n'a rien à voir avec celle des années de plomb... », a indiqué Mourad S., un PES de l'antique Sitifis. Les parents, n'ayant pas les mêmes opinions que les enseignants, sont pour certains sur la même longueur d'onde que les grévistes. Mme Loubna Z. n'a pas apprécié la démarche du ministre : « L'oppression n'a jamais réglé les problèmes. Les directives et les réformes d'en haut risquent de mettre le feu aux poudres. Le ministère ne doit pas occulter les doléances des enseignants. Il faut, en outre, ouvrir un large débat à propos de la réforme du bac qui demeure obscure pour les concernés... » Sur les 31 lycées et technicums existants dans la wilaya de Bouira, seuls 4 ont refusé de suivre le mouvement de grève. L'ensemble des établissements du secondaire de la daïra de Sour El Ghozlane a fait grève. Le taux de mobilisation est estimé à 75% à travers l'ensemble de la wilaya. Contrairement à l'élan de solidarité enregistré dans les autres wilayas, à Sidi Bel Abbès, peu d'établissements ont été touchés par la grève du CNAPEST. M. Mrah, secrétaire général de la Direction de l'éducation, a indiqué que « pas plus de 115 enseignants du secondaire sur 1229 ont répondu favorablement à l'appel du CNAPEST au niveau d'une dizaine de lycées, soit un taux de suivi de l'ordre de 8,95% ». Ce taux nous a été communiqué à 16h30. Sidi Bel Abbès compte une trentaine de lycées de l'enseignement technique et secondaire. Des représentants du CNAPEST dans cette wilaya ont affirmé que « le mouvement de grève observé timidement la matinée avec des taux ne dépassant guère les 15% a connu une très forte adhésion en début d'après-midi ». A Annaba, la grève a été largement suivie dans la majorité des 29 lycées de la wilaya de Annaba, notamment les 13 établissements, dont deux technicums, implantés au chef-lieu. Si la DE a livré le taux de 30%, les établissements donnaient une apparence de vide absolu. Selon le représentant de la même direction, trois lycées dans les localités de Chetaïbi, Bouzaroura et Chorfa n'ont pratiquement pas été touchés par le débrayage. Le représentant du CNAPEST a estimé : « Tout autant que celle qui avait précédé, cette grève a atteint 70% du corps des enseignants du secondaire et technique. Nos élèves comme leurs parents soutiennent notre mouvement même s'il a été déclenché en période d'examens. » Nombreux parents d'élèves pointent un doigt accusateur vers l'Etat : « Nous ferons assumer à l'Etat l'échec scolaire de nos enfants. Cette grève des enseignants est la conséquence des tergiversations et de l'incapacité du ministère de prendre sérieusement en charge les revendications des grévistes. ». Un taux de suivi de 73% a été enregistré à Béjaïa. Les délégués syndicaux de 38 lycées sur les 46 que compte la wilaya ont décidé de se solidariser avec les PEST « persécutés ou subissant une rupture de la relation de travail », la rétention des notes à partir du 10 mars si les poursuites judiciaires contre des membres de l'exécutif national ne sont pas levées et la grève cyclique. Aït Ouarabi Mokrane, Correspondants
