Dans une pénombre feutrée, la soprano Ainhoa Arteta a donné, jeudi dernier, son premier concert en terre africaine. C'était au palais de la culture Moufdi Zakaria, loin au-dessus d'une capitale s'effritant tranquillement sous la pluie. Préparé par l'ambassade d'Espagne et le centre culturel Cervantès, ce concert agrémente la célébration en Algérie du 400e anniversaire de la naissance de Don Quichotte de la Manche, personnage mythique produit de l'imaginaire de Miguel de Cervantès. Ainhoa Arteta a commencé sa carrière d'opéra en 1990 à Palm Beach (Floride) aux Etats-Unis avant de recevoir la consécration à New York et à Paris et une récente reconnaissance lyrique internationale. Jeudi dernier, elle était accompagnée, au piano, par Ruben Fernandez Aguirre. A la pointe du raffinement qui sied à ce genre lyrique, la soprano a convoqué, en costume de scène, Giuseppe Sarti, le Vénitien Antonio Vivaldi et le français Charles Gounod dans la première partie du concert. Puis les Espagnols Enrique Granados et Fernando Obradors. L'opéra, dit-on, a donné la vie à des femmes à son image, suprêmement douées pour la passion. C'est sans doute ce qui est ressorti de la prestation de Ainhoa jeudi dernier. Une force démesurée jaillissant d'un support rachitique et frêle. Après avoir écumé les scènes d'opéra les plus prestigieuses du monde, la satisfaction de la cantatrice à la fin du concert d'Alger était à la mesure du moment méconnu de musique qu'elle venait de donner au pas de l'Afrique. Une représentation unique et orpheline, dont l'écho restera prisonnier de l'entreprise commémorative du Centre culturel espagnol, qui durera jusqu'à la fin de l'année en cours.
