Le congrès de la fédération de Sétif du FFS, dédié au défunt Ferhat Abbas, a été honoré par les témoignages de ses anciens compagnons de route, dont le président du parti, Hocine Aït Ahmed, ex-député de la wilaya de Sétif en 1962. Ce dernier a, à l'occasion, transmis aux congressistes un vibrant hommage au pharmacien de Sétif qui a quelque peu bousculé l'ordre établi. Lu par le premier secrétaire du parti, Karim Tabbou, le message de Da l'Hocine, qui revient sur l'inclassable parcours patriotique du président du Gouvernement provisoire de République algérienne (GPRA) a, le moins qu'on puisse dire, ému les présents. Lesquels ont suivi avec un grand intérêt la projection du docteur Mohand Amar Bibi (enseignant à l'université de Béjaïa), qui a mis l'accent sur l'honnêteté et l'engagement politique de Ferhat Abbas. L'intervention de cheikh Amar, dit Saout Laârab, un fidèle compagnon de Ferhat Abbas, a été l'autre clou de la rencontre, qui a été ponctuée par l'élection de Rachid Mahar comme premier secrétaire de la fédération de Sétif. Tenant en haleine l'assistance, cheikh Amar a affirmé en substance : « Ferhat était un homme affable et généreux à la fois. Malgré sa sagesse, il ne pardonnait rien aux colons. Ses positions sont pour beaucoup dans l'éveil nationaliste des Algériens, qui voyaient en lui le zaïm. D'autant plus qu'il avait la carrure et la trempe d'un grand homme politique. Il insistait sur l'instruction des enfants et le bien-être de ses concitoyens. Il était malgré, sa stature d'homme d'Etat, simple. » Karim Tabbou, pour sa part, a déclaré : « Je suis déçu et en colère de constater que l'héritage du premier président de l'Assemblée de l'Algérie indépendante a été dévoyé par les flibustiers de la politique ayant non seulement tourné le dos à la feuille de route tracée par le 1er Novembre1954 , mais confisqué les pouvoirs de la République dirigée sans public. Laissez-moi vous dire que l'ouverture démocratique de 1988 est un leurre car le pouvoir s'est donné par la suite le droit de n'écouter personne. » L'orateur enfonce le clou : « Le projet d'édification d'un Etat démocratique et social, respectant les droits de l'homme et son élargissement par la suite à la construction d'un grand Maghreb des peuples, s'est transformé en une dictature. » « Au lieu d'écouter les travailleurs de la SNVI ayant investi la rue pour défendre leur outil de travail, on les accueille avec la matraque. Désolé, on ne gère pas avec la matraque. Ce mode de gouvernance est révolu », s'insurge le premier secrétaire du plus vieux parti de l'opposition. Lequel soutient que le peuple a été trahi par ses gouvernants qu'il qualifie de « liquidateurs des ressources vitales du pays, les hydrocarbures entre autres ». Abordant le volet inhérent au congrès de la fédération, le conférencier évoque la nouvelle stratégie du parti, en charge de 4 assemblées sur les 60 que compte la wilaya de Sétif. « Ce congrès est un prélude à un vaste processus de création des meilleures conditions devant permettre aux Algériens des Aurès, de Kabylie, du Sud et de l'Oranie de se rencontrer pour parler de leurs problèmes et de leurs espérances, sous l'égide du FFS qui fera tout pour sortir du ghetto. Notre parti est capable de relever le défi et de lever toutes les barrières car il a sauvegardé et protégé le projet national, initié par le mouvement national », souligne-t-il. Le premier secrétaire du FFS a tenu à lire le message de Da l'Hocine, ayant à travers cet extrait, tenu à rendre le plus vibrant des hommages : « Que dire de Ferhat Abbas en tant que politique sérieux et conséquent ? Ses perspectives n'étaient pas définies seulement par des idéaux, mais aussi dans les grands moments historiques par des initiatives stratégiques. »
