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Images en marges
Publié dans El Watan le 25 - 04 - 2015

La conférencière a profité de sa communication pour préciser quelques notions sur le sujet. Identifiant son objet de recherche, elle a déclaré : «Il n'existe pas de style de peinture de manuscrit arabe à proprement parler. Il y en a plein, très différents… Les peintures de manuscrits arabes sont simplement des peintures qu'on trouve sur des manuscrits arabes.» Les influences sont en effet multiples, entre l'art byzantin, indien, persan, chinois… La civilisation arabo-musulmane étant au confluent de plusieurs cultures, il était naturel d'y trouver ces apports, arrivant souvent des confins de l'Orient.
Docteure en histoire de l'art et spécialiste des manuscrits enluminés dans le monde islamique, Eloïse Brac de la Perrière a également expliqué le choix de l'expression «peinture de manuscrit» au lieu de «miniature» largement usitée de nos jours. Cette dernière appellation n'est pas liée à la taille du dessin mais au «minium», pigment rouge utilisé notamment dans l'enluminure byzantine. Le terme de peinture ne doit toutefois pas être confondu avec la peinture sur toile occidentale, l'approche de cet art en terre d'Islam étant radicalement différente.
D'abord décoratives et abstraites, les premières peintures de manuscrit se trouvent dans les marges d'exemplaires du Coran de la fin du VIIe siècle, découverts dans la mosquée de Sanaa, au Yémen. Les peintures murales de Qusayr Amra (Jordanie) constituent, quant à elles, un des plus anciens exemples de peinture figurative dans cette aire. Erigé au VIIIe siècle, ce petit palais du désert renferme d'étonnantes fresques (portraits, scènes de chasse, signes du Zodiaque…) vraisemblablement inspirées de l'art byzantin et gréco-latin, mais aussi de l'Iran sassanide.
Durant le règne des Abbassides (750 à 1258), l'activité des copistes a été fortement développée pour répondre à la forte demande de livres entre traductions, productions scientifiques et œuvres littéraires… La peinture de manuscrit a suivi cette courbe ascendante. Le plus ancien exemple de manuscrit illustré qui nous soit parvenu est celui de (Traité des étoiles fixes), rédigé par Al-Sufi au Xe siècle et copié par son fils en 1009. Les constellations y sont représentées sous forme humaine et on décèle des caractéristiques proprement arabes des personnages. Cet ouvrage, ainsi que de nombreux autres livres scientifiques, a été largement reproduit avec des dessins évoluant au gré des époques.
Les œuvres littéraires ont également connu un grand essor, particulièrement deux ouvrages classiques de la littérature arabe : Kalila wa dimna, d'Ibn Al Mouqaffaâ (750) et les Maqamat de Hariri (XIIe s.), chers au peintre algérien Mohamed Khadda. Ces ouvrages divertissants et instructifs ont connu un succès fulgurant et durable, dont témoignent encore les nombreux manuscrits conservés. Pour les Maqamat, on compte de nos jours pas moins de 1200 exemplaires conservés ! Ces courts récits à l'humour corrosif et au style virtuose étaient un divertissement apprécié des lettrés.
Un précieux exemplaire, réalisé à Baghdad en 1237 et conservé à la Bibliothèque nationale de France, comprend 99 superbes illustrations riches en détails sur la vie quotidienne de l'époque. Les scènes des fables de Kalila wa dimna ont inspiré d'étonnantes illustrations. Eloïse Brac de la Perrière évoque l'influence de l'art populaire du théâtre d'ombre dans la représentation des protagonistes en personnages désarticulés. Elle démontre aussi le subtil détournement de l'art sacré byzantin à travers l'exemple d'une scène du Fourbe et du benêt, largement inspirée de L'Entrée du christ à Jérusalem.
Le sac de Baghdad par les Mongoles déplacera pour un temps le centre de la peinture de manuscrit vers l'Egypte et la Syrie. En outre, un nouveau genre est développé dans les ouvrages en langue persane. Le Shâhnâmeh (Livre des rois) de Ferdowsi, retraçant l'histoire de la Perse sur un registre épique, inspirera plusieurs grands chefs-d'œuvre de la miniature persane. Le nom de Kamaleddin Behzad (1470-1506) reste une référence en la matière. La dynastie mongole des Ilkhanides adoptera à son tour la miniature persane dans des ouvrages historiques censés légitimer son pouvoir. La conférencière notera la présence d'éléments indiquant une influence chinoise certaine : dilution de la peinture, superposition des plans, rochers escarpés typiques…
On restera toutefois sur notre faim concernant la peinture de manuscrit au Maghreb et en Andalousie. En effet, la conférencière n'a trouvé qu'un seul et unique exemple témoignant de cette pratique artistique en Occident musulman : le manuscrit d'une belle histoire d'amour intitulée Hadîth Bayâd wa Riyâd. Conservé à la Bibliothèque du Vatican, son origine est attestée par l'écriture cursive en maghribi, ainsi que des éléments d'architecture almohade. Sinon, rien à signaler à l'Ouest. Interrogée sur cet intrigant déficit pictural, en regard du foisonnant développement des arts en Andalousie, Eloïse Brac de la Perrière nous répondra que «beaucoup de chercheurs se sont cassés les dents» sur cette question… On n'en saura pas plus pour le moment.
A l'issu de ce survol, on se rend compte que les multiples influences évoquées plus haut sont mobilisées dans une approche qui fait l'unité de cet art dans l'espace et le temps. «Le réalisme n'intéresse pas ces artistes», résume la conférencière. L'esthétique pure des formes et des couleurs supplante rapidement la volonté de représenter. Par exemple, le modelé des visages, hérité de l'art byzantin (de même que les auréoles qui n'avaient, d'ailleurs, d'autre fonction que de mettre en valeur les portraits), disparaît progressivement. La stylisation des motifs végétaux de plus en plus complexes ira quant à elle crescendo. Ces œuvres doivent être abordées comme des «écrins du texte», ajoutera Eloïse Brac de la Perrière. Ecrins d'un texte calligraphié qui possède lui-même ses qualités graphiques. Mais ceci est un autre chapitre…


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