Ces perturbations climatiques intenables ont chamboulé toutes les habitudes d'une partie des citoyens, lesquels préfèrent prendre un petit «congé» pour dormir la journée et veiller la nuit. En effet, ce n'est que vers 18h que la ville reprend vie et les artères grouillent de monde par enchantement. Ces retardataires prennent d'assaut avant la rupture du jeûne les marchands de zlabia et de jus de citron pressé. La circulation automobile redevient donc dense, des embouteillages sont provoqués par des stationnements anarchiques causés par des chauffeurs indisciplinés au niveau du quartier Aïn El Mordj, rue Farah, route d'Alger… Les agents de l'ordre sont là pour juguler ces dépassements et mettre de l'ordre heureusement. Dans la soirée après l'iftar, c'est une tout autre situation plus animée qui vient s'imposer jusqu'à l'aube, encouragée par la fraîcheur de la nuit qui rompt avec la monotonie du jour écrasé par une chaleur suffocante. Les gens retrouvent la parole et le sourire en pressant chacun le pas dans tous les sens, les uns remplissant les mosquées pour accomplir la prière des tarawih, alors que d'autres jouent des coudes devant le comptoir du cafetier habituel pour un café presse bien dosé pour retrouver leur énergie. Les bus déversent déjà les familles accompagnées de leur progéniture au centre-ville, les artères marchandes font le plein de monde en prenant d'assaut les magasins d'habillement pour faire les emplettes de l'Aïd pour éviter les bousculades des deniers jours du Ramadhan et l'augmentation des prix des effets vestimentaires. Le produit national en effets vestimentaires est encore un rêve pour concurrencer ceux de l'importation qui sont en quantité et en qualité sur les étals des magasins d'habillement. Enfin, c'est vers une heure très tardive que les rues de Médéa retrouvent leur calme et les rideaux des commerces commencent à baisser l'un après l'autre. Les jeunes en vacances scolaires se laissent, quant à eux, aller aux nuits blanches autour d'une table de dominos pour une autre partie sachant d'avance que le lendemain sera un autre long jour de sommeil.
