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Bethioua spoliée de sa côte
Connue comme étant une ville riche
Publié dans El Watan le 09 - 03 - 2005

Bethioua est une commune victime de sa richesse. Les rentrées que lui génère le complexe de Sonatrach ne sont pas visibles du point de vue développement. Isolée de la mer par un mur en béton construit par Sonatrach, la population vit avec la frustration de ne pas profiter des postes de travail et surtout des recettes générées par cette industrie.
Pour les visiteurs qui s'y rendent pour la première fois, Bethioua, située à l'est d'Oran, offre l'image d'une ville pauvre, rurale et en même temps urbaine et isolée de sa bande côtière par un immense mur qui protège le complexe de Sonatrach. Ce mur a renforcé le sentiment de frustration de la population locale, qui se voit ainsi privée de la mer, mais aussi d'un éventuel emploi dans le complexe. Ici, personne ne croit à l'argument qui a justifié la construction de ce mur de la honte. Pour les habitants, ces kilomètres de barrière en béton sont « une honte pour toute la région, mais surtout pour ses élus ». Les élus de cette commune, pour ne pas dire de toute la daïra (qui compte trois communes : Bethioua, Mers El Hadjadj, Aïn El Bya et dont le chef a été radié lors du mouvement de 2001), ont de tout temps été remis en cause pour leur politique de gestion des affaires de la cité. La population a fini par occuper la rue pour réclamer, à travers des émeutes pacifiques, une enquête judiciaire sur la « gestion » des affaires de sa cité. La réaction des services de sécurité a été violente en cette nuit du 3 février 2003. Profitant de l'obscurité qui régnait en raison de la coupure générale d'électricité (sur tout le territoire national), les policiers ont procédé à l'interpellation de 54 jeunes, dont 18 condamnés à des peines allant de 3 à 6 mois de prison avec sursis. Dans la foulée, deux élus de l'APC ayant dénoncé par écrit la gestion de l'actuel maire ont été également condamnés, puis suspendus et exclus de l'Assemblée communale. En fait, la ville de Bethioua a été toujours au centre de convoitises de ceux-là mêmes censés la défendre et veiller à son développement. La période la plus catastrophique vécue par Bethioua a été sans conteste celle des délégations exécutives communales (DEC). Sous le prétexte de la lutte antiterroriste, une bonne partie des fonds qui alimentent la recette communale a « été détournée à des fins personnelles ». C'est ce qu'a révélé une expertise judiciaire réalisée pour les années 1995-1996-1997 (dans les trois communes) et qui a fait état d'un détournement de 27 milliards de centimes. Faits pour lesquels, le 14 février dernier, la cour d'Oran a condamné à une peine de 10 ans de prison les présidents des DEC de Mers El Hadjadj, Aïn El Bey et Bethioua. Il est important de signaler que l'actuel maire de Bethioua a pris les rênes de la commune en mars 1996, en tant que DEC, et en est actuellement à son deuxième mandat sous la casquette du RND. Sa dernière élection a été très contestée par les élus des autres formations, notamment ceux du PNSD. Beaucoup se sont interrogés sur le fait que les résultats de l'expertise d'août 2002 n'ont pas inquiété, outre mesure, l'actuel président de l'APC de Bethioua, Mohamed Semghane, alors qu'une partie le concernait directement dans la mesure où il gérait en tant que DEC durant plus d'une année. Une affaire qui a défrayé la chronique le concernant directement a été cette histoire d'un chèque d'un montant de 640 000 DA, « signé par un fournisseur et encaissé par le président de l'APC ». Une plainte contre ce dernier a été déposée le 23 novembre 2002 près le parquet d'Oran par deux élus du PNSD et un autre du FLN qui l'ont accusé de « corruption et détournement de deniers publics ». Des actions similaires ont été introduites près le tribunal d'Arzew. Le 10 avril 2004, contrairement à l'avis du tribunal d'Arzew qui a classé l'affaire, la chambre d'accusation près la cour d'Oran a confirmé le bien-fondé de la plainte. Dans son arrêt du 9 octobre 2004, elle a annulé les décisions du tribunal d'Arzew, désapprouvé la procédure de son juge d'instruction et s'est même étonnée de la neutralité de la wilaya d'Oran qui ne veut toujours pas se constituer partie civile. Durant la même période, deux élus du RND et deux autres du FLN ont signé une motion de retrait de confiance contre le président de l'APC, en dénonçant « le détournement d'une somme de 12 millions de dinars prévus pour la construction d'une piscine sans consultation ». Réagissant, le maire a déposé plainte près le tribunal d'Arzew contre les signataires pour « détournement de deniers publics », affaire dans laquelle les mis en cause ont été relaxés par la justice. Mais entre-temps, deux de ces élus (chômeurs) ont décroché des contrats de travail à l'APC. A cet imbroglio politico-judiciaire s'est ajoutée la contestation populaire des quartiers périphériques, notamment les plus défavorisés.
Misère à ciel ouvert
A Ararsa, les habitants ont le sentiment d'être des laissés-pour-compte. Les maisons en toub (pisé), en tôle ou construites avec des moyens de fortune ne protègent ni du froid, ni de la chaleur, ni encore moins des indus visiteurs. Le danger des maladies et des mauvaises conditions de vie n'est rien devant celui de ces poteaux électriques érigés avec des branches et dont les fils recouvrent tout le quartier et dans tous les sens, comme si le site est pris au piège d'une toile d'araignée. La misère est hallucinante dans ce bas-fond. « Ils n'ont jamais rien fait pour nous. Nous vivons avec la hantise de voir nos enfants électrocutés. Les réseaux d'assainissement n'existent pas. Le gaz que nous voyons partir dans des bateaux est pour nous un rêve. Ils nous ont demandé 200 000 DA chacun pour nous faire loger ailleurs. Nous avons à peine de quoi nourrir nos enfants », a déclaré un sexagénaire. Il y a quelques semaines, les autorités locales sont venues déposer la première pierre pour la construction de 200 logements au profit de ce quartier. Cette pierre a été totalement détruite par les habitants pour exprimer leur colère contre les représentants de l'administration. Non loin de cet enfer, un immense stade couvert de gazon naturel est fermé. L'APC s'est chargée de sa construction et les travaux ont pris fin il y a près d'un an, mais ses portes sont restées fermées. Bethioua, c'est aussi ce refus de la daïra de rendre publique la liste des bénéficiaires des logements sociaux de peur de la contestation populaire. Pour beaucoup d'habitants, la confiance entre les élus et les citoyens a été « rompue cela fait longtemps ». Pourtant, les ressources fiscales de la commune sont très importantes au point que la commune a construit sur ses fonds propres un lycée et contribué à 50% pour la construction d'un autre, alors que cela relève du ministère de l'Education. Les richesses de la commune sont, pour la population, visibles uniquement à travers les biens acquis par certains élus, notamment leur maire. En effet, en 2001, après avoir réussi à accaparer une exploitation agricole individuelle de 20 ha qui appartenait à des agriculteurs, il a bénéficié d'un logement (au nom de son épouse) à la coopérative Ahmed Zabana, à Mers El Hadjadj, où il possède un appartement, un lot de terrain à Haï Chahid Mahmoud (Hassi Bounif), dans le cadre d'une coopérative immobilière. Contacté, le maire a tenu un autre son de cloche. Pour lui, « jamais la commune n'a connu une prospérité comme celle dans laquelle elle vit actuellement ». M. Semghane a refusé de nous donner le montant exact du budget de l'APC, estimant qu'il s'agit d'« un secret professionnel » que seule la « hiérarchie », à savoir le chef de daïra, est habilitée à divulguer. « Vous êtes en Algérie et vous savez très bien que l'élu n'est pas aussi libre. Il obéit à sa hiérarchie qui peut le dégommer sans aucune explication. Il n'y a pas de code communal dans les relations entre élus et administration. Il y a uniquement un système », s'est-il défendu. Il a reconnu avoir bénéficié de 20 ha de terres agricoles du fait de son statut de fils de chahid, mais aussi du fait qu'il est père de dix enfants. Il a indiqué être l'initiateur de l'expertise comptable de sa commune et, de ce fait, il a nié toute implication dans cette période de gestion. « J'ai construit un terrain avec un gazon de troisième génération pour une somme de 30 millions de dinars. Il n'est pas ouvert parce que la commission technique a exigé des vestiaires individuels. J'ai beaucoup axé sur les quartiers périphériques, sur l'approvisionnement en gaz et en électricité, sur la sécurité aussi, puisque des postes de gardes communaux ont été ouverts, et sur les réseaux d'assainissement. 2000 logements vont être construits dans un délai de six mois à Ararsa avec l'aide de la CNL et de la wilaya. » A propos des plaintes déposées à son encontre, M. Semghane a préféré laisser la justice suivre son cours. Selon lui, si aujourd'hui il en est à son deuxième mandat, c'est que la population est « satisfaite » de sa gestion. Il a tenu à préciser avoir été spolié de 100 voix lors des élections communales de 2002 et a rappelé qu'à son arrivée à l'Assemblée, la commune était très endettée du fait de la gestion de ses prédécesseurs. Pour sa part, le chef de daïra a révélé que le budget annuel de la commune est de 250 millions de dinars et reconnu que ce dernier a permis de prendre en charge y compris les saisons estivales de la commune de Mers El Hadjadj, qui, elle, est très pauvre. Selon ce responsable, le fait de n'avoir pas publié la liste des bénéficiaires des logements sociaux n'a rien à voir avec la contestation populaire. « La distribution de ces logements est tombée avec la nouvelle loi. L'opération relève de la daïra. J'ai demandé une enquête. Dès qu'elle sera terminée, les décisions seront prises », a déclaré M. Fehassi, chef de la daïra de Bethioua. A propos des plaintes actuellement au niveau des tribunaux, il a estimé qu'une fois que la justice aura rendu son verdict, « la loi sera appliquée ».


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