L'emprunt obligataire national que l'Etat vient d'émettre «ne passera pas par le marché boursier d'Alger», a confirmé hier le directeur général de la Société de gestion de la Bourse des valeurs (SGBV), Yazid Benmouhoub, lors d'une rencontre organisée par le Forum des chefs d'entreprises (FCE) à Alger. Ainsi, les pouvoirs publics, qui n'ont cessé de marteler depuis quelques mois leur volonté de relancer le marché boursier, ne semblent eux-mêmes pas disposés à y recourir, alors que l'emprunt souverain qu'ils viennent d'émettre était attendu comme un signal fort en direction des autres catégories d'émetteurs. Selon des sources proches des instances en charge de la gestion de la Bourse d'Alger, celle-ci n'aurait d'ailleurs même pas été associée, ni de près ni de loin, à l'élaboration de cet emprunt national, ne serait-ce qu'à titre symbolique. Une attitude que certains observateurs attribuent au fait que l'Etat ne veut pas prendre le risque de voir se déprécier son emprunt à la cote, tandis que d'autres évoquent une volonté claire de faciliter la récupération de l'argent de l'informel en contournant les exigences de transparence que suppose une cotation en Bourse. Tel que présenté la semaine dernière par le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, cet emprunt, faut-il en effet rappeler, est ouvert à toutes les catégories d'épargnants, suivant tous les modes de paiement, y compris le cash, avec possibilité de choisir entre coupures nominatives ou anonymes. Quoi qu'il en soit, si l'on s'en tient au discours du directeur de la SGBV, cette mise à l'écart de la Bourse d'Alger dans l'élaboration et le lancement de l'emprunt obligataire de l'Etat ne défavoriserait pas outre mesure le marché boursier d'Alger. Cette opération, a-t-il ainsi estimé lors de la rencontre d'hier, «n'influencera pas négativement la Bourse, car il est important que chacun puisse choisir le moyen de rentabiliser son épargne». Interpellé au demeurant sur le problème de la faible liquidité du marché, notamment par le PDG d'Alliance Assurances, Hassan Khelifati, dont la société est cotée en Bourse, le premier responsable de la SGBV a estimé que l'environnement impacte beaucoup l'activité boursière et que les entreprises doivent surtout œuvrer à intéresser les épargnants par leur politique de dividendes. Du reste, a-t-il tenté de rassurer, la Bourse devrait connaître un nouvel élan dès l'année en cours en se dotant prochainement d'un nouveau système de cotation moderne, mais aussi en se préparant à accueillir trois nouvelles sociétés à la cote, dont le groupe pharmaceutique privé Biopharm et la cimenterie publique de Aïn Kebira. Quant aux sept autres entreprises étatiques listées par le Conseil des participations de l'Etat (CPE) en vue d'être introduites en Bourse, nombre d'entre elles, a-t-il affirmé, «viennent de finaliser leurs opérations d'évaluation financières et pourront donc déposer prochainement leur dossier d'admission auprès de l'autorité boursière». Et de conclure en prédisant qu'«à un certain moment, aller à la Bourse deviendra pour les entreprises plus une nécessité qu'une option dès lors que les liquidités bancaires commencent à rétrécir et que le coût des crédits devra sûrement augmenter avec le retour des banques au refinancement auprès de la Banque d'Algérie».