La dette des hôpitaux est en augmentation continuelle, d'où la fragilité financière de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), selon la Cour des comptes. L'endettement est estimé à 50,76 milliards de dinars. Dans son dernier rapport d'appréciation sur l'avant-projet de loi portant règlement budgétaire de l'exercice 2016, la Cour des comptes tire la sonnette d'alarme quant à la fragilité financière de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), principal fournisseur des établissements de santé en produits pharmaceutiques. Cette dernière a bénéficié, lit-on dans le rapport, au titre du budget du ministère de la Santé de 2016, d'un crédit global de 50 milliards de dinars destiné à l'achat pour compte des médicaments et des dispositifs médicaux au profit des établissements de santé. La Cour des comptes a relevé les insuffisances dans les opérations d'approvisionnement, malgré les mesures prises par les services centraux du ministère de tutelle à même de garantir le suivi de la disponibilité de stocks et l'abaissement de la facture d'achat des produits pharmaceutiques. Les établissements publics hospitaliers enregistrent un important retard dans le paiement des créances de la PCH pour la partie des approvisionnements pris en charge sur leur propre budget, leur endettement envers la PCH est en augmentation continuelle depuis 2012 à 2016. Ces dettes sont estimées, selon la Cour des comptes, à 50,76 milliards de dinars. Elles occupent une part considérable, comparées au chiffre d'affaires de la PCH, soit 62,42%, relève le rapport. Outre les dettes qui remontent aux années antérieures à 2015 et à la même année, la somme de 29,82 milliards de dinars est la dette inhérente à l'exercice 2016, ce qui impacte négativement l'établissement, vu la baisse du niveau des stocks par rapport aux ventes de 2012 à 2016. En effet, alors que son stock couvrait 156 jours au 31 décembre 2012, ce dernier a glissé à 116 jours au 31 décembre 2016. La Cour des comptes estime également que les dettes nettes des stocks affichaient un accroissement durant les quatre dernières années et un pic particulier en 2016. «La comparaison entre la valeur du stock à fin 2016 (26,40 milliards de dinars et les dettes nettes à la même date (23,43 milliards de dinars) atteste d'un financement quasi total (90%) des stocks par les fournisseurs, ce qui affecte sa crédibilité et sa capacité d'approvisionnement auprès du marché national et international dans une conjoncture marquée par une croissance graduelle des dépenses des produits pharmaceutiques distribués aux établissements publics, qui a augmenté de 466 millions d'unités en 2015 à 547 millions d'unités en 2016, soit 9%, dont 4% inhérents aux produits de cancérologie, d'hématologie et d'hémostases», indique le rapport. La Cour des comptes a relevé, par ailleurs, que les crédits destinés au financement des stocks stratégiques et des stocks d'urgence n'ont pas fait l'objet de transfert au profit de la PCH, et ce, contrairement à la réglementation en vigueur, comme déjà souligné par la Cour des comptes dans ses précédents rapports, tout cela en dépit des différentes correspondances du directeur général de la PCH. «A la date des investigations de la Cour en avril 2018, la situation demeure inchangée, le différend entre le ministère de la Santé et le ministère des Finances n'a pas été soumis au Premier ministère», a-t-on noté. Et de préciser que ces stocks ont été évalués, le 28 janvier 2016, à 32 milliards de dinars, pour la constitution d'un stock stratégique en produits pharmaceutiques à utiliser dans les cas d'urgence ou de rupture d'approvisionnement, tel que préconisé par la réglementation. La Cour des comptes signale à ce propos et à travers les investigations au niveau de la PCH que les opérations de renouvellement des aires de stockage n'ont pas connu de lancement, à l'exception de celle relative au centre de stockage de distribution de Dar El Beïda, «ce qui impacte la capacité et la qualité de stockage», conclut-on.