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La poésie doit toucher les consciences populaires dans une démarche initiatrice de résistance
Publié dans El Watan le 29 - 07 - 2016

La poésie est la voie que vous avez choisie depuis 2009 pour raconter votre univers. Dar El Othmania vient d'éditer votre 3e recueil «Sur le chemin des loups». Racontez-nous comment se sont faits sa conception et le choix des thèmes ?
Je voudrais commencer par une citation de Léo Ferré : «A l'école de la poésie on n'apprend pas on se bat». La poésie engagée s'est imposée à moi depuis les années 1970/80 et spécialement après ma rencontre avec Tahar Oussedik, un éducateur, membre du mouvement national, révolutionnaire et écrivain.
J'ai passé une vingtaine d'années en sa compagnie. Il m'a transmis toute sa passion et son amour pour la patrie, son attachement indéfectible pour les valeurs humaines, sa résistance contre toute forme d'injustice et surtout son combat pour l'école. Avec ce capital légué, l'éducation de mes parents et l'influence de notre glorieuse Révolution, je me suis retrouvé naturellement, avec ma sensibilité et mon parcours, sur les rives de la poésie engagée ou plutôt, poésie de combat.
Dans chacun de mes poèmes, j'écris mes cris. Cris sans larmes mais avec hargne et détermination, guidées par les références dictées par les valeurs. Je vis dans la cité, j'observe, j'écoute, je souffre, je crie, je dénonce… je résiste. Le bruit des mots sur le chemin des loups illustre le comportement immoral des gens censés être des modèles de la société.
Si la foi n'agit plus et la conscience se prostitue devant le plaisir matériel, que restera-t-il à l'homme pour semer l'espoir ? Les thèmes se sont imposés d'eux-mêmes à travers le quotidien qui se déroule dans le sens opposé à la logique de l'esprit. Sur le plan de la conception du recueil, Karim Sergoua et l'infographe, Zineddine Bessai, ont réalisé la maquette en toute liberté et j'ai bien apprécié leur démarche.
Pensez-vous que la poésie nourrit votre liberté ? Liberté de penser ?
La poésie doit être l'émanation de la liberté habillée de vérité. Comme disait Tahar Djaout : «Si tu dis tu meurs ! Si tu ne dis pas tu meurs ! Alors, dis et meurs !» Car réellement quand on dit, on ne meurt pas… on résiste ! Les mots dénoncent les maux, les mots jaillissent librement, les mots crient haut et fort sur le chemin des loups, pour réveiller les lions et empêcher aux moutons d'avoir peur… tout le temps. La poésie doit toucher les consciences populaires dans une démarche initiatrice de résistance et de combat.
Dans un poème vous interpellez l'élite de notre pays, vous dites : «Les enfants sortent de l'école, sans connaître la voie de l'avenir… Vivre par le ventre sans le cœur.» L'actualité vous inspire-t-elle dans votre démarche d›écriture ?
Je vis dans la cité et je refuse l'exil qui tue. Ma démarche d'écriture reflète une sensibilité intelligente qui s'exprime chaque fois que les valeurs sont agressées ou souillées par des comportements immoraux.
De l'écriture à la musique, des arts plastiques à la composition, vous avez également sorti un album Tidet, chez Maaktas music. Que représente cet album ?
L'écoute, l'observation et le savoir participent grandement à la réalisation d'une œuvre. Pendant plus de cinquante ans j'ai écouté des poèmes et bu des mélodies. Ma rencontre avec l'arrangeur Madjid Belamine, et grâce à son précieux concours, j'ai pu chanté mes paroles en leur composant moi-même la mélodie. C'est plus un acte de restitution qu'une construction musicale. L'effort de restituer a été presque comme une naissance à terme.

Bonnes feuillles :
L'honneur en appât
En passant devant des lieux de mémoire, j'ai entendu des voix à trois couleurs :
Le blanc qui se plaignait des taches et de la souillure qui se propageaient sur l'âme des martyrs qui ont donné leur vie pour que le passé soit blanchi et que l'avenir brille d'espoir et de gloire
Le vert dénonçait les attitudes du politique
et les excroissances malignes de l'ignorance,
parsemées sur cette terre bénie, abreuvée
du sang des meilleurs de ses enfants : Des .
lions morts pour que s'installent des loups au royaume que bordait l'honneur et la dignité…
Le rouge s'indigne, s'insurge et menace par le sang et le serment que vengeance sera accomplie, en mission divine et par un retour de flammes, d'un passé douloureux, sur cette patrie qui a offert, à ses enfants légitimes, l'amour de la liberté et le courage de combattre…
En levant la tête dans la rue, j'ai vu que l'emblème national que formaient ces trois couleurs, était placé en appât entre des portraits de candidats qui se battaient sans arme pour un autre destin… Celui que craignent et rejettent le blanc, le vert et le rouge.
Au marché des loups, participent les chiens et les chats…
Allo, élite ?
Les Martyrs trahis s'insurgent,
Contre les héritiers ingrats.
Les enfants constatent et jugent,
La liberté dans de beaux draps.
Le combat n'a plus de valeurs,
Le pain détrôna les principes.
L'idéal vit en phase mineure,
La lâcheté jouit et s'émancipe.
Les intellectuels reculent,
Craignant le retour du cauchemar.
Les pires agressions s'accumulent,
L'élite sourde refuse de voir.
Les enfants sortent de l'école,
Sans connaître la voie de l'avenir.
L'avenir confirme la thèse du dol,
Les valeurs s'apprêtent à mourir.
Elles étaient au feu, les mains nues,
Les meilleures plumes de l'honneur.
Pour les idées, elles sont venues,
Nous donner l'orgueil par le cœur.
Nos âmes trempent dans la honte,
Par le savoir de la lâcheté.
Nous devons tous rendre des comptes,
Devant l'avenir de l'humanité.
Que vaut la mort devant l'enfance,
Dans le linceul de la fierté.
Nous recherchons tous l'opulence,
Dans la poubelle des vanités.
Vivre par le ventre sans le cœur,
Détruit l'âme jusqu'à la limite.
L'élite doit garder la hauteur,
Sinon les mites signent la faillite.
Le quotidien
La saleté épousa l'audace,
Dans cette ville mère de gloire.
Le quotidien est fait de crasse,
Notre culture s'habille de noir.
Les ruelles n'offrent plus de fleurs,
Elles regorgent de détritus.
l'insécurité taxe l'odeur,
Le civisme a perdu l'usus.
I'ignorance fréquente l'orgueil,
Afin de signer le tableau.
Les guêpes ont fait fuir les abeilles,
Le silence est le meilleur mot.
La gouvernance extra muros,
S'abrite derrière les murailles.
La ville n'est pas à la noce,
La liberté devient canaille.
Les muezzins dans le désordre,
Appellent à différends modes.
La foi s'exhibe sans démordre,
La fatalité tire sur la corde.
Les mosquées carrefour de sagesse,
Font le terrain pour l'alibi.
L'esprit subit les caresses,
De la seule rigueur des habits.
L'école assiégée de poubelles,
Ne pense plus à éduquer.
Le gain a pris le dessus sur elle,
La morale s'est démarquée.
Il paraît qu'il y a une fin,
Quand le désastre atteint le fond.
Il y aura la vengeance du pain,
Et de tous les saints du tréfonds.
L'année part
Nous sommes déjà dans les tares,
Une économie sans remparts,
Une école qui gît sous la barre,
Des valeurs qui fuient de toutes parts.
Des faits qui répriment la mémoire,
Des martyrs trahis pour l'or noir,
Des femmes qui se couvrent de noir,
L'élite qui quitte le territoire.
La jeunesse vit son désespoir,
La foi qui refuse le miroir,
Les hommes plient pour manger et boire,
Le mensonge épouse l'espoir.
Les portes se ferment sans voir,
Les us s'éliment au rasoir,
Les scandales dépassent le parloir,
La justice suit les règles du soir.
L'avenir est dans l'isoloir,
La culture soutien le pouvoir,
Le système ferme la bouilloire,
La honte fait date dans l'histoire.
Tous les maux avancent pour s'asseoir,
La menace croît à en croire,
Aux alentours du territoire,
Les risquent se hissent au perchoir.
Le train peut dérailler en gare,
Tous les gens qui regardent sans voir,
Vont nous mettre dans l'entonnoir,
N'ayant ni cœur ni le savoir.
Comme chaque fin d'année au soir,
Malgré les maux, je garde l'espoir,
Je prends une feuille, un stylo noir,
Pour résister ! Et au revoir…
Moi, Président
J'irais souvent voir les martyrs,
Pour renouveler le serment,
Je dois, avant, me repentir,
Et consulter tous les enfants.
J'irais à l'école de l'histoire,
Pour éviter la trahison,
Je ferais des murs en miroir,
Pour élargir les horizons.
Je vais choisir la culture,
Pour faire une greffe à l'école,
Je surveillerais les boutures,
Afin que le savoir décolle.
Je ferais de l'art, l'ivresse
De tous les enfants en bas âge,
L'amour sera à la jeunesse,
Ce que la mer est à la plage.
Je ferais de l'enseignement,
Un rempart contre l'ignorance,
Une stratégie de questionnements
Et une banque d'intelligence.
L'Afrique pour seule destination,
Pour construire et se libérer,
Jeter les bases d'une seule nation,
Convaincre et faire adhérer.
Le paradis ou fosse commune
Sera pour nous ce continent,
Le village de la pleine lune,
Ou la misère et l'endettement.
Le combat n'a pas de tombe,
La vérité honore les hommes,
La résistance défie les bombes,
L'intelligence produit des normes.
Je signe pour engager ma vie,
Que l'avenir n'est que nous-mêmes,
Que la culture met à l'abri,
Et que tous ceux qui l'aiment, sèment.
Les éboueurs
La misère leur a donné le courage,
Pour affronter toutes les saletés.
Ils sont visibles et ils s'engagent,
Pour préserver leur dignité.
Ils ont du cœur pour nettoyer
Les actes immondes des urbains.
Ils vont partout pour balayer
Les rues, les places et les chemins.
Ils font du bruit mais on est sourd,
On ne voit même plus le danger.
La civilisation pèse lourd,
L'ignorance s'est faite partagée.
Le pain que Dieu nous a donné
Orne, sans décence, les poubelles.
La foi nous a abandonnés,
Notre chemin s'éloigne d'elle.
Pardon ! Pardon ! Chers éboueurs,
Vous êtes les seuls à mériter.
Vous êtes l'honneur de la sueur
Et nous la honte en nudité.
Le pouvoir s'occupe des fortunes,
Les écoles gardent nos enfants.
Les tas d'ordures sont à la une
Et notre orgueil affiche absent.
La foi, la culture et le reste
Baignent tous dans la propreté.
Il faut apprendre les bons gestes,
Pour être enfin habilité.
La saleté, qui vit dans nos mœurs,
Fait de nous l'exemple de la honte.
Tous les fléaux s'expriment en chœur,
Pour mieux sévir, en fin de compte.
Il faut des éboueurs partout,
Dans le système et le pouvoir.
Pour balayer puis changer tout
Et voir la propreté s'asseoir.


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