Cette rencontre devrait inclure la Turquie, l'Arabie Saoudite et peut-être le Qatar, parrains régionaux de l'opposition armée au régime de Bachar Al Assad. Les Etats-Unis et la Russie, qui ont «suspendu», début octobre, leur dialogue sur la Syrie, ont annoncé deux réunions internationales avec des puissances arabes et européennes : la première aujourd'hui à Lausanne, la seconde demain à Londres. Après Lausanne, le secrétaire d'Etat américain, J. Kerry, est attendu demain à Londres pour retrouver ses «partenaires internationaux», probablement ses homologues des puissances européennes, à savoir le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France. Un autre échec diplomatique ? De son côté, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré hier n'attendre «rien de spécial» de la rencontre d'aujourd'hui. «Je n'attends rien de spécial», a-t-il déclaré lors d'une visite à Erevan, en Arménie, disant vouloir «travailler concrètement et observer à quel point» ses «partenaires sont prêts à suivre la résolution du Conseil de sécurité». Allusion à la résolution 2254 du 18 décembre 2015 dans laquelle le Conseil de sécurité avalise les Déclarations de Vienne. Celles-ci constituent une feuille de route du Groupe international de soutien à la Syrie visant une «transition politique» avec un cessez-le-feu et des négociations entre l'opposition et le régime pour former un gouvernement de transition dans les six mois et tenir des élections dans les 18 mois. «Notre position à Lausanne sera très claire», a affirmé le ministre russe des Affaires étrangères. Et d'indiquer : «Nous allons proposer des étapes concrètes qui sont nécessaires pour respecter la résolution du Conseil de sécurité et respecter les accords russo-américains.» Ces étapes suivent une ligne tracée non pas par la Russie mais «par une décision de la communauté internationale, approuvée par le Conseil de sécurité», a rappelé S. Lavrov, soulignant que Moscou ne va «rien proposer d'autre». Les divergences entre Russes et Occidentaux sur la crise syrienne se sont encore attisées samedi dernier à l'ONU. Moscou a bloqué un texte français qui exige la cessation des bombardements sur la ville d'Alep. De leur côté, les Occidentaux ont rejeté une proposition russe. Par ailleurs, le président Vladimir Poutine a ratifié, hier, un accord entre Damas et Moscou sur le déploiement «pour une durée indéterminée» des forces aériennes russes sur l'aérodrome militaire de Hmeimim, en Syrie, a annoncé le Kremlin. Cet accord, signé le 26 août 2015, permet le déploiement permanent des forces aériennes russes sur cet aérodrome, qui sert à Moscou pour ses opérations de soutien au régime de Bachar Al Assad. Plus d'un an après le début de son intervention militaire, la Russie continue de renforcer son arsenal de guerre en Syrie pour mener des raids aériens notamment à Alep, malgré les critiques des Occidentaux qui l'accusent de participer à des «crimes de guerre». Quelque 4300 militaires russes ont été déployés en Syrie et vivent dans leur majorité sur la base aérienne de Hmeimim, près de Lattaquié, le fief de Bachar Al Assad. La base de Hmeimim a accueilli, en douze mois, des bombardiers et avions d'attaque au sol. L'armée russe a également recours à des dizaines d'hélicoptères de combat et des systèmes de défense antiaérienne S-400 y ont été déployés en novembre dernier. La Russie possède également des installations portuaires à Tartous, dans le nord-ouest de la Syrie, qu'elle va transformer d'ici peu en «base navale russe permanente», a annoncé lundi dernier le vice-ministre russe de la Défense, Nikolaï Pankov. Plusieurs tentatives de cessez-le-feu ont échoué. Un nouvel accord, celui de «la dernière chance», est annoncé le 9 septembre par la Russie et les Etats-Unis. Sous la pression des deux pays, Damas s'engage à ce qu'une trêve soit respectée à Alep. La trêve est même prolongée. Plusieurs violations du cessez-le-feu sont signalées et la trêve a fini par voler en éclats. Les Etats-Unis annoncent le 4 octobre qu'ils suspendent leurs pourparlers avec la Russie sur un cessez-le-feu en Syrie, après la destruction totale du plus grand hôpital du secteur rebelle d'Alep dans un bombardement aérien. Selon le porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest, «tout le monde est à bout de patience avec la Russie».