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Vu à la télé : L'intelligentsia algérienne face à elle-même
Publié dans El Watan le 20 - 10 - 2016

C'est paru tout récemment dans la presse dans un entrefilet : près de 80% de nos étudiants envoyés à l'étranger ne reviennent pas. Un chiffre énorme qui démontre toute la difficulté du pays à conserver son élite. Si le gouvernement algérien assure la formation de base qui est très coûteuse, il se retrouve au final complètement en déficit du potentiel intellectuel lorsque celui arrive à maturité.
Ce phénomène, qui entre dans le concept de ce qu'on appelle communément la fuite des cerveaux, ne date pas d'aujourd'hui, et a été dénoncé à maintes reprises pour les conséquences désastreuses qu'il induit sur l'économie et sur le développement de la recherche universitaire tellement indispensable à l'émancipation de la société. Même si on reconnaît dans l'absolu que c'est l'élite qui doit être aux avant-gardes du développement, que c'est elle qui est intrinsèquement prédisposée à l'idée et la réflexion pour tirer par le haut la promotion de la société, on ne fait rien, ou alors rarement, pour rendre productive cette doctrine.
Résultat : à force d'être déconsidéré, le potentiel intellectuel algérien finit progressivement par se déliter. Il semble, selon des statistiques non officielles, que c'est depuis le règne de Bouteflika que cette «désagrégation» de l'élite s'est amplifiée pour atteindre, de nos jours, les proportions les plus scandaleuses. On dit même que ce pouvoir a fait fuir trois fois plus d'Algériens vers l'étranger que ne l'a fait la terreur intégriste de la décennie noire, parmi lesquels un nombre incalculable de cadres universitaires, de médecins, d'informaticiens et d'artistes de talent qui ont trouvé leur place ailleurs, et surtout un environnement favorable à leur quête d'affranchissement et leurs besoins de reconnaissance.
Si cependant les départs massifs provoqués par le terrorisme aveugle ont eu pour origine le reflex légitime de succomber au phénomène de la peur et donc de partir, avec comme seul objectif sauver sa peau en laissant derrière soi toute une vie trempée dans ses émotions douloureuses, il reste qu'une bonne part de cette fuite des cerveaux a été volontairement programmée pour échapper à une sorte de crise existentielle où les rapports de la société avec l'élite intellectuelle restent ambigus et foncièrement portés sur l'exclusion et le déni d'expression pour cette dernière. Comment donc s'exprimer quand il y a toute une barrière rigide d'incompréhension qui empêche l'intelligence et le savoir d'être les éléments dominants dans le concert du développement scientifique et culturel.
Pour certains sociologues, qui ont l'habitude d'analyser les spécificités de la société algérienne à travers son pouvoir politique totalitaire et son intelligentsia, c'est souvent après avoir longtemps résisté au système de la marginalisation et du mépris que nombre de nos intellectuels ont fini par se désengager en choisissant l'exil pour continuer d'exister et faire fonctionner à peu près normalement leurs esprits au service de la recherche scientifique et du progrès humanitaire. Le cas de l'universitaire et économiste de renom Omar Aktouf, qui vient de signer sa résignation à ne plus s'impliquer dans les rares débats d'idées organisés en Algérie, est symptomatique de cette maltraitance culturelle infligée à notre élite qui se termine toujours par une certaine forme de renonciation.
Si comme le rapporte son confrère et ami l'économiste Youcef Bendada, «des générations d'étudiants, qui ont étudié ses écrits ou avec lui, témoignent de l'extraordinaire qualité de son enseignement, son principal ouvrage Le management entre tradition et renouvellement, qui en est à sa cinquième édition, restant le livre de référence obligatoire en la matière à HEC Montréal depuis 1989», Omar Aktouf a lui le sentiment bien ancré que des esprits comme lui sont tout bonnement voués à l'étranglement compte tenu de la politique anticompétence pratiquée à grande échelle par le pouvoir en place.
En prenant cette terrible décision de ne plus formuler des analyses sur la société algérienne, ni de continuer à lui trouver des pistes de solutions pour l'aider à s'émanciper en fonction de son humble contribution, l'auteur du testament intellectuel veut surtout attirer l'attention de l'opinion publique et des décideurs sur l'énorme gâchis du potentiel intellectuel ressenti actuellement qui ferait le bonheur de n'importe quelle société occidentale. S'agit-il d'un simple coup de gueule ou d'une position irréversible ?
En tout cas si son ami pense que Omar Aktouf mérite bien un Nobel d'économie pour l'ensemble de ses travaux, et aussi parce qu'il s'agit d'un esprit libre qui enrichit la science économique par sa vision totalement nouvelle et moderne de l'économie et du développement, c'est que la perte d'un observateur aussi avisé et aussi efficace dans ses jugements est énorme pour l'Algérie. Cela dit, l'intellectuel dans notre pays ne peut, par ailleurs, se mettre dans la peau d'une victime expiatoire quand lui-même ne fait rien pour faire sauter les verrous.
A ce titre, l'écrivain à succès Amin Zaoui a animé une intéressante conférence à El Kseur, à l'occasion de la parution de son dernier roman Un incendie au paradis, sur le rôle de l'intellectuel dans la société, insistant particulièrement sur son absence lorsqu'il ne s'agit pas carrément de démission. «Il y a, dit-il, silence ou absence de l'intervention de l'intellectuel dans la société», comme pour souligner l'inexistence d'une force intellectuelle qui agit sur le rapport de forces et qui, par conséquent, donne plus de vitalité à la vie politique, sociale ou culturelle.
Le romancier ajoute que «la société avance d'un pas saisonnier comme l'actuel intellectuel qui suit ses pas à l'occasion d'événements politiques oubliant d'autres débats sur la religion, l'environnement, l'économie…» L'image est très critique sur le dispersement de l'élite intellectuelle qui manque terriblement de convictions et d'engagement. Pour Amin Zaoui, c'est l'université algérienne comparée à une «garderie» qui en est la cause. Son constat se passe de tout commentaire : «L'université est devenue une école primaire dans le sens où elle n'est pas imprégnée d'universalité et ne participe pas aux débats de société étant renfermée sur elle-même.»


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